
Caravan Palace
Caravan Palace
Produit par
1- Dragons / 2- Star Scat / 3- Ended With The Night / 4- Jolie Coquine / 5- Oooh / 6- Suzy / 7- Je m'amuse / 8- Violente Valse / 9- Brotherswing / 10- L'envol / 11- Sofa / 12- Bambous / 13- Lazy Place / 14- We Can Dance / 15- La Caravane


Le tagline de vente affiché sur tous les exemplaires du premier album de Caravan Palace résume très bien le concept : "Le tango a eu son Gotan Project, le swing-jazz a son Caravan Palace". Formé par trois compositeurs électro, le combo s'attache donc à moderniser un genre un peu rétro (mais éternellement classe), avec comme objectif, tel Gotan Project en son temps, de séduire les amateurs, mais surtout ceux qui n'y connaissent rien. Parce que le jazz garde une sempiternelle image de musique pour intellectuel branché, et que si l'on connaît souvent Django Rheinardt, on a quand même toujours du mal à écrire son nom sans faire de faute.
A la première écoute, Caravan Palace donne l'impression de se farcir l'intégrale d'un spectacle des Triplettes de Belleville, les glaces à la grenouille en moins, le goût électronique en plus. La référence n'est pas faite au hasard, car sans le succès populaire du dessin-animé de Sylvain Chomet, le scat n'aurait pas sa scène cinématographique de référence (c'est peut être un grand mot, d'autres exemples ?). Ceux qui ne connaissent rien au jazz font alors immédiatement le lien à l'écoute de "Jolie Coquine", premier extrait de l'album qui doit pas mal tourner dans les soirées branchées. L'improvisation à base d'onomatopées de la chanteuse Zoé Colotis est à la fois impressionnante et très réjouissante, de quoi séduire les plus réticents.
Malgré tout, Caravan Palace n'est pas le genre d'album que l'on écoute concentré, attentif uniquement à la musique, emporté par la mélodie et le rythme. Ce swing-jazz électro est de ces galettes idéales pour les soirées entre amis, offrant une ambiance festive et décontractée, tout en prouvant un goût et une réactivité musicale très appréciables. En d'autres termes, pour épater la galerie, c'est pas mal. Enfin, c'était pas mal jusqu'à fin juin, quand la vague du succès a poussé Wagram a sortir une nouvelle édition plus médiatisée, qui a rendu tout celà bien trop populaire pour pouvoir encore se la jouer "découvreur de talent" dans son coin.
Malgré tout, le disque a la grande qualité de varier les influences et les rythmiques, permettant de divertir sans lasser. Si les morceaux gais et enlevés comme l'instrumental d'ouverture "Dragons", le single "Jolie Coquine", le sympathique "Suzy", le complètement déglingué "Bambous" ou le plus électro "We can Dance" marquent à coup sûr dès la première écoute, on distingue aussi rapidement des morceaux plus touchants, où le violon prend le pas sur les bidouillages électroniques et le chant. On apprécie alors le très "sinatrien" "Endend With The Night", la douceur de "L'envol", et le langoureusement virevoltant "Lazy Place". Mais la particularité de Caravan Palace reste son goût pour l'alchimie électronique, particulièrement visible, voire un peu trop marquée, sur "Oooh" et "Je M'amuse". La multitude des genre musicaux exploités va donc de la valse ("Violente Valse") au swing (Brotherswing"), de quoi offrir une soirée pleine de surprises avec un seul album.
La qualité du premier disque de Caravan Palace tient donc à sa solide base musicale, renforcée par des arrangements très précis. Les morceaux s'enchaînent et les styles défilent, certes, ce n'est pas une musique qui envahit l'espace, mais elle en relève agréablement l'ambiance.