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Critique d'album

Bloodrock


Bloodrock 3


(00/04/1971 - Capitol - Hard Rock / Progressif - Genre : Rock)
Produit par Terry Knight

1- Jessica / 2- Whiskey Vengeance / 3- Song for a Brother / 4- You Gotta Roll / 5- Breach of Lease / 6- Kool-aid-kids / 7- A certain kind / 8- America, America
Note de 3.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Uriah Heep sauce texane"
François, le 09/03/2023
( mots)

Il est vraiment regrettable que la grande histoire du rock ait oublié l’existence de Bloodrock tant ce groupe texan est une figure originale de la scène américaine du début des années 1970. Non que sa musique soit particulièrement hors du commun, mais son orientation hard-rock, un genre assez peu développé sur place, et surtout son développement d’une esthétique très proche de son homologue britannique, en font une curiosité savoureuse.


En 1971, Bloodrock dispose déjà de deux albums dont la réception fut plus qu’honorable, et le groupe peut se satisfaire du petit succès obtenu par leur titre "D.O.A." qui leur donne une exposition nationale. Bloodrock 3 s’inscrit donc dans une suite numérique et musicale prometteuse ; il compte d’ailleurs tabler sur l’esthétique portée par ces œuvres initiales, quitte à pousser un peu plus la dimension progressive.


En effet, à plusieurs reprises, le groupe semble s’inspirer des trois premiers albums d’Uriah Heep avec encore plus d’insistance que sur les deux volumes précédents : "Whiskey Vengeance" et plus encore les couplets gorgés d’orgues du légèrement jazzy de "Song for a Brother", le plus anecdotique mais très progressif "Kool-Aid-Kids" où la touche américaine rencontre les arrangements typés UK. Même l’excellent "Jessica" est dans cette veine, malgré ses sonorités très américaines et l’esprit des Allman Brothers, par l’association des claviers et des guitares qui sonne comme du Heavy à l’anglaise, et les développements instrumentaux qui se rapprochent du Heavy-prog’. Seul le rock endiablé "You Gotta Roll", la courte pièce folk "America, America" et "A Certain Kind", un slow mélancolique au solo de saxophone jazzy, se détachent de cette colonne vertébrale Heavy-prog’, mais ils sont hélas sans grand intérêt.


De toute façon, inutile de passer par quatre chemins : Bloodrock 3 vaut surtout la peine pour son long titre de presque dix minutes, l’épopée Heavy-prog’ "Breach of Lease". Pour tout vous dire, j’ai découvert le groupe avec ce titre, immédiatement envoûté par les lignes de basses, la batterie tamisée et les traits de guitare éparpillés … Accompagné par l’atmosphère éthérée construite par les claviers, le chant habité laisse à peine imaginer la montée en puissance Heavy époustouflante et inattendue, d’une intensité sonore difficilement égalée à l’époque. Ce coup de génie mérite à lui seul une plongée dans les profondeurs de cette œuvre obscure.  


À l’avant-garde du hard-rock étatsunien au début des années 1970, Bloodrock fait évoluer sa musique vers des contrées plus heavy-progressives avec Bloodrock 3, avant de se retrouver, dès 1972, parmi les premiers groupes purement progressifs du pays et ce grâce à ses deux derniers albums plutôt réussis. Le groupe a toujours un coup d’avance, sûrement parce qu’il est très influencé par le Royaume-Uni qui avait donné les directions esthétiques à suivre pour l’ensemble de la décennie. Voilà de quoi justifier une redécouverte.


À écouter : "Breach of Lease", "Jessica"

Commentaires
DjangoNero, le 10/03/2023 à 10:43
Belle chronique et cool de réhabiliter ce groupe. La scène américaine dans ce style de musique n'est pas à négliger. Des noms comme Alamo, Bullangus, Leviathan, SRC, Micah me viennent immédiatement à l'esprit.