18 h dans les coulisses de l'Olympic à Nantes. Ca fait des années que j'ai leur premier cd, que j'ai pu les voir en concert. Leur deuxième cd tire parti des changements de formation sans perdre l'esprit d'Orange Blossom, mais PJ Chabot leur violoniste qu'en pense-t-il ?


AR : Je vous vois en première partie de Nosfell. Lui est arrivé il y a peu de temps et on en a entendu parler assez vite. Vous, vous êtes là depuis un bon moment. Quelles sont vos impressions par rapport à ça ?

PJ Chabot : Bon déjà, la soirée se passe pas du tout comme ça! C'est Nosfell qui fait la première partie! (rires) Non, en fait, la soirée se passe pas comme ça, c'est un plateau. Y'a des raisons techniques qui font qu'on joue après. C'est un gros tourneur, forcément plus de dates... Y'a des groupes qu'avancent vite et d'autres différement. Nous, on a quand même un côté vachement underground, on a pas envie de devenir stars, c'est surtout pas notre but. Le but, c'est de faire de la musique, d'en vivre et de la diffuser, tout simplement.

AR : Et aujourd'hui, vous réussissez à en vivre justement ?

PJ Chabot : Ouais, ça va. On vivote. On est loin d'être millionaires ! C'est pas le but non plus!

AR : Assez pour avoir la possibilité de continuer, de prendre le temps de faire des albums ?

PJ Chabot : Oui voilà. On est vraiment structurés que depuis très peu de temps. Avant, on était chez un petit label nantais qui n'avait pas beaucoup de moyen, pas de promo rien, une petite asso qui nous faisait tourner, donc c'était un peu "à l'arrache". Quant t'as pas de moyens, tu fais ce que tu peux et puis si tu t'accroches, tu y'arrives. Maintenant, on est passé chez un tourneur un tout petit plus gros, on a un label, un éditeur, de la promo, un distributeur... Ca change tout, c'est ça qui fait la différence.

AR : Au niveau commercial, aucun doute. Et au niveau artistique ?

PJ Chabot : Ca nous permet d'avoir les moyens de faire ce qu'on veut. C'est ça le but. C'est pas de gagner de l'argent, c'est d'avoir les moyens de faire ce que tu veux. Parce que plus t'es structuré, plus tu as de promos, plus tu vends, plus tu t'es connu, plus tu passes dans des salles où t'as les moyens techniques de faire ce qu tu veux, tout simplement.

AR : J'ai lu à propos de la partie concert qu'il vous semblait important d'avoir une ambiance lumineuse adaptée, un spectacle et pas que de la musique. Aujourd'hui vous y êtes arrivé ?

PJ Chabot : Avant tout ce qui nous fait vibrer, c'est pas de faire des disques. C'est normal de faire des disques, on aime ça mais c'est d'abord la scène qui nous intéresse. Maintenant, on ne fait pas un spectacle. On est pas en train de monter un spectacle. On a nos lumières, on en a besoin, on aime bien délirer avec mais sur scène, rien n'est calé, on calcule pas nos pas, on calcule pas nos gestes. C'est du pur feeling, c'est de l'émotion qui passe. Il n'y a pas de spectacle à part entière. On fait un concert tout simplement. Nous, c'est ce qui nous motive le plus.


AR : Si recherche il y a ça se limite donc au lumières, pas de décors ?

PJ Chabot : Oui, mais ça ne veut pas dire qu'on en fera pas dans le futur...

AR : Toujours concernant ce qui tourne autour de la musique, au niveau des pochettes d'album, vous êtes aussi du genre regardant ?

PJ Chabot : On commence à s'intéresser sérieusement à tout un univers visuel. Là, on est en train de bosser sur le site, on est un peu à la bourre. On est à la bourre sur plein d'trucs! (rires) On est des gros bordéliques en fait! La pochette, ça s'est fait assez rapidement en fait. On a trouvé un beau livre de femmes d'afrique au siècle dernier. Ca s'est fait comme ça. On trouvait la photo belle. On l'a mise dessus.

AR : Sur un coup de coeur, comme la musique ?

PJ Chabot : Oui voilà, c'est comme ça. Ca fonctionne sur coup de coeur. Rien n'est calculé. Tout est travaillé mais rien n'est calculé.

AR : Sur ce second album, on garde le mélange électro-analogique. Ceci dit, j'ai l'impression que vous êtes aller plus loin dans les intruments acoustiques. Est-ce que je me trompe ?

PJ Chabot : On a travaillé comme on l'a toujours fait, c'est-à-dire une base électronique avec des instruments. On part du principe qu'il n'y a plus d'histoire d'analogique ou pas. Les machines cont là parce qu'on aime ça. Elles supportent l'acoustique. Et l'acoustique est là pour -comment dire- faire vivre les machines. Après, on essaie de trouver la bonne alchimie. Maintenant, quand tu me parles d'analogique, evidemment y'en a. C'est un album qu'est fait comme ça. Peut être que le prochain sera complètement différent.

AR : Est-ce qu'un jour, avec Orange Blossom ou avec autre chose, vous envisageriez de pousser plus le coté origines acoustiques ?

PJ Chabot : Le coté ethnique ?

AR : Ca et aussi les instrus sans machine ?

PJ Chabot : Non, pour le moment non. Ca pourra nous arriver, ça nous est déjà arrivé de faire des morceaux quasiment sans machines. Mais pour l'instant, on aime bien bosser avec. C'est bien les machines! (rires) Oui, pourquoi pas. Tu me poses des questions sur l'avenir là. Je sais pas. On va rentrer bientôt en phase de compo. On va voir ce qu'on aura envie de faire. Tu verras dans le spectacle ce soir, à un moment il a des machines et des percus, et les machines vont disparaître. Il n'y aura plus que les percus.

AR : Ca vous est donc déjà arrivé de faire des moceaux essentiellement acoustiques. Que sont-ils devenus ?

PJ Chabot : Ca été recalé. Il y'avait un morceau qu'on a fait où il faudrait un joueur de tabla. On peut pas être à cinquante sur scène, c'est ça le problème. Si on devait faire tout acoustique, faudrait qu'on soit soixante à soixante-dis sur le plateau. On a pas les moyens, on s'appelle pas Tri-yan, on s'paye pas l'ONPL! (rires). Faire venir un mec qui joue du tabla pour un morceau, c'est une place de plus dans le camion, on doit se faire payer plus cher... Donc desfois les machines sont là parce que c'est de la vraie programmation et d'autres fois, elles sont aussi là pour limiter le nombre de musicien. Aussi.

AR : Bon, j'imagine qu'on vous a beaucoup parlé du long moment qui s'est passé entre vos deux albums... (confirmation de sa part) Ca a donné quoi en bref ?

PJ Chabot : Donc, je vais pas te faire un historique. Sans rentrer dans les détails, quand JC est parti, nous, avec Carlos, en fait on a jamais splitté. On es resté ensemble. On est parti en Egypte et on a fait des tournées là-bas tous les deux avec des musiciens du Caire, avec le chanteur de Ganoub. Et puis, on a travaillé, on a fait deux-trois projets à gauche à droite. On a bossé, bossé... On a rencontré Leila. Elle avait jamais chanté en groupe avant. C'est un métier ça s'apprend! On avait dix ans de métier derrière nous. Elle débarquait donc le temps de se mettre en place... Et puis y'a beaucoup d'intervenants sur l'album. Des cuivres, des cordes, deux guitaristes, des timbalaises... Si tu voyais le nombre d'intervenants qu'il y a! Ca prend un temps fou. En studio, on avait pas les moyens de se payer des mecs super au top qui prennent 500 balles de l'heure. On a travaillé avec des mecs qui sont très bons mais qui prennent plus de temps. On a mis énormément de temps à l'enregistrement de l'album, énormément. On a essayé plein de choses et on en a viré pas mal aussi.

AR : Et au final, plutôt satisfait de ce passage, de tout ce qui a été vécu ?

PJ Chabot : Bien sûr. Je pense qu'aucun artiste est complètement satisfait de son album. Il y a toujours des choses qui vont pas mais tu te dis je le sais maintenant, la prochaine fois, je saurai faire. Moi à chauqe fois que je suis sorti de studio, ça m'a fait cet effet là et j'ai eu envie d'y retourner pour faire exactement le même truc mais en mieux. Maintenant, un album, c'est une photographie de ce que tu es, de ce que tu es capable de faire à un moment. Au moment où on a fait cet album là, on a fait du mieux qu'on pouvait et c'était une bonne photographie. Je trouve qu'il sonne bien, c'est correct!


AR : Je ne vais pas dire le contraire!

PJ Chabot : Je le défend cet album. Je le trouve très correct, je le trouve très bien. Quand je le mets sur ma chaine, j'ai pas honte!

AR : Plutôt du genre à ré-écouter tes propres albums ? A rechercher les petits trucs ?

PJ Chabot : Je ne l'ai écouté qu'assez récemment. Je l'ai écouté qu'une fois ou deux, je l'ai mis dans un coin. Je l'ai écouté un peu ce matin là. Je m'suis dit, ouais, c'est pas mal! (rires)

AR : Des petites choses qui crochent ?

PJ Chabot : Oui, comme je le disais tout à l'heure. Toujours envie de recommencer.

AR : Une chose quand on connait Orange Blossom et qu'on a pas particulièrement fait l'effort de rechercher : les paroles sonnent bien mais on en comprend pas le sens. Ca donne quoi ?

PJ Chabot : Ca dépend ce que tu recherches. Si tu veux comprendre le sens, ça devient embettant. La musique c'est aussi la musicalité des mots. Nous on est pas des revendicateurs. Pour les textes, il faudrait que tu en parles à Leila. La musicalité est le plus important pour nous. Si c'est chanté en arabe et qu'on a pas forcément pris la peine de traduire les textes, c'est qu'il faut simplement écouter la musique...

AR : C'est donc ce que j'ai fais !

PJ Chabot : Tu vois, je parle pas l'arabe. En fait c'est même pas de l'arabe, c'est de l'algérois. Il y a trois mots que je comprends. Leila m'a expliqué les textes parce que j'ai besoin de savoir ce qu'elle met pour apporter aussi mon émotion. Je pense qu'on peut comprendre cette émotion. Si à un moment, elle durcit son ton, tu peux comprendre de quoi elle parle. C'est du sentiment pur et dur.

AR : Du coup, j'ai lu que les langues arabe et indienne vous semblaient propres à ça. Il y en a d'autres ?

PJ Chabot : Sur l'album, Yellemba qui a enregistré avec nous, ils chantent dans leurs langue, en ivoirien. Puis il y a aussi un chanteur traditionnel qui chante en égyptien. Toutes les langues sont intéressantes. Moi je suis un gros fan de la langue allemande. Jai beaucoup travaillé dessus.Moi j'écoute du punk et de l'industriel, tu vois! J'étais bassiste dans des groupes de heavy-metal... Ouais j'étais bassiste avant. J'ai pris le violon en cours de route.

AR : Et ça fonctionne bien le violon! Sur scène, on peut dire qu'il y a une bonne énergie !

PJ Chabot : Moi je joue du violon mais pas comme un viloniste! (rires) Je joue comme un bassiste de punk!

AR : J'ai ouïe dire d'un nombre de corde un peu spécial. Qu'en est-il ?

PJ Chabot : Ouais, j'ai cinq cordes. C'est assez récent. J'ai fait rajouter une corde. Comme ça, je fais violon et alto en même temps. C'est un violon que j'ai fais faire exprès pour moi.

AR : T'aurais pu te le permettre avant ?

PJ Chabot : Oui. Simplement, je voulais pas avoir deux violons pour faire les accompagnements donc j'en ai fait faire un. Ce soir, y'a un violoniste qui vient, un bon violoniste claissque, bon niveau, tu vas voir...

AR : Je termine vite fait. Aujourd'hui, ça fait un bout de temps qu'Orange Blossom existe, une certaine éxpérience. Aujourd'hui c'est "on s'fait plaisir, peu importe le reste" ?

PJ Chabot : On s'est toujours fait plaisir et on a toujours travaillé. On tripe sur scène mais il y a énorméent de travail. Toujours dessus, jamais complètement détendu.

AR : Le trac ?

PJ Chabot : Toujours! Je vomie, je chie avant de monter sur scène, c'est une horreur!

AR : On te le souhaite pas !

PJ Chabot : Mais si, c'est bon signe!


par Jaak
Photos par Jérome