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Interview: Holstenwall


Didier, le 02/03/2011
Gagnant de la Sélection Albumrock du mois de mars, Holstenwall fait partie de ces nouveaux groupes français qu’il vaudrait mieux suivre de très près. Proposant un post punk psychédélique teinté de touches pop, le quatuor parisien multiplie les apparitions scéniques là où on ne l’attend pas. Une approche à géométrie variable qui les voit atterir sur une compilation américaine signée Killredrocket Records avant un premier EP fort attendu qui paraîtra dans les semaines à venir chez 3rd Side Records. Loin des plans de carrière structurés jusqu’à l’ennui, rencontre avec un combo futé et ouvert au monde….

Evitons la question bateau de la présentation du groupe, que pourriez-vous dire de Holstenwall que les lecteurs d’Albumrock ne devraient pas nécessairement savoir? On fait tous plus d’ 1m75, et notre guitariste n’ a peur de rien sauf des requins. Et le mot requin vient de requiem. Simple coïncidence ou lien fatal avec Mozart et œuvre inachevée?


Le choix du nom du groupe est particulier. Pourriez-vous l’expliquer?
Il s’agit du nom de la ville où se déroule l’intrigue du film de Robert Wiene, “Le Cabinet du Docteur Caligari”, considéré comme le premier film d’horreur, tout ça en 1919. Ce sont surtout les décors qui ont influencé notre choix. Le nom est référencé mais laisse place à l’ imagination et l’ interprétation, et les sonorités germaniques nous donnent des frissons érotiques.

La musique d’Holstenwall est très riche en influences. On sent un certain bagage, qui mêle des références plus anciennes à d’autres plus contemporaines. Si vous ne deviez en citer qu’une seule, laquelle serait-ce?
Camille: Le futurisme.
Antoine: The Cure, Seventeen seconds. Sur cet album, ils ont un son ultra précis et maîtrisé, une sonorité froide sans virer à la cold wave répétitive. Le lien entre cet album et ce que l’on fait n’est peut être pas évident, car il a mal vieilli.
David: Les décors de Stanley Kubrick et leur postmodernité. Cette volonté de dépasser les cadres, les croyances et les codes actuels m'inspire énormément. Ses tentatives de correspondances symboliques entre l’ homme et l’ environnement sont aussi de véritables clés pour la composition.

Au niveau perso, quels genres de musique écoutez-vous? Pourriez-vous nous recommander l’un ou l’autre album découvert récemment?
On essaie de rendre notre musique la plus perméable possible à nos influences. On ne se limite à aucun style, à aucune référence, on décolle les étiquettes, on brûle les chapelles. Chacun de nous a sa propre personnalité. Finalement on se retrouve à écouter plein de sons différents, à les intégrer.
Camille: Dernièrement j’ai découvert le premier album de The Soft Moon. Un pied que je n’avais pas pris depuis bien longtemps. J’aime aussi particulièrement Jim Sullivan, un type au destin étrange qui a disparu dans le désert au milieu des années ‘70 et dont l’unique album, UFO, vient d’être réédité par le superbe label Light in the Attic. J’apprécie aussi les premiers Die Krupps. Je vois large.
Antoine : Embryonics des Flaming Lips. Complètement barré tout en restant assez accessible. Bizarrement encore plus étrange que pas mal des albums précédents. Et puis les Flaming Lips c’est tout un truc sur scène...
David: “The Contino Sessions” de Death In Vegas.
Adam: Depuis que j’écoute mes musiciens, j’aime pas mal Holstenwall ! Et j’ai découvert White Noise Sound, ça m’a retourné.

Il y a visiblement une certaine approche « intellectualisante » dans la musique de Holstenwall. Outre l’évidente référence cinématographique dans le nom du groupe, on trouve çà et là des références aux arts graphiques, à l’expressionisme allemand? Quel en est l’objectif ? Percevez-vous cela comme une valeur ajoutée à votre musique?
Le terme intellectualisant nous fait un peu bailler, on marche plus au ressenti direct et instinctif qu’à l’ analyse cérébrale. Cependant on est persuadé que la musique se trouve au centre de tout ce que l’on aime, elle est l’ araignée qui piège tout au milieu de la toile. Ainsi faire communiquer tous les arts ensemble, c’est devenu notre manière de fonctionner, quitte à s’ y perdre. Plus on s’ ouvre, plus notre son est personnel.
L’expressionnisme allemand a été notre premier terrain de jeu, mais beaucoup de choses se sont greffées à cela... Un des membres vous avouera, ou pas, que sa principale influence sont les maladies vénériennes du 19e siècle, mais il vaut mieux qu’il garde ça pour lui. Camille la chanteur ne compose pas de paroles sans évoquer les monstres des fonds marins et la cryptozoologie, ce garçon frôle la démence . Pour résumer, on voit aussi la musique par son aspect purement ludique, après tout une fuzz à fond dans les oreilles, rien de tel pour commencer une soirée et se mettre en jambe, puis la finir. La musique parle à la tête et au cul. Une étude scientifique vient de faire un parallèle entre les drogues et la musique, les effets sont les mêmes.

Un premier EP est en préparation, qui devrait paraître dans quelques mois. Que pouvons-nous en attendre?
Tout! Cet EP, c’est notre premier témoignage officiel en tant que groupe. L’ approche est donc plus ambitieuse qu’auparavant. On essaye d’agrandir au maximum notre spectre sonore en oubliant tout ce qu’on savait sur notre musique, en restant cohérent.

Il s’agit de marquer les esprits, surtout les nôtres. À une époque où le monde musical est défini par une véritable boulimie commerciale, ou par une hype rarement crédible artistiquement et pas viable sur la durée, les gens ne prennent plus véritablement le temps d’écouter la musique, la démarche d’ approche de la musique est basée sur le zapping, on ne s’arrête plus sur une histoire et des pochettes, mais sur des anecdotes, des buzzs et le graphisme de l’ Itunes. Et le style des groupes suit cette tendance. On entend trop la musique sans l’ écouter, à cause de son accessibilité instantanée et illimitée, même les groupes deviennent jetables. Tout cela reste très asphyxiant, nous pousse à immédiatement tout référencer, à tout juger, à cerner vite, en somme à oublier. Sans être passéiste, ni naïvement utopistes ou arrogants, on s’attache à ce que l’ on aime. Et la sortie en vinyle 10 pouces nous aide dans cette démarche. Mais on ne veut pas se limiter à être un groupe intellectualisant et théorisant. C’ est de toute façon faux.

Il y a beaucoup de variations sonores dans les différents morceaux d’Holstenwall actuellement disponibles sur Myspace. L’EP gardera-t-il cette approche? Le voyez-vous plus comme un showcase du travail du groupe ou déjà comme un projet spécifique?
Véritablement comme un projet spécifique. Les variations sonores sur le Myspace sont plutôt légères. L’EP sera différent, on l’ envisage comme un tout, avec son intro, son dénouement, qu’il raconte une histoire impliquant un scénario, mais on garde fraicheur et spontanéité. La lecture de magazines pour adultes et des discussions sur le football et Family Guy en studio garantissent une détente salvatrice. Mais on fait surtout attention à la texture sonore, on aime assimiler les sons à des matières, vous entendrez donc du cuir et de la fourrure les gars, mais du plastique aussi, et vous aurez du latex plein les oreilles. Mais pas de panique, on laisse les phrasés pompeux et jazz prog pour plus tard, en attendant on préfère les compilations Nuggets, la démarche de Cabaret Voltaire ou Wire plutôt que Weather Report. Quoique, notre guitariste…. On ne fait pas de la musique de mélomanes pour mélomanes, ni d’ étudiants des Beaux Arts, nous sommes tout sauf élitistes, simplement curieux.

3rd Side Records a récemment été sous le feu des projecteurs avec l’album de Syd Matters. Comment avez-vous atterri sur ce label et comment cela se passe-t-il avec eux?
On était en contact avec eux depuis déjà quelque temps, le directeur artistique nous suivait et nous a laissé mûrir, il nous a mis à l’ épreuve pendant un an. C’est une bonne expérience pour nous. L’équipe est vraiment investie dans notre musique, et nous aide à en tirer le maximum. On jouit d’une belle liberté, ce qui est assez rare... On est sur le même label que nos potes de La Femme, c’ est dire l’ ouverture d’ esprit de la direction artistique (NDLR: regardez leur pochette). Eux ont déjà sorti leur EP en janvier, il fait partie de la même collection que le nôtre, nommée Podium. Après l’ enregistrement on se penchera sur l’ artwork de la pochette, on veut bosser avec des gens qui apportent leur univers et une valeur ajoutée, comme on l’ a fait pour les demos avec Juan Trip. En ce moment on aime l’ artiste Dan Hillier par exemple.

Une tournée aux USA est également programmée. Cela pourrait paraître surprenant pour un groupe qui n’a pas encore beaucoup tourné en France. Comment cela s’est-il mis en place ? De quoi s’agit-il ?
On vous racontera tout ça quand on en reviendra, si ça se concrétise, et si on y arrive alors qu’on a pas un rond, alors tout le monde peut le faire. Mais les américains des 2 côtes aiment assez les français, on veut en profiter lâchement. On tourne, oui, mais pas en rond, et c’ est pour ça qu’ on a joué 3 fois l’ été dernier à Berlin, expérience extra, c’ est une ville qui colle à notre musique, c’ est une ville en vogue chez les parisiens, puis on a joué à Londres, ville quelque peu figée ces derniers temps… On a Barcelone et Bruxelles en ligne de mire prochainement aussi. Bref, ça fait partie de notre démarche d’ ouverture, sans être méprisant pour la France, on apprend juste plus en dehors des frontières. Et puis une fois le billet d’ avion acheté, c’ est pas forcément plus cher sur place. Beaucoup de groupes de notre génération font la même chose . La Femme encore, par exemple.

Faut-il voir un rapport entre ces concerts aux States et la récente présence d’Holstenwall sur la compilation américaine Killtheredrecords?
Aucun rapport, nous avons été approché par leur staff via e mail, mais si notre musique dépasse gentiment les frontières, c’ est très plaisant. Nous ne nous limitons pas, que ce soit géographiquement ou artistiquement. On évite à tout pris d’ être suiveurs de tendance, on pense que plus on s’ ouvre, plus notre musique devient personnelle, on veut éviter le piège dans lequel semble tomber avec délectation cette vague de groupes français qui calquent leurs parti-pris artistiques sur les mêmes 2 ou 3 groupes anglo-saxons de référence, certes de qualité, mais on les laisse où ils sont.

En attendant la parution de ce premier EP, quelle est l’actualité immédiate du groupe? D’autres projets en cours?
On compose un tout nouveau répertoire pour les prochains concerts. On compte aussi sortir un clip pour de la sortie de l’EP. Et on défriche de nouvelles sonorités.

Pour les lecteurs d’AR qui ne vous connaîtraient pas encore, pourriez-vous recommander un seul et unique morceau d’Holstenwall en guise d’intro ?
Leviathan C’est notre premier morceau. Une chanson très significative pour nous, et une bonne introduction pour vous. Et le thème est plus que d’actualité et puis si tu parles d’intro, justement, celle de Léviathan dure trois minutes... Une entrée en douceur, une sortie sauvage.


http://www.myspace.com/holstenwall
Remerciements : Holstenwall et Gaëtan Kolly
Crédits photos : Mia Dabrowski et Gaetan Kolly (tous droits réservés)

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