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Festival de Dour 2009


Lee, le 21/09/2009

Vendredi 17 juillet



A Dour, les concerts commencent à l'heure. Midi à peine passé, ce vendredi, que Carlo (organisateur du festival) monte sur la Last Arena : "alors Dour, on se réveille ? !!!!". Environ cinquante personnes, déjà sortis de leurs sacs de couchage, supportent At Least We Try. Les belges jouent leur hardcore puissant au pied d'une Plaine de la Machine à Feu endormie. Beaucoup de tentes restent encore fermées...


Mais la Petite Maison dans la Prairie ne connait pas la crise. Les bruxellois de Cafeneon débarquent avec envie et énergie. En plus, leur musique pop s'écoute très bien : mélodies new wave aérées, riffs noisy à la Sonic Youth, chant parlé (en français) comme Bashung. Des tonnes de bonnes influences dans une performance qui manquait cruellement de professionnalisme. Au Club-Circuit Marquee, le rock roots de De Staat entraîne de plus en plus de festivaliers. Bluesy, funky et décalée, la recette Wait For Evolution transforme les membres du groupe en loups garous prêts à tout pour satisfaire leurs sorcelleries. Puis, c'est le trio power pop Sky Larkin qui balance ses mélodies accrocheuses sous la Magic Tent. L'après-midi est agréable et ensoleillée. Conscients d'une certaine complexité de la suite du programme, nous ménageons nos forces dans une Relax Zone prévue à cet effet.


Repos salvateur ! A 17h30, Zone Libre, Casey et B.James nous en mettent plein la figure. Comment L'angle mort, brûlot de 2009, s'est-il comporté sans la poésie « jugée coupable » de Hamé (La Rumeur) ? Déjà, nous sommes face à un trio instrumental au sommet de son art. Avec la précision de Cyril Bilbeaud à la batterie, la classe de Serge Teyssot-Gay à la guitare et l'exigence de Marc Sens (guitare, basse), Zone Libre voyage au coeur d'un rock dense et ombrageux qui oppresse. Ensuite, lorsque que le groupe entame "L'angle mort", c'est B.James qui vient rapper le premier couplet. Pas question pour lui de reprendre les textes de Hamé, l'abominable B.James délivre un flow rapide, rageux avec ses propres poésies, lacérées de coups de schlass violents et aiguisés. Accompagné par Casey, sa pote d'Anfalsh, ils chantent ensemble le refrain : "Au départ des court-circuits / Au croisement des contraires..." puis celui de l'entraînante "1/20" à l'énergie débordante. Le concert ne perd aucune intensité, témoin les interprétations très réussies de "Purger ma peine" ou d'"Une tête à la traîne". La voix grave et rugueuse de Casey se marie à merveille au rock sombre et dur de Zone Libre. Soudain, la martiniquaise se casse complètement la voix. Cela ne l'empêche pas de chanter avec courage et volonté "La chanson du mort-vivant". Aussi, elle interprète "Libérez la bête" que nous attendons avec impatience (début 2010) et Marc Sens en profite pour jouer avec une perceuse électrique. Le concert se termine sur une version instrumentale d'"E.L.S.A" où B.James et Casey viennent envahir une dernière fois la scène. Le pire reste à venir...


Nous avons le temps de nous jeter dans le pogo de Roots Bloody Roots entamé par les fans de Sepultura devant la Last Arena. Mais nous restons en retrait, refoulant nos pulsions adolescentes. Les californiens de Deerhoof, reconnus mais peu connus, poursuivent la fête. Tout le bien fondé en eux (notamment par ATP Recordings) s'illustre parfaitement sur scène. Deerhoof joue un noise rock inspiré, tantôt pop, tantôt post, sans s'emmêler les pinceaux. Les compositions (et décompositions) sont soignées, les expérimentations travaillées et les acteurs vivants. Même que dans ses instants de grâce, Satomi Matsuzaki chante et rebondit telle une samouraï moderne. Un groupe passionné, passionnant et inclassable.


Une heure plus tard... And You Will Know Us by the Trail of Dead. C'est un peu long comme nom, mais comme le son est complexe et l'instrumentation variée, le spectacle intéresse voire interpelle. Volontaire, aventureux, audacieux, l'art-rock de The Trail of Dead s'oriente dangereusement vers le point de non retour. Presque hypnotique, le concert tourne et détourne le temps pour nous enrôler. Magie à moitié réussie.


Entre temps et en saluant d'un regard noir le dernier rayonnement solaire, The Dillinger Escape Plan investit la Last Arena. Les américains n'ont besoin d'aucune période d'adaptation. En effet, les musiciens (sauf le batteur) courent partout sur scène, montent sur les amplis, sautent n'importe où... Une orgie sportive quoi. Côté musique, The Dillinger Escape Plan produit un mathcore aux tempos très rapides, servis par des structures rythmiques alambiquées. Le chanteur crie, braille et renforce l'impulsion violente du concert. Tandis que le bassiste tape des poses à la Lucky Luke, un des guitaristes n'hésite pas à s'envoyer, instrument en mains, contre ses amplificateurs. Heureusement, des roadies sont là pour remettre le matériel à sa place. Imperturbable, le groupe repart comme il est arrivé : dans un fracas sonore expérimental et enlevé.


A 22h00, c'est Killing Joke qui s'empare de la Last Arena. Si la mort brutale de Paul Raven a récemment enterré Ministry, on ne peut pas en dire autant de Killing Joke. Depuis l'année dernière, le mythique groupe de post-punk tourne à nouveau dans sa formation originale (celle d'avant 1982). Alors déjà on dit respect, puis on écoute et on regarde. Et franchement, nous sommes enthousiasmés, captivés, émerveillés, ensorcelés. Ceci n'a pourtant pas l'air d'être le cas pour tout le monde, témoin la foule de personnes qui s'en va vers d'autres expériences musicales. Mais nous on reste. Et plus le concert avance, plus nous avançons. Jaz Coleman, toujours aussi charismatique même sans son maquillage, continue ses mimiques horrifiques et chante comme un maître de cérémonie. Le groupe interprète ses hymnes post-punk, rendant la belle part aux deux premiers albums et les rythmiques tribales de Big Paul ("Requiem", "Wardance" ou "Primitive"). Geordie, clope au bec, gratte sa six cordes tel un magicien de la distorsion et Youth, capuche (et visière non?) sur la tête, joue ses lignes de basses atomiques en sautillant comme un touareg. Quelques titres de l'archétype Pandemonium ("Pandemonium", "Communion") exécutés avec talent, quelques claviers typiquement new-wave distillés discrètement et Killing Joke s'arrête. Pour les avoir vus il y a quelques années déjà, le son est toujours aussi bon, peut-être ne l'a t-il jamais été autant !


Dans la foulée, nous nous dirigeons vers la Red Frequency Stage où Mercury Rev joue sa dream pop à ciel ouvert. Jonathan Donahue et ses potes sont en forme. Malgré le vent froid et la pluie, ils transposent avec brio les compositions de Snowflake Midnight, prenant les meilleurs sons de l'album pour les parer d'or et de diamants jusqu'à faire fleurir les champs de la Plaine de la Machine à Feu ("People Are So Unpredictable", "Dream of a Young Girl as a Flower"). En plus, Mercury Rev entame ses plus belles mélodies du gros succès critique Deserter's Songs ("Opus 40" semble t-il) et parvient ainsi à faire revenir les étoiles dans le ciel belge. Pas une mince affaire quand même !


C'est au Club-Circuit Marquee que nous finissons la soirée. Animal Collective présente un show d'une heure trente. Autant le dire de suite, la freak-pop des jeunes américains a convaincu. Qui ose d'ailleurs les critiquer ceux-là ? Nous ne savons pas. Clairement, Animal Collective délivre une musique originale, belle et prenante qui prend des allures hautement psychédéliques. Sous un éclairage soigné, les chansons de l'excellent Merriweather Post Pavilion faisaient l'effet d'une forte dose de produit illicite : électro-dansant sur "Summertime Clothes", minimalisme-mélodique ("In the Flowers"). Tout cela chargé de doublages de voix, maîtrisés avec élégance dans un jukebox futuriste.


Après s'en est trop ! L'énergie manque et nous laissons passer l'occasion de voir Fuck Buttons. La tente, elle, ne sera pas insonorisée. Pas grave, vous connaissez des berceuses ?
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