A l'occasion de la sortie de Oh No leur second album, les américains de OK Go sont en promotion dans la capitale. C'est attablé à une table de jardin et par un après-midi ensoleillé dans les locaux d'EMI au centre du XVIIIème, que je rencontre Damian Kulash le chanteur et Tim Nordwind le Bassiste du quatuor de Chicago, deux américains aux faux airs anglais et habillés dans des smokings impeccables. Dans une ambiance très décontractée, rencontre avec deux rockeurs décomplexés.

par Louis

Damian Kulash: Salut Machine. (Il tapote sur l'enregistreur)

AR: C'est mon premier interview en anglais.
Dam: Vraiment ? Bon alors on va essayer de parler lentement.

AR: Vous êtes de Chicago, vous avez un accent là-bas ?
Dam: Oui mais nous on parle normalement. Exemple Tim dis quelque chose normalement.
Tim Nordwind: "Ey Damian Comment ca va ?"
Dam: "Ey Damian Comment ca va ?" (Accent)
Tim: "Tu penses que cet interview va durer plus d'une heure ?"
Dam: "Tu penses que cet interview va durer plus d'une heure ?" (Accent + rires)

AR: Un accent magnifique.
Dam: Non clairement pas.

AR: En amérique on se fout de votre geule à cause de cet accent ?
Dam: En fait on a pas d'accent normalement, bon en fait si Tim en a un il dit "Fire" bizaremment (Accent)
Tim: Je dit Asshole aussi. (Accent)
Dam: Moi je dis "Asshole" plutôt...
Tim: "Asshole"
Dam: "Asshole". Mais si tu trouves un type de Chicago lui il te dira "Asshole" (Accent énorme)

AR: C'est un accent de bouseux quoi.
Dam: Et bien ca c'est surtout les mecs de Boston.

AR: Je posais la question parce que Chicago est prêt du Canada, de Quebec et là j'étais sur de pas vous comprendre au niveau accent.
Tim: L'accent canadien est immonde, et je comprends que le monde entier les detestent.

AR: A vrai dire les Canadiens sont comme les Belges pour les Français, on les hait ici vous savez.
Dam: Vous detestez les anglais aussi non ?
Tim: Vous aimez qui au juste ?

AR: On est français, on se suffit à nous memes.
Dam: C'est fou ça, j'adore la prétention des Français, c'est ce que je préfère chez vous. Je pense vraiment que la relation des francais à la prétention est saine.

AR: Les américains vous êtes pas mal non plus, mais peut-être qu'on est meilleur effectivement.
Dam: Vous êtes définitivement meilleurs. (rires)

AR: Première fois que vous venez en France ?
Dam: J'ai passé du temps ici pour voyager, et le groupe est venu une ou deux fois je sais plus?
Tim: Une fois.
Dam: Non deux fois, on était venu pour un truc de radio une fois rappelles toi. On aimerait venir plus souvent pour voir ces Francais qu'on aime tant.

AR: Avec la promo, vous avez assez de temps pour visiter Paris ?
Dam: Pas dans la journée, on a vu la Tour Eiffel avec son phare la nuit, c'est très bizarre ça d'ailleurs. On a vu aussi le Sacré Com, Sacré Cops...

AR: Le Sacré Coeur.
Dam: La bouffe y est bonne (rires). On est aussi allé vers Bastille.

AR: Un des quartiers les plus rock de la capitale avec pas mal de pubs et de petites salles de concerts.
Dam: C'est ce qu'on recherchait ca tombait bien.

AR: Quand on va sur votre site, une des premières choses qui saute aux yeux c'est votre relation avec les fans.
Dam: Tim a une relation intense avec les fans, vous savez. (rires)
Tim: Il parle des fans ou des «frenchs» ? Désolé j'avais compris "vos relations avec les Français", je comprenais pas.
Dam: Oui c'est vrai, on essaye de voir notre groupe comme... Ca sonne un peu prétentieux mais on est en France alors ca va (rires).... On essaye de faire en sorte que les gens puissent se servir de notre site pour montrer ce qu'ils savent faire. On fait de la musique, des clips, on fait ce que tout les groupes sont obligés de faire. Mais avec notre clip on a cherché à inspirer les gens pour qu'autour d'un thème commun ils créent quelque chose. On a organisé un concours de vidéo de danse, on a recu des centaines et des centaines de vidéos où les fans refont notre danse à leur sauce. C'est sympa car ça permet pour cette communité de fans de voir ce qu'est vraiment le groupe, qui se cache derrière.

AR: On voit rarement une telle interaction entre un groupe et ses fans, vous êtes problament les seuls à faire ça, bravo.
Tim: Merci, ca nous tient à coeur.

AR: En tant qu'artistes et amateurs de musiques, vous pensez quoi du téléchargement ?
Tim: Je suis ok avec ca, pour un groupe qui commence ca aide beaucoup d'avoir sa musique disponible sur Internet gratuitement. Ca permet de se faire un nom... Damian aide moi. (rires)
Dam: C'est une question compliquée. Les groupes doivent avoir un moyen de gagner de l'argent pour vivre, mais le fait est que si les gens peuvent avoir de la musique gratuite alors la musique sera gratuite. C'est une situation délicate, si personne n'achètent les CD, d'où viendra l'argent ? Mais en meme temps on est heureux que notre musique circule sur Internet.

AR: Le meilleur moyen de se faire connaitre.
Dam: Vous esperez que les gens après contribueront à faire connaitre votre musique en achetant les albums ou en les téléchargeant legalement.

AR: Par exemple j'ai téléchargé votre premier album, je n'avais pas envie de dépenser 20 euros pour un groupe que je ne connaissais pas.
Tim: Maintenant tu nous connais, tu as 20 euros sur toi ? (rires) On a le premier album sur nous, ça tombe bien...
Dam: Il doit y avoir un équilibre entre la musique que tu télécharges et celle pour laquelle tu payes. Avoir un systeme qui aiderait la musique des petits groupes et où tout le monde trouverait son compte. Tout les musiciens veulent que leurs musiques soient entendus, je suis content que dans le monde entier les gens gravent notre musique du moment qu'ils vont aux concerts ou achetent des T-shirts, de facon à ce qu'on puisse continuer à faire de la musique. Si on avez voulu se faire des millions, on serait pas dans un groupe de Rock mais Banquiers. On fait pas des concerts pour le Cash mais il faut bien que quelqu'un paye les factures c'est tout. (rires)

AR: On peut parler de vos clips ?
Tim et Dam: Non (rires)
Bon allez vas-y.

AR: L'engouement autour de vos vidéos est vraiment fou.
Dam: C'est pas faux, dans la rue Tim s'est fait arreter par une fille aux yeux bleus: (prenant une voix de fille retardée:) "Oh tu es le gars dans le clip de danse, c'est merveilleux" (rires) Oui les filles nous adorent quand on fait notre cirque.

AR: Hier soir j'ai vu la vidéo de gens faisant du patins à glace avec votre choérgraphie lors d'une compétition officielle.
Tim: Je l'ai vu aussi c'est étonnant.
Dam: Content que tu ai aimé la vidéo, ils sont canadiens et je sais que tu les detestes.

AR: Comme quoi il y en a des biens. (rires) Comment faire pour avoir l'air aussi que Sexy que vous dans vos clips. Vous me donneriez des conseils ?
Dam: Dans nos vidéos ou en général ? (rires) Eh bien... (me scrute des pieds à la tête)

AR: C'est le site qui veut savoir ca, les visiteurs veulent savoir. (rires)
Tim: D'abord je dirais avant tout qu'il faut que tu t'étires. Car dans la douleur tu ne seras pas du tout sexy. (rires, oui on rigole beaucoup)
Dam: Tu dois savoir quelle est ta relation avec tes cheveux et le lavage. Beaucoup de gens pensent que tu ne dois pas te laver les cheveux pour avoir l'air mignon.
Tim: J'ai été énervé par cette manie des cheveux, j'ai donc décidé de ne plus en avoir du tout. (rires)
Dam: Tim a décidé de ne pas avoir sa période cheveux longs, c'est un bel engagement.

AR: Première fois que je vous ai vu dans "A Million Ways", j'ai tout de suite pensé à Christopher Walken dans "Weapon of Choice", vous vous êtes inspirés de Spike Jonze ?
Dam: J'ai adoré cette vidéo, mais je dirais pas qu'on s'en est particulièrement inspirés. Notre clip croyait le ou non est une erreur, on voulait juste s'entrainer pour danser pendant les concerts.

AR: Le gros de votre succès vient de vos vidéos, vous avez peur à l'idée que les gens vous voient uniquement comme un Boys Band et en oublient votre musique ?
Dam: On ne pense pas à ça en ce moment, on ne se demande pas pourquoi on a fait ces vidéos en se maudissant de les avoir faites. Tout ce qui peut faire que les gens écoutent notre musique est bien. Que les gens aiment nos clips ne veut pas dire qu'ils ne fassent pas attention à nos chansons. La première impression de tout le monde est "ouah super clip" et ensuite on espère qu'ils se disent "Hey c'est une bonne chanson", vraiment je ne m'inquiète pas. On a passé beaucoup de temps à se demander ce que les gens pensaient de nous, c'est chiant, maintenant on fait les chansons qu'on veut faire.

AR: Lors de vos concerts on vous voit danser, bouger, ca change de certains concerts où il ne se passe rien sur scène.
Dam: En fait c'est juste amusant, amusant pour nous et le public. La musique offre beaucoup d'émotions, elle en communique plus que n'importe quels autres médias. Alors evidemment ca peut paraitre limité de juste vouloir passé un bon moment, de faire un truc marrant mais...
Tim: On veut que nos concerts gardent cet esprit de fête.

AR: En parlant de votre dernier album "Oh No" vous avez dit qu'il sonnait plus rock et moins power-pop que le premier. Vous avez voulu vous débarasser de ce style pop dans lequel on vous avait catalogué ?
Dam: Durant la production on voulait enregistrer un album qui serait moins paillette que le premier, on a pris plus de temps pour écrire les chansons, il est peut etre moins "surproduit" que pouvait l'être "OK GO". C'est un peu moins poppy, de la basse et des percussions...
Tim: Je trouve cet album vraiment dansant, plus groovy. La production a été plus sage que pour notre premier album, moins foufou.

AR: "Oh No" a été produit en Suède avec Tore Johanssen, le producteur du premier Franz Ferdinand. Pourquoi vouliez-vous travailler avec lui ?
Tim: On était vraiment fans de Tore, on aimait ce qu'il avait fait avec les albums des Cardigans comme par exemple "First Band on the Moon". Si tu prends le premier Franz Ferdinand, on a l'impression que c'est comme si il était capable de capturer ce qui fait l'essence d'un groupe, on voulait vraiment faire un album qui puisse transmettre notre énergie sur scène, et ça Tore l'a compris et a su comment faire pour la communiquer le mieux possible à travers le CD.
Dam: Tore a fait un super job, il nous a beaucoup aidés et nous a permis de vraiment nous concentrer sur les chansons.

AR: Des groupes vous ont particulièrement influencés ? Je pense à Bowie ou aux Pixies ?
Dam: Effectivement ils ont étés très importants, Prince aussi...
Tim: T-Rex, Fugazi, la scène punk de Washington DC... En fait tout les groupes rock des années 80 et 90 avec lesquels on a grandi. On est des grands fans de Daft Punk aussi.

AR: Le dernier aussi ? Sérieusement par rapport au premier...
Dam: T'aimes pas Discovery (deuxième album de Daft Punk) ? Cet album est fantastique !

AR: Recemment vous jouez au Batofar, vous avez pensé quoi de l'endroit ?
Tim: Le Bateau ? C'était vraiment cool, parceque "When you are rocking, you really rocking." (Désolé chers lecteurs mais traduit, ce jeu de mot perd tout son charme...)
Dam: C'est vraiment Punk-Rock. C'est un lieu qui a une vraie identitée Rock. On a joué dans plein de petites salles comme ca lors de nos tournées aux Etats-Unis, même si maintenant on est un peu plus important là-bas donc la taille des salles change. Mais on a vraiment tout fait comme salles. Je préfère ce genre de petites salles authentiques plutôt que de jouer dans un Stade. Même si il est vrai que jouer devant cent-mille personnes doit procurer l'impression d'être un dieu du Rock. (rires)
Tim: La dernière fois qu'on a joué dans une petite salle comme ca, c'était en Angleterre dans un petit club rock. Et à mon avis c'était des toilettes publiques transformés pour l'occasion en salle de concerts. (rires) Il n'y avait pas de sécurité et c'était vraiment très chaud.

AR: Justement c'est la prochaine question. Lors des concerts quand vous êtes entourés d'une dizaine de filles excitées c'est pas un petit peu dangereux de danser comme vous le faites ?
Tim: Oui il y a un danger, un danger réel.
Dam: Tu sais bien-sûr que c'est dangereux mais on doit prendre des risques, on se doit d'etre courageux... (rire)

AR: Dans tout les groupes rock, les groupies ont un chouchou, un mec plus sexy que les autres. Chez vous c'est qui ?
Dam: Le plus chaud ? Je dirais que Dan (le batteur) a le plus de succès. Mais on a arreté d'avoir des relations sexuelles avec les fans, on fait une pause maintenant.

AR: Rien essayé au Batofar ?
Dam: Sérieusement je crois pas qu'il y ait assez de place là-bas pour baiser dans un coin. Tu as déjà essayé ? (rires)
Tim: Je suis sur que avec tes groupies tu as des relations sexuelles. (rires et pour les groupies éventuelles, contactez AR qui fera suivre...)

AR: Pendant les élections américaines de 2004, vous avez pris position contre Bush, pourquoi cet engagement ?
Dam: Je ne suis clairement pas un fan de Bush, pas un fan de son gouvernement. Tout le monde a des responsabilités en politique, la France a amené il y a quelques années le principe de la démocratie dans notre pays. Tout le monde a le droit de vote, tout le monde a une voix, et des gens n'utilisent pas cette voix. Je pense que Bush fait vraiment du mal à notre pays, et c'est notre devoir, non le devoir de tout le monde de faire entendre leurs voix quand ils pensent que ca ne va pas. Ce qui me surprend le plus c'est le nombre d'artistes qui ne le font pas parcequ'ils ont peur de comment ça va influencer leurs ventes de disques. C'est irresponsable, être artiste ca signifie quelquechose, ce n'est pas juste dire des trucs marrants. Vous croyez à des valeurs et vous ne le dites pas parceque vous avez peur de dire des paroles qui signifient vraiment quelquechose d'important. Vraiment ca me dépasse.

AR: Oui mais vous n'êtes pas qu'une simple voix, vous êtes aussi un peu celle des jeunes américains qui vous écoutent non ?
Dam: Ils ont leurs propres opinions, je ne fais de lavage de cerveaux à personne. Avec ce qu'on fait on essaye de créer une ambiance pour que les gens se posent des questions, ouvrent les yeux. Le but n'est pas qu'ils partagent mes opinions politiques, bon en fait je les tue si ils le font pas mais... (rires) Au départ quand j'écoutais de la musique je me rendais pas compte qu'ils parlaient de politique et je m'en foutais. C'est en arrivant à Washington que je me suis rendu compte que des gens communiquaient des idées tout en faisant vraiment un bon truc musicalement. J'étais fasciné...

AR: Vous avez acheté des CD dernièrement ?
Dam: Le dernier Outkast, Idlewild. Je suis vraiment fan d'eux depuis leur dernier album.
Tim: J'ai le dernier Justin Timberlake, j'en suis fan. Il bosse avec Timbaland maintenant, ca va être pas mal... D'ailleurs il a déclaré qu'il voulait faire un CD rock bientôt, pourquoi on ferait pas un CD soul ? (rires)

AR: Bon merci beaucoup, va falloir que j'arrete parceque ca presse derrière pour les interviews.
Tim: C'est pas grave, on est plus qu'eux, t'as un couteau ? On peut les envoyer chier. (rires)

AR: Un petit mot en francais ?
Dam: Pamplemousse est mon mot préféré dans toutes les langues vraiment
Tim: J'adore dire aux gens, "vous êtes très très chic", et "tout de suite" "tout de suite". Et surtout "Oulalala ca sent" (rires)

AR: Désolé Pamplemousse est mon préféré... Merci beaucoup.
Dam: Merci à toi.