Biglietto Per L'Inferno
Biglietto Per L'Inferno
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1- Ansia / 2- Confessione / 3- Una strana regina / 4- Il nevare / 5- L'amico suicida / 6- Bonustrack: Confessione - Strumentale
Si l’Italie a été grandement influencée par le rock progressif anglais, on y trouve un peu moins d’échos au hard-rock à orgues ou au Heavy prog’ contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou le Danemark. Un peu moins certes, mais cela ne signifie pas une absence de ce type de musique car en l’occurrence, Biglietto per L’Inferno, l’un des fleurons de la scène progressive italienne, s’est parfaitement approprié cette esthétique sur son unique album (des 70's)
Originaire de Lecco, ville lombarde située au nord du Milan, le combo voit le jour en 1972 et comme souvent, il est composé de musiciens auparavant actifs depuis la fin des années 1960 dans des formations obscures, sacerdoce nécessaire pour aboutir à un groupe enfin capable de tourner et d’enregistrer un album. L’originalité de Biglietto per L’Inferno réside dans sa formation nombreuse, riche de six membres dont deux claviéristes qui participent grandement à la tournure Heavy-prog’ de la musique proposée.
Ainsi, "Confessione" s’impose comme un bel exercice d’Heavy-prog’ proche de ce qui se faisait au début de la décennie et donc d’Uriah Heep (ainsi que de Jethro Tull, la flûte aérienne aidant), même si le chant en langue vernaculaire maintient la couleur italienne. Plus efficace, "Il nevare" poursuit cette voie de façon plus lancinante. En outre, Biglietto per L’Inferno s’inscrit pleinement dans le rock progressif symphonique plus classique, qui domine "Une strana regina" malgré la persistance de quelques passages saturés, avec des ondes cameliennes qu’on retrouve dans les sonorités de claviers plus modernes d’"Ansia", une ballade arpégée mélangeant les influences classiques (flute et claviers) au registre électrique. Plus encore, la suite de treize minutes "L’amico suicida" dévoile au grand jour les ambitions du groupe. Il s’agit d’un titre contrasté aux sonorités certes datées, qui met en musique une folie lunaire, avec des imbrications complexes de passages parfois brutaux et Heavy (dans l’alliance impressionnante des claviers et de la flûte), d’envolées oniriques et lumineuses, et même d’intermèdes expérimentaux. C’est surtout cette pièce, très réussie, qui explique la présence de l’opus dans toute anthologie du rock progressif italien qui se respecte.
Biglietto per L’Inferno est le cinquième album publié par le petit label italien Trident, fondé en 1973, qui avait déjà intégré The Trip et Semiramis dans son écurie. Malgré ces noms prestigieux, le choix ne s’avéra pas pertinent : alors qu’un deuxième album est presque fini, Trident met la clef sous la porte en 1975, ce qui met un terme à la carrière du groupe. Ce nouvel opus sera déterré pour voir le jour en 1992, tandis que le combo se reformera en 2008.
À écouter : "Confessione", "L’amico suicida"