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The Vaccines : vrais sauveurs ou faux prophètes ?


Nicolas, le 02/05/2011

De la nécessité de se créer des sauveurs


La première cause de tous ces excès, c'est le manque de renouveau du rock anglais - et dans une moindre mesure du rock en général. Soyons sérieux une minute : on ne va quand même pas nous faire croire que les Bombay Bicycle Club, érigés comme incontournables dispensateurs de la bonne nouvelle rock n' roll il y a deux ans par le tout puissant NME, soient vraiment les sauveurs qui nous feront oublier les singes d'Alex Turner ! Soit dit en passant, les Arctic Monkeys sont les seuls acteurs incontournables à avoir émergé de la perfide Albion depuis 2006. Vous en doutez ? Regardez donc ce qui nous est parvenu depuis cette année fatidique : The Kooks ? The Hoosiers ? Allez, poursuivons le déballage : New Young Pony Club ? Late Of The Pier ? White Lies ? The Horrors ? The Maccabees ? These New Puritans ? Glasvegas ? Franchement, qui s'en soucie ? Mis à part l'OVNI pop The xx (qui déjà ne plait pas à tout le monde, et c'est un euphémisme), mis à part les side projects de personnalités déjà bien implantées dans le milieu (The Last Shadow Puppets, The Good The Bad & The Queen, sans même parler des produits issus du split des Libertines), quel groupe a réussi à imprimer son empreinte dans le paysage musical anglais sur les cinq dernières années ? C'est sur cet entrefaite que déboulent les Vaccines, la bouche en cœur, et là se pose un double problème : faut-il automatiquement encenser un bon groupe sous prétexte qu'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent ? Et à l'inverse doit-on automatiquement démonter un groupe encensé par les médias sous prétexte que, fatalement, on ne parvient plus à croire à l'arrivée des réels messies après tant de faux prophètes vendus comme des vrais ?


Ce qui nous ramène à la question posée par l'album, question que l'on peut également envisager au futur : que peut-on attendre des Vaccines, et plus largement du rock anglais à l'aube des années 2010 ? Comment la scène anglaise peut-elle se renouveler et retrouver son pouvoir d'attraction ? Comment le vent va-t-il tourner ? Ainsi la critique rock se voit-elle amenée à jouer les Madame Soleil, profession qu'elle a toujours adoré exercer et qu'elle endosse une fois de temps en temps en période de disette discographique. Mais n'oublions pas que nous nous trouvons à une période charnière : le garage est mort de sa belle mort (que les White Stripes reposent en paix), et aucun prétendant au trône ne s'est encore manifesté. Petit coup d’œil dans le rétroviseur. 1991, Nirvana explose les chaines hi-fi du monde entier avec Nevermind et popularise le grunge et les chemises à carreaux. 2001, les Strokes ressuscitent le rock n' roll version garage, Is This It déferle sur la planète et le pantalon slim devient à la mode. 2011 : chiche, on remet ça ? La voilà, la problématique. A quoi les années 2010 vont-elles être assaisonnées ? A l'heure actuelle, on a beau scruter nos téléprompteurs, loucher vers la moindre petite ébauche de rumeur, sursauter dès qu'un phénomène un peu hors norme parvient à nos oreilles, on ne voit toujours venir aucune tendance nouvelle susceptible d'entrainer une large adhésion populaire et critique. Or, ne le nions pas, les médias rock ont pris une part importante dans le succès de Nevermind et de Is This It, car ce sont eux qui ont alerté l'opinion sur les talents réels (pour Nirvana) ou fantasmés (pour les Strokes) des individus en question, jouant ainsi le rôle déterminant d'électrochoc entrainant le réveil et l'emballement de la machinerie populaire. Malheureusement, les temps ont changé et la critique a beaucoup perdu de son aura, on vous renverra une fois de plus vers l'édito de Maxime pour plus de développement. Depuis, Internet est passé par là, MySpace a fait fureur, et chaque groupuscule a pu ainsi obtenir sa petite fenêtre ouverte sur le monde sans avoir eu à quémander quoi que ce soit auprès des professionnels, réduisant souvent le rôle des médias à celui de simples relayeurs d'information. En parallèle, chaque tendance rock n' roll traditionnellement sous-exposée dans les magazines a su se construire, notamment grâce au webzinat, un fan-base sincère et dévoué qui assure aux meilleurs acteurs musicaux d'aujourd'hui une légitimité, une crédibilité et accessoirement une subsistance décente sans que les protagonistes n'aient à mendier pour se trouver mis en exposition. Ainsi la critique voit-elle son influence se réduire comme peau de chagrin, et on en revient fatalement à la question suivante : faut-il voir dans l'engouement monstre à l'égard des Vaccines un réel appel du pied vers les nouveaux sauveurs du rock, ou bien un simple baroud d'honneur de journalistes frustrés qui risquent leur va-tout sur les seuls quidams un tant soit peu atypiques au sein d'une scène britannique moribonde ?


N'oublions pas également que le "salut du rock" est rarement venu du Royaume-Uni, et ce malgré tout l'acharnement que mettent les médias spécialisés à vendre leurs poulains britanniques. Les Strokes et Nirvana sont apparus chez l'Oncle Sam, ne l'oublions pas. En fait, cela fait belle lurette que les USA font la sourde oreille à tout ce qui vient de ce côté-ci de l'Atlantique. Il est loin, le temps des Beatles, des Stones, de Led Zeppelin et des groupes progressifs qui cartonnaient partout en Amérique, le temps où Jimi Hendrix se devait de quitter son pays natal pour voir sa carrière décoller à Londres. Les faits récents ou semi-récents viennent confirmer cette constatation : Oasis n'a jamais réussi à percer là-bas, même au plus fort de la Brit Pop. Idem pour Muse et Coldplay qui ont mis presque 10 ans chacun pour commencer à se faire un peu entendre entre Seattle et Manhattan. On citera à ce propos une anecdote assez édifiante relevée au cours d'une interview donnée par les Black Keys aux Inrocks tout récemment. Patrick Carney déclarait, à propos d'un concert parisien à la Cigale en 2004 : "Je me souviens aussi de ce type, Carl Barât des Libertines, qui est connu uniquement dans son pays et à Paris (rires)… Il se trimballait devant nous avec des mannequins de 12 ans, il paraissait ridicule. Il avait un bassiste abruti qui nous montrait son instrument à 10 000 dollars, on avait envie de le baffer.” Nous autre européens avons ainsi du mal à imaginer que les Libertines demeurent totalement inconnus au delà des rives irlandaises... Si 2011 coïncide, avec 10 et 20 ans d'écart, à la sortie de deux disques qui ont redonné un coup de fouet au rock, on peut néanmoins rester circonspect face à une attitude qui consisterait à dégainer le premier pour tenter de faire entendre la bonne parole anglaise, fait d'autant plus navrant (voir pathétique) dans ce contexte. D'ailleurs, comme par hasard, les américains viennent également de tirer une bruyante cartouche avec les californiens de Funeral Party, tentant bon an mal an de rameuter le buzz du côté de Los Angeles. Alors quoi : ce serait donc si facile que cela ? Il suffirait juste d'agiter le spectre du renouveau pour que les regards se trouvent braqués sur les îles britanniques / sur le nouveau continent (rayez la mention inutile) et pour que l'enthousiasme populaire se déclenche comme par enchantement ? Autant dire tout de suite que, pour les tenanciers du New Musical Express et leurs collègues anglais, le fait d'initier un tel buzz sur les Vaccines peut parfaitement tenir de l'opportunisme le plus culotté plutôt que d'une réelle profession de foi.
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