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Critique d'album

Silverchair


Frog Stomp


(29/05/1995 - - post-grunge - Genre : Rock)
Produit par Kevin Shirley

Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. "
Maxime L, le 26/04/2022
( mots)

“La valeur n’attend point le nombre des années”, voilà une expression idoine pour décrire le groupe Silverchair en 1995, au moment de sortir leur premier album, Frogstomp, honteusement absent de ces colonnes jusqu’à ce jour.


Souvenez-vous. 1995. L’explosion du grunge n’est plus un épiphénomène, et a entrainé dans son sillage une palanquée de groupes et de disques cultes du côté des Etats-Unis (notamment sur la Côte Ouest), là où le Royaume-Uni assiste au déferlement de la brit-pop, avec en filigrane la pseudo guéguerre entre Oasis et Blur. Pendant ce temps là, à l’autre bout du monde, 3 adolescents, nourris aux disques de leurs parents, sortent leur premier album, à un âge où il est plus commun de passer des heures devant une console de jeu que devant une console de studio d’enregistrement.


15 ans. C’est l’âge qu’ont Daniel Johns (chant et guitare), Chris Joannou (basse) et Ben Gillies (batterie) en 1995. Les 3 Australiens se connaissent depuis l’école primaire, et ont commencé à gratouiller ensemble au sein des Innocent Criminals (aucun lien avec Ben Harper), où ils révisent leurs gammes en reprenant des classiques de la sainte trinité britannique : Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple, qu’ils connaissent sur le bout des ongles. Ils écument les scènes locales, tout en étant toujours scolarisés, et remportent plusieurs tremplins nationaux, grâce à l’une de leur premières compositions, “Tomorrow”, présente sur le disque, et qui va surtout leur permettre de signer pour l’enregistrement d’un EP, Tomorrow auprès de Murmur, filiale de Sony Music. La maison de disques est tellement impressionnée par le potentiel et les chansons du jeune groupe qu’elle confie la production d’un album entier, à Kevin Shirley, qui n’est déjà pas un quidam en 1995, puisqu’il a déjà travaillé, entre autres, avec The Black Crowes ou Rush. Entre temps, Les Innocent Criminals deviennent les Silverchair, et Frogstomp sera enregistré en 9 petits jours, et atteindra directement la première place du billboard Australien. L’album va rapidement traverser les frontières et les océans pour s’installer tranquillement dans le paysage rock international de 1995.


Une basse qui vrombit, un fill de batterie qui s’installe puis un riff de guitare, basique avec juste ce qu’il faut d’épaisseur pour accrocher l’oreille : “Israel’s Son” est une entrée en matière représentative de Silverchair et de Frogstomp. C’est d’ailleurs l’une des (nombreuses) qualités du disque : si certains tubes se dégagent (”Tomorrow”, “Pure Massacre”, “Suicidal Dream”), il n’y a pas de réel titre faible, et il se dégage, même 30 ans après, une homogénéité très prégnante tout au long des 11 morceaux.


En terme de compositions, les Australiens ne révolutionnent rien (à la fois qui peut se targuer du contraire à leur âge), mais leur grunge rock alternatif est d’une efficacité redoutable, et va bien plus loin qu’une simple resucée de Nirvana, ce qu’un bon nombre d’étroits d’esprits (et sans doute un peu jaloux) leur reprochaient en 1995. Oui, les Silverchair ont beaucoup écouté la bande à Cobain, (dans leur nom ”Silver” fait référence à la chanson “Sliver” de Nirvana, “Chair” étant une allusion au morceau “Berlin Chair” par les Australiens de You Am I). Il n’y a qu’à écouter certains riffs pour s’en convaincre, ceux du refrain de “Leave Me Out” par exemple, très inspirés par ceux d’ “In Bloom”.


Mais Nirvana n’est absolument pas la seule référence des Australiens. S’il est un groupe qui émerge des guitares de Daniel Johns, c’est clairement Black Sabbath. Prenez le même “Leave Me Out” : son riff principal respire la Gibson SG de Tony Iommi à plein nez, tout comme “Undecided”, entre autres. Une guitare puissante, une collection de riffs simples, souvent lourds, parfois lents, basés sur des power-chords élémentaires, la filiation est assez évidente. Pour preuve, il n’était pas rare à l’époque de voir Silverchair reprendre "Paranoïd" sur scène, au grand dam des jeunes fans des Australiens, dont une partie n’avait sans doute jamais entendu parler de Iommi et consorts, et qui n’attendaient que les “tubes” de leurs nouveaux protégés, “Tomorrow” et “Suicidal Dream” en tête. Cette dernière ayant d’ailleurs été sujet à polémiques après une tuerie en Tasmanie en 1996*, en dépit de sa construction parfaite (et néammoins stéréotypée) : couplet avec guitare en son clair, montée en tension sur les refrains avec distorsion légère, et explosion sonore ensuite. La power-ballad un peu adolescente mais qui n’en reste pas moins un modèle du genre.


Vocalement, Daniel Johns, du haut de ses 15 ans, est tout à fait crédible, que ce soit dans les parties hurlées ou mélodiques. Les seuls moments, où le groupe “accuse” peut-être son âge, ce sont ces quelques arpèges en sons clairs, on pense à certains passages sur “Tomorrow”, “Fautline” ou “Shade”, et qui peuvent évoquer les guitares d’adolescents répétant dans le sous-sol des parents. Mais encore une fois, cela participe au charme du disque et à son histoire quelque peu atypique. Qui plus est, cette spontanéité un peu maladroite est contrebalancée par des passages bien plus agressifs : “Shade” et son break presque métal, ou “Madman” petite bombe instrumentale incroyablement véloce et qui tourne davantage autour du punk, voire du thrash que du rock alternatif.


Et puis surtout, et le mérite en revient sûrement à Kevin Shirley, Frogstomp, du haut de ses presque 30 ans, est encore une sacrée claque en 2022, et sa production, si elle est très marquée mid 90ies, vieillit extrêmement bien, et n’a rien à envier aux grosses sorties des formations confirmées de l’époque.


En définitive, Frogstomp peut presque être mieux perçu aujourd’hui avec beaucoup de recul, que dans les nineties, où le groupe était un peu ignoré voire moqué du fait du jeune âge de ses membres ; considérés comme des boutonneux voulant jouer aux rock stars (combien de comparaisons ironiques avec les Hanson à l’époque ?). Rajoutons à cela le fait que Daniel Johns soit plutôt beau garçon, blond et avec des cheveux longs à la Kurt Cobain, et vous comprendrez pourquoi, en 1995, il était parfois mal vu dans la cour du lycée, d’écouter Silverchair.


Malgré ces critiques, et malgré un vrai succès, sans doute très difficile à gérer à 15 ans, Frogstomp n’est pourtant que le début de l’histoire de Silverchair ; et Corneille avait donc raison : “Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”.


 


A écouter : “Tomorrow”, “Pure Massacre”, “Madman”, “Undecided”


*En avril 1996, un déséquilibré tue 35 personnes, suite à quoi les autorités locales interdiront la possession d’armes automatiques et la vente, ainsi que la diffusion de disques susceptibles de pousser au meurtre ou au suicide.

Commentaires
MaximeL, le 06/05/2022 à 07:57
Merci pour le commentaire Chrys, ça ne nous rajeunit pas mais ce sont de bons souvenirs !
Chrysostome, le 04/05/2022 à 10:56
J'ai adoré cet album à sa sortie et je le trouve toujours aussi réussi ! Totalement d'accord avec la filiation qui doit beaucoup à Black Sabbath (plus qu'à Nirvana selon moi). Le riff de "Leave me out" c'est un emprunt assez évident à "Sweat Leaf"!