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Bikini Machine
Daily Music Cookin' with Bikini Machine
Produit par
1- It's all up / 2- Le jerk du gastronome / 3- Shake / 4- Let's grab / 5- La pharmacie anglaise / 6- Downtown Jail / 7- Cougar / 8- Summert kingdom / 9- Optimic breakdown / 10- Voodoo


Grand dilemne du rock français depuis des années, la question du chanter tricolore ou de trahir Molière pour la perfide Albion. La langue anglaise a cette capacité à faire passer des inepties pour des chefs d'oeuvres, voyant là un moyen d'éviter qu'on se foutte d'eux, pas mal d'artistes français oublient leur langue maternelle au moment de prendre le micro. Si Indochine avait décidé de chanter en anglais, personne n'aurait eu l'idée de critiquer leurs inepties, l'inverse est vraie, imaginons un Paul McCartney déblatterer ses anneries en France, il aurait tôt fait de se retrouver en première partie de Sheila... Daily Music Cookin' ne s'est pas décidé et alterne français/anglais sans que personne n'y trouve rien à dire tant cela semble naturel. Les Bikini Machine semblent être autant attachés à la scène française des années soixante qu'à la musique black américaine, un melting-pot pas si improbable que ça entre Gainsbourg et Hendrix."Faire du vieux avec du neuf", ce credo qu'ils s'imposent ne signifie pas simplement s'adonner à l'exercice de la reprise décalée comme peut le faire avec succès Nouvelle Vague, mais bien de créer un son vintage à eux, fruit de leurs seuls trouvailles. Un bébé né du mariage entre sous-culture américaine et nostalgie de la chanson française, une naissance qu'aurait supervisée la fée electro, histoire que le petit commence sa carrière sous les meilleures hospices. Bikini Machine simple adepte d'une mode rétro qui se manifeste à coups de Strokes et de jeans cigarettes ? Impossible à dire mais l'amusement semble sincère et puis un groupe qui tire son nom d'un navet des 60's "Doctor Goldfoot and the Bikini Machine" ne peut pas être foncièrement mauvais.
Daily Music Cookin' s'ouvre avec "It's all up" et un faux air de Beck dans la voix, mais l'ambiance jazzy qui s'était installée retombe aussi vite, résultat on s'emmerde en attendant la chanson suivante, pas de bon augure pour un premier titre. Ca bouge bien mais finalement sonne un peu creux, et si la bonne volonté est bien présente on ne peut s'empêcher de penser qu'il manque à ce titre un petit quelque chose de plus pour vraiment accrocher l'oreille. A l'écoute de l'album on s'apercoit que cette reflexion vaut pour une bonne partie des chansons, aucune n'est particulièrement ratée et Daily Music Cookin' est plutôt un bon album, mais plusieurs titres ne tiennent pas toutes leurs promesses. "Let's grab" par exemple lasse très vite malgré un bon départ et ce n'est pas les effets electro superflus qui changeront la donne, "Summer Kingdown" n'a meme pas ces premières notes encourageantes, "Voodoo" a tout d'un jingle pub et devient vite horripilante... Si on s'arrête à cette énumération de morceaux baclés, Daily Music Cookin' peut sembler bien vide. Et pourtant des titres comme "Shake", "Downtown Jail" ou "Optimistic Breakdown" sont diablement efficaces, ils touchent au but tout de suite et différence avec les déceptions situés plus haut, ils ne lassent pas au beau milieu, où après une minute on a déjà compris qu'on avait plus rien à attendre. "La pharmacie anglaise" aurait pu être chantée par Dutronc, personne n'aurait trouvé à y redire, le son 60's y est plus présent que sur le reste de l'album et on ne s'étonne pas que les Inrocks l'ait placé sur leur compilation de l'année.
Daily Music Cookin' est une déception, on passe un agréable moment, conscient d'écouter des musiciens de talents qui ont une idée précise de ce qu'est leur musique. Mais hélas on n'accroche finalement pas à l'objet, la musique glisse sur nous et si on ne lui trouve aucun défault majeur, on ne lui trouve rien non plus qui donne envie de la retenir. Apparemment les Bikini Machine carburent sur scène, on n'en doute pas, mais ici ils n'ont pas convaincus et pourtant on était prêt à les aimer. Une déception des deux cotés, car je suis convaincu que cet album est bon, mais après plusieurs écoutes je n'arrive pas à dire quoi, quelque chose m'a échappé, peut-être que vous arriverez à aimer.