Nick Mulvey

Lorsque le jeune Nick Mulvey quitte le collectif post-jazz latino Portico Quartet (au sein duquel il joue du handpan), il s’éloigne de son Angleterre natale à la découverte de sonorités inhabituelles et étrangères en provenance des musiques d’autres continents. Il séjourne successivement au Brésil, au Maghreb, en Mongolie ou en Afrique du Sud, après un long séjour à Cuba dans le cadre de ses études de musicologie à l’université de La Havane puis d’ethnomusicologie lors de son retour à Londres.

First Mind est le fruit de ce périple aventureux et de toutes ces découvertes musicales, également influencé par l’expérience tirée des concerts joués en première partie de Laura Mvula, Rodrigo y Gabriella ou Lianne La Havas. C’est un album sans frontières, enrichi de rythmiques africaines et caribéennes qui lui donnent une saveur toute particulière et qui permettent d’éviter l’écueil de certains albums folk trop prévisibles, lisses et monotones. Marchant dans les pas de The Wilderness d’un certain Piers Faccini ou encore du formidable The Shepherd's Dog d’Iron & Wine pour sa capacité à agréger des influences diverses au croisement de la musique du monde et du folk, le Britannique tire le meilleur de ce métissage pour livrer un album à la fois lumineux et mélancolique. Emmené par le tube "Cucurucu", hymne folk solaire et feel good song à l’assise mélodique imparable, First Mind navigue entre ballades délicates et dépouillées, ambiances méditatives et intimistes et rythmiques percussives revigorantes. Si le sens des morceaux nous échappe parfois car le Britannique fonctionne beaucoup par métaphore, les émotions sont parfaitement retranscrites musicalement.

De la chaleur tranquille du titre éponyme qui ouvre l’album au dépouillement acoustique conclusif de "The World to Me", le Britannique nous fait voyager avec ses douces vocalises qui rappellent celles de José Gonzalez et son jeu de guitare inventif et délicat. Impossible de résister aux boucles d’accords à la structure lancinante qui émaillent les entraînantes "Fever to the Form" et "Meet Me There" ou au fingerpicking percussif et rugueux de "Juramidam". Nick Mulvey se permet également quelques fantaisies comme la reprise discrète d’un sample du hit dance des années 1990 "You’re Not Alone" ou ce "Venus" aérien doté d’un intermède acoustique un peu jazzy. Les morceaux mélancoliques où Nick Mulvey exprime son spleen à base de "humming" bien placé ne sont pas en reste avec le tremolo acoustique du très beau "April" ou la beauté délicate de "The Trellis", tout comme les titres plus contemplatifs comme "Ailsa Craig" où l’on retrouve l’inclination du Britannique pour les atmosphères méditatives avant une seconde partie de morceau plus rythmée.

Voilà un album que l’on ne se lasse pas de réécouter et qui saura égayer votre été ! Pour le reste, n'hésitez pas à jeter un coup d'oreille aux deux autres albums du Britannique dont un New Mythology plus récent. Avis aux amateurs...