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Critique d'album

Cake


Fashion Nugget


(17/09/1996 - Capricorn - Indie rock - Genre : Pop Rock)
Produit par Cake

1- Frank Sinatra / 2- The Distance / 3- Friend Is a Four Letter Word / 4- Open Book / 5- Daria / 6- Race Car Ya-Yas / 7- I Will Survive / 8- Stickshifts And Safetybelts / 9- Perhaps, Perhaps, Perhaps / 10- It's Coming Down / 11- Nugget / 12- She'll Come Back To Me / 13- Italian Leather Sofa / 14- Sad Songs And Waltzes
Note de 4.5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Ah dis chérie, joue moi s'en de la Trompette. "
Maxime L, le 20/10/2022
( mots)

Ah si Vincent Candela avait choisi la version d’I Will Survive par Cake plutôt que celle d’Hermès House Band en guise d’hymne officiel, la victoire des Bleus en 1998 aurait eu autrement plus de panache (et nous aurait évité les insupportables “la..lala..la..la” beuglés à la moindre occasion sportive durent les 10 piges suivantes, au moins).
Et si la décennie 90 fût l’âge d’or du football français (les vrais, ou les vieux savent), c’est aussi une période incroyablement créative et importante musicalement (au dessus de la décennie 70 ?, le débat est (re)lancé). Avènement du grunge, explosion de la brit-pop, naissance du néo-métal (pas que pour le meilleur) et expansion de ce qu’on appelle dans des termes un peu fourre-tout : le rock alternatif et la fusion.


Et si lorsqu’on parle de fusion, on pense (à juste titre) avant tout à Faith No More ou aux Red Hot Chili Peppers, on pense assez peu à Cake, ces boys next door venus de Sacramento et qui vont proposer au milieu des années 90, une fusion qui leur est propre en mélangeant des influences moins “Européennes” que les groupes précités, et qui par conséquent n’ont pas complètement la reconnaissance qu’ils méritent, en tout cas, pas auprès de notre grand public. Satanée exception culturelle française.


La faute, en partie, à cette fantastique reprise du tube disco-ringard de Gloria Gaynor (et dont le texte est très intéressant et moderne pour l’époque), véritable bijou de nonchalance, de coolitude et d’inventivité, qui va un peu vampiriser l’image du groupe Américain. Un combo qui pâtit en plus de son image de groupe rigolo, qui use et abuse du vibraslap et des pouet-pouet, et dont la musique constitue une parfaite bande-son pour comédies des frères Farelly*.


Et il devient urgent, en 2022, de réhabiliter à la fois le groupe, mais aussi et surtout Fashion Nugget, leur deuxième album, accessoirement l’un des disques les plus enthousiasmants des années 90. Un disque qui n’est pas là pour amuser la galerie. Oui, on retrouve l’espièglerie et les facéties propres au groupe. Mais au delà de la légéreté de la reprise de Gaynor, Fashion Nugget est un vrai disque tout ce qui a de plus sérieux, par un groupe qui ne se prend pas trop au sérieux.


Le véritable tour de force sur Fashion Nugget est d’avoir réussi à doser savamment les multiples styles usités par le groupe Américain ; ce qu’on pouvait d’ailleurs reprocher à l’album précédent Motorcade of Generosity, plutôt très réussi mais qui pouvait parfois se perdre dans un “joyeux bordel” un peu désorganisé. Pas de ça ici. Sans renier la moindre de ses influences, qu’elles soient country-pop-indie-rock-funk-jazzy-rap-rockabilly-hip-hop-latino (et j’en oublie), Cake propose un disque homogène et épatant, du premier au dernier des 14 morceaux.


On va tout de même citer quelques chansons comme points de repères, comme l’inaugural "Frank Sinatra", dont les instruments qui entrent en piste à tour de rôle, semblent être autant de personnages qui défilent à l’écran : percussions très en avant, orgue bourdonnant, voix trainante…jusqu’au moment où les lumières s’éteignent pour véritablement lancer le film : l’arrivée de cette fabuleuse trompette en sourdine. Des cuivres, joués par l’excellent Vince Di Fiore, et qui sont l’une des marques de fabriques de Cake. La difficulté pour la trompette, est souvent de trouver sa juste place dans un album de musique “mainstream”. Si elle est sous-exploitée, elle ne présente pas de grand intêret gustatif, et si on en mets partout, on peut perdre les oreilles diabétiques non rompues au Jazz ou à la musique “mariachi”. Tout le mérite revient à Di Fiore d’avoir su doser très efficacement ses interventions sur chaque chanson. Et lorsque sa tromptette s’orne d’une sourdine raffinée, que ce soit sur "Frank Sinatra", "Daria"(quel refrain !) ou "The Distance", ça n’est rien de moins que la cerise sur le gateau (badum-tsss).


Arrêtons nous justement sur "The Distance", premier single de l’album (et à ma grande surprise, chanson la plus streamée du groupe**), et autre pépite irrésistible, où le flow de John McCrea est incroyablement efficace et crédible, bordé par des choeurs ultra-catchy et des riffs de guitares bien moins tarte à la crème qu’ils n’y paraissent. Un morceau d’une classe folle, avec une rage contenue mais bien réelle, faisant passer les Cake (toutes proportions gardées) pour des Suicidal Tendencies en moins gueulards et qui auraient troqués leurs bandanas pour des bobs en feutrines.


Toute la première moitié du disque est ce de ce niveau, dans une atmosphère très directe et punchy. Que ce soit “Open Book”, “Daria” ou “Race Car Ya-Yas”, on retrouve ce fantastique équilibre entre les lignes de guitares très âpres de Greg Brown, le chant nonchalant de McCrea (dont la diction est toujours parfaite et compréhensible y compris pour un non-bilingue) et le groove énorme instillé par la basse de Victor Damiani, autre grand bonhomme du disque.


C’est “I will survive” qui va marquer une petite rupture. Non pas en terme de qualité, mais plutôt en terme d’ambiance et d’approche, en proposant des compos plus “légères” dans la seconde moitié du disque. Pour ce qui est de leur version du tube de Gloria Gaynor, gageons qu’elle est en tous points parfaite : le chant volontairement désabusé de McCrea, l’humour apporté à l’ensemble (aidé en cela par les cuivres et le vibraslap), un solo de guitare sur deux notes (et qui dégage plus de prestance que toute la discographie de bien des shredders), et surtout, encore une fois, une giga ligne de basse absolument sensationnelle de la part de Damiani, qui porte le morceau à bouts de bras et qui en fait un classique parmi les classiques.
Et pour clore le chapitre reprises, on en retrouve deux supplémentaires (et qui sont, peut-être, les deux mini temps faibles du disque), “Perhaps, Perhaps, Perhaps”, revisite de “Quizas” un classique de la musique cubaine par Osvaldo Farrès, ainsi que “Sad Songs and Waltzes”, un standard country signé Willie Nelson.


Pour le reste, comment résister au groove de "Nugget" et son flow tendu (et dont un des motifs à la trompette sert de signature sonore à je ne sais plus quel jingle pub ou télévisuel)? Comment ne pas succomber au charme cartoonesque de “Stickshift and Safety Belts” qui donne envie de dévaler l’asphalte au volant d’un bolide à pédales en plein désert ? Même sur des tentatives plus “romantiques” et attendues, “She’ll come back to me”, le groupe vise juste, via des arrangements plantés quelque part dans le El Paso des années 70. Du velours. Quant à “Italian Leather Sofa” (autentica qualità), entre les harmonies vocales, les riffs rutilants et le solo de trompette absolument jouissif, difficile de ne pas en faire un des morceaux les plus feel-good de toute la Californie.


Vous l’aurez compris, Fashion Nugget est un classique sur bien des aspects. Si les albums suivants auront tous d’indéniables qualités, cela reste de l’avis général leur magnum opus. Un disque, qui outre sa jovialité et sa facilité apparente, offre son lot de vrais grands moments épiques et tout à fait enclin à intégrer la liste des albums de très haute volée sortis dans les années 90. Et si vous avez la chance de ne connaitre que “I Will Survive”, ruez vous sur l’écoute des 13 autres morceaux, je vous garantis que vous en reprendrez une tranche supplémentaire sans jamais frôler l’indigestion.


 


À écouter : "The Distance", "Daria", "Italian Leather Sofa".


 


*ce qui est le cas, “Hem Of Your Garment” sur l’album suivant, Prolonging the Magic, étant - très bien- utilisé dans leur film “Fous d’Irène”.


**159 millions sur Spotify, au 19 octobre 2022.

Commentaires
Paulo, le 21/10/2022 à 22:31
Cette chronique me fait énormément plaisir pour cet album génial des années 90. Mon seul problème, c'est que je ne sais pas mettre une bonne note ????