↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Linkin Park


From Zero


(15/11/2024 - Warner - Neo metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par Linkin Park

1- From Zero (Intro) / 2- The Emptiness Machine / 3- Cut the Bridge / 4- Heavy Is the Crown / 5- Over Each Other / 6- Casualty / 7- Overflow / 8- Two Faced / 9- Stained / 10- IGYEIH / 11- Good Things Go
Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (21 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 3.0/5 pour cet album
"LP tourne la page du regretté Bennington. Il y a du mieux."
Nicolas, le 26/11/2024
( mots)

Il y a des reformations, ou des réactivations, que l’on guette davantage que d’autres, en grande partie parce que l’histoire des groupes concernés nous touche au plus haut point. Il est un fait que la tragique disparition de Chester Bennington en 2017 a ému bien au-delà de la sphère du Nü Metal et de ses fans transis alors même que Linkin Park ne cessait, depuis déjà une bonne dizaine d’années, de s’enfoncer dans l'indigence la plus crasse. Car le suicide de Bennington, qui a toujours su véhiculer son mal-être dans ses textes et ses interventions publiques, concerts et interviews, est entré en résonance avec les grands décès du monde du rock et en particulier du grunge, Kurt Cobain, Layne Satley et surtout Chris Cornell dont il était un ami très proche. Ajoutez à cela que le natif de Phoenix s’est justement raccroché aux wagons du grunge via sa participation bien éphémère à la résurrection de Stone Temple Pilots et l’on voit bien à quel point la mort violente de l’intéressé a pu faire saigner des plaies qui n’ont cessé de s’ouvrir et de cicatriser d’année en année, devenant de plus en plus douloureuses au fil du temps. On peut aduler ou conchier Linkin Park, nul n’ôtera à Bennington ses incroyables prouesses vocales, son charisme et, malheureusement, ses tourments qui ont fini par l’emporter dans la tombe. Bref, refermons cette terrible parenthèse.

Quoi que l’on puisse en penser, la renaissance, en 2024, de Linkin Park pose de nombreuses questions. À quoi bon poursuivre une aventure éteinte depuis sept ans, qui plus est quand son chanteur-signature ne reviendra plus jamais ? Envie artistique, élan d’orgueil, besoin de se prouver quelque chose, rage de survie ou irrépressible besoin de remplir son compte en banque ? L’autre question concerne la pertinence de Linkin Park en 2024 : qu’en est-il du Nü Metal presque trente ans après sa naissance ? Le mouvement a-t-il bien vieilli ? A-t-il encore réellement quelque chose à dire, Deftones mis à part ? L’histoire récente de Linkin Park peut réellement nous interroger : pourquoi s’acharner à relancer une machine usée jusqu’à la corne, qui plus est sans son leader emblématique, alors même que le groupe compte dans son escarcelle seulement deux bons disques - les plus anciens - pour cinq navigant entre médiocrité et nullité - les plus récents ?

Pourtant, l’arrivée d’Emily Armstrong au micro a su éveiller notre curiosité. Un choix pour le moins culotté - si l’on peut dire - que d’avoir pris à ce point le contrepied de Bennington en faisant appel à une femme pour le suppléer ! Si le scepticisme a un temps été de mise, sans parler des critiques liées à l’affiliation de la dame à l’église de Scientologie et son soutien voilé à l’acteur-violeur Danny Masterson (avec lequel elle depuis pris ses distances), les premières apparitions en live de la blonde angeline ont eu tôt fait de balayer les critiques : non seulement elle a réussi à endosser le costume de son prédécesseur sans rougir vocalement - et il fallait le faire - mais elle a aussi rapidement su imposer une patte très personnelle à ses interprétations. Il est un fait que Bennington excellait autant dans l’acide de ses hurlements que dans le sucre de ses pop songs, et il est rare de manier avec brio un panel vocal aussi vaste. Armstrong y parvient tout autant, et c’était bien sûr la clé de la réussite. Mais on décèle avec l’arrivée de cette dernière une petite touche de grunge qui n’étonne guère quand on sait que son autre groupe Dead Sara est influencé par la mouvance, Nirvana et L7 en tête. Ainsi, avec sa trouvaille, Linkin Park peut répondre à tous ses détracteurs : c’est un nouveau groupe qui se lance, moins orienté nü metal qu’alt-rock nord américain musclé, respectueux du passé mais désireux d’aller de l’avant en élargissant son spectre d’action. Fort bien. Restent en suspens deux réserves : le maintien du nom du groupe - quitte à changer, il aurait été sage d’aller jusqu’au bout du processus… mais sans doute le marketing a-t-il ses raisons que la raison ne connaît point - et la prise de distance du guitariste Brad Delson (qui reste dans le groupe mais ne tourne plus avec lui) et du batteur Rob Bourdon (qui a lui carrément pris la clé des champs). Difficile de concilier ces deux opposés…

Bref, From Zero, dont le nom sonne un peu comme un coup de brosse sur l’ardoise que certains ont du mal à digérer, sait se montrer efficace. Dix titres (plus une intro), trente-deux minutes, c’est carré, ramassé, pas de tergiversations ni d’expérimentations, ça va droit à l’essentiel. Dès l’entame de “The Emptiness Machine”, on voit que le groupe a évolué. Shinoda s’octroie du lead vocal chanté, la distorsion des guitares a laissé place à plus de saturation, c’est moins heavy mais un peu plus rugueux, ça tâche toujours de faire le grand écart entre pop et rock lourd (ce que j’ai tendance à appeler le “pop metal” même si ça n’existe pas), avec des teintes grunge (un courant très metal, lui aussi, même si on a tendance à l’oublier) et post hardcore. Parfois on retrouve l’ancien LP, comme avec “Heavy Is The Crown” qu’on pourrait croire issu des fonds de tiroir de Meteora (avec un peu trop d’académisme tout de même, nonobstant une gueulante prolongée qui force le respect), parfois on s’en éloigne franchement (“Cut The Bridge”, au traitement mélodique rafraîchissant). Cette prise de distance demeure pertinente tant dans les morceaux pop qui flirtent alors du P!nk (voire du Avril Lavigne - cf le refrain de “IGYEIH”) eut égard à la patte vocale d’Armstrong (certains accents de “Cut The Bridge”, et surtout “Two Faced”) que dans d’autres titres plus énervés (“Casualty” qui tutoie le hardcore le plus excité et hurleur). La réserve tient au numéro d’équilibriste autrement moins convaincant de Mike Shinoda, chanteur moyen et rappeur passable, qui hésite souvent à s’imposer pleinement en patron (ce qu’il est pourtant, de facto) pour se contenter de superviser de loin les titres tel un CEO veillant au grain et soucieux de surtout montrer sa trogne un peu partout. Si on ne peut lui reprocher la variété de ses interventions, on peine en revanche à voir en quoi l’éclatement de ces dernières bonifie des titres qui n’en ont par ailleurs pas réellement besoin.

La bonne surprise de From Zero tient en fait à son homogénéité qualitative - rien de transcendant mais rien à jeter non plus - mais surtout à son versant pop et radio friendly. On trouve là quelques bons titres autosuffisants : la ballade épique “Over Each Other”, la très indu-psyché “Overflow”, l’Imagine Dragonesque “Stained” ou encore l’entêtante “Two Faced”, tout ça fonctionne plutôt bien. Cette dernière réalise en fait le point de jonction entre l’ancien et le nouveau Linkin Park, avec couplets hip hop à l’ancienne et grands refrains catchy gorgés d’oestrogènes. Idem pour ce qui est du conclusif et apaisé “Good Things Go”, peut-être le seul titre en duo où Shinoda arrive à apporter un peu de sel. Bref, on ne s’attendait certainement pas à monts et merveilles de la part de Linkin Park, et au contraire on craignait que la série des fours ne se poursuive avec cette reformation qui avait tout pour être casse-gueule sur le papier. Affirmer que From Zero est le meilleur disque de Linkin Park depuis Meteora revient à enfoncer une porte ouverte tellement les cinq disques qui l’ont précédé étaient mauvais. Il scelle en tout cas un retour aussi étonnant qu’inattendu, avec une certaine forme de manière et une indéniable efficacité. Pas de quoi non plus retourner Chester Bennington dans sa tombe, remarquez. Rest in peace, dude.


À écouter : "Casualty", "Overflow", "Stained", "Two Faced", "Good Things Go"

Avis de première écoute
Note de 3/5
Ce ne sera pas l'album du siècle mais, malgré certains dehors calculés et maniérés qui lorgnent trop (pour moi du moins) vers les courants mainstream, j'apprécie qu'il existe. On en aurait probablement moins parlé si le groupe l'avait sorti sous un autre nom. Le propos est moins intriguant et moins "complexe" (plus "superficiel" en d'autres termes) qu'en présence de Chester Bennington. Mais quand on voit où ses pensées "sombres" ont conduit le bonhomme, on pourrait se réjouir de cette légèreté nouvelle. Finalement, il n'y a que le titre de l'album qui me dérange. Parce que, d'une certaine façon, il cherche à "effacer" le passé. Et, les historiens le savent bien, ceux qui cherchent à ignorer leur histoire... (à suivre)
Avis de première écoute
Note de 1/5
Un comeback horrible. L'équivalent musical d'un remake live action Disney doublé par des stars vieillissantes (Mike Shinoda en roue libre) ou sans personnalité : si la performance d'Emily Armstrong est techniquement au niveau, en particulier sur les registres les plus agressifs, on peine à lui trouver un semblant d'émotion ou de singularité. Les seuls compositions décentes ("Heavy Is The Crown", "Two Faced") ne sont que des échos du passé absolument dispensables.
Commentaires
CitronPourpre, le 27/11/2024 à 18:52
Comme beaucoup, très mitigé sur cet album, je pense que le choix de la chanteuse est plutôt bon, et que ça permet de couper avec Chester et de ne pas essayer de l'imiter. Je suis content aussi d'avoir du rock, même si c'est plus soft que sur certains albums. Mais aucun morceau ne m'a vraiment touché, rien ne finira dans mes playlists. Cependant, l'effort et la volonté sont sans doute réels, ce n'est pas juste une histoire d'argent ou de prestige ou autre. Et j'ai un ami très fan ce cet album. Par contre, même si je ne peux pas le confirmer personnellement, ils semblent assez décevants en concert. Peut-être une fois réglés, et dans une bonne salle (les stades et immenses arènes, on peut y entasser du monde mais le son est rarement au rendez-vous), ça vaudra le coup
ValentinAR, le 26/11/2024 à 21:01
Initialement j'avais pourtant envie de défendre ce disque, parce que c'est sans doute l'un des groupes les plus importants pour ma génération (et pour moi) et que comme vous l'avez dit, le projet a été rapidement attaqué pour de mauvaises raisons, mais malgré ça et cette chronique je ne vois pas toujours le second souffle du groupe ou la plus-value apportée par Armstrong, très forte dans le chaos et les hurlements, bien plus anecdotiques sur le reste, et je trouve les nouvelles idées apportées hors neo-metal schématique vraiment basiques, sans prétention et surtout inoffensives. Shinoda n'a jamais été très charismatique au micro et le fait qu'il prenne autant de place sur ce album n'aide pas à s'y projeter. Donc il ne reste plus que tout ce qui ressemble au vieux Linkin Park pour moi mais sans la fraicheur et sans l'envie d'être plus qu'un erzatz poli de Limp Bizkit. Musicalement le groupe a fait bien pire mais je suis attristé du sentiment d'indifférence qui le mien aujourd'hui et que j'identifie comme un produit d'un manque cruel d'ambition - c'est bien pire d'être ennuyé que d'être révolté et j'avais au moins l'impatience de découvrir chaque album de Linkin Park passé A Thousand Suns pour cette raison. Je rajouterais également que j'entends que Linkin Park n'a jamais été concrètement un génie de la musique (je suis bien d'accord) et qu'il y a sans doute trop d'émotion (voire de traumatismes) chez certains à ce stade pour être rationnel vis à vis de ce From Zero (et j'en fais partie), je pense aussi qu'il faut éviter de verser dans le problème inverse qui consisterait à atténuer ses exigences face à un projet qui part de si loin, musicalement mais pas seulement.
Ben , le 26/11/2024 à 18:25
Moi-même n'étant pas un fan de Linkin Park, j'ai eu une sacré claque en entendant "Emptiness Machine" pour la première fois. J'étais comme un fou comme je ne l'ai pas depuis un sacré bail. Et leur album est dans le même calibre. Hormis "Cut the Bridge" ok tiers, tout le reste n'est pas a jeter, pas la peine d'appuyer sur skip sur cet album tant tout s'écoute parfaitement. IGYEIA est ma préférée, elle se déchire les poumons a la fin la nouvelle chanteuse (qui remplit super bien son rôle très difficile.. Chester me manque c'est dingue :( Par contre, oui je vous trouve assez sévère avec Shinoda. C'est pas forcément le meilleur chanteur et rappeur, mais s'associe toujours aussi bien avec un duo (Chester ou Emily) et surtout, pour avoir vu plusieurs extraits de concert dernierement, c'est je crois le seul gars actuel qui a le sourire du début à la fin du show, il est heureux de retrouver le public, je pense que c'est quelqu'un qui prend les choses très a coeur dans ses projets et veut faire plaisir aux fans. Et pour moi ça a payé. Et il aura certainement toujours l'ombre de Chester dans chaque concert, chaque nouvel album, malgré le "from zéro" peu assumé mais pas grave car comme Mike dit depuis son retour : "je vous présente la nouvelle chanteuse du groupe, et dans le rôle de Chester, vous les fans". Rien que pour cette bienveillance, et cet envie de bien faire et de faire revivre un groupe culte (quoiqu'on en pense de ce groupe et de ces albums) sans oublier Chester, il a mon admiration. Dsl je suis pas pro parole avec des mots profonds etc.. j'écris dans le ressenti. Et je pense rater le stade de France car très certainement déjà complet. ....
jojo, le 26/11/2024 à 15:25
En tant que "non fan" du groupe, dans le sens où je trouve leurs deux premiers efforts très surestimés par les fans (quid du caractère très formaté des structures, quid de l'absence de variations entre même refrains, quid de l'aspect copy/cut de Meteora par rapport à Hybrid Theory, quid de la production très datée de l'ensemble), et leurs efforts suivants, très sous-estimés (bien que seulement sympathiques, la faute à une propension à la pop formatée trop importante, mais aussi à des choix de production en dents de scie... on passera sur One More Light qui est leur seul album mauvais de bout en bout, bien qu'audacieux par rapport à ce qu'on pourrait attendre du groupe), je dois dire que j'ai été globalement plutôt surpris en bien par ce From Zero. Alors bien sûr, comme les autres, je trouve qu'il est inconstant, dans le sens où il fait des choix audacieux qui paient (Casualty est étonnamment excellent dans son registre, et sans aucun compromis radio-friendly), mais tombe aussi pas mal dans une zone de confort (Heavy is the Crown, pas mal mais déjà entendue 100 fois), ou alors dans une sorte de pop surproduite pas inintéressante, mais relativement formatée. Je trouve que la chanteuse fait très bien le taff (c'est aussi qualitatif que Chester Bennington, en dépit d'un grain de voix moins immédiatement identifiable). Shinoda est toujours aussi moyen effectivement (mais j'ai aussi noté que son chant fonctionnait bien sur Good Things Go). Bref, ça s'écoute non sans déplaisir même si c'est pas l'album de l'année. J'attends un album complet d'eux qui serait dans la même veine que Casualty (avec un peu de Two Faced pour le pendant plus accessible, il m'évoque les meilleurs morceaux de Limp Bizkit celui-ci).
NicolasAR, le 26/11/2024 à 14:52
Ce que tu dis est très juste, @Daniel, concernant le risque de prendre une femme pour suppléer Bennington et la volée de bois vert que ça leur a valu : s'ils avaient simplement pensé au fric, ils n'auraient sans doute pas agi ainsi. Merci pour les compliments ! ...même si l'album n'en mérite certainement pas tant.
DiegoAR, le 26/11/2024 à 12:48
Un album qui laisse ni chaud ni froid, en particulier en raison de la non pertinence du groupe... Mais je m'associe à @Daniel pour louer la qualité de la chronique, qui réussit le pari de l'analyse raisonnée sur un sujet souvent trop irrationnel.
FrancoisAR, le 26/11/2024 à 12:25
@Daniel, je ne sais pas si Linkin Park mérite toutes les attaques "haineuses" qu'il subit, mais quoi que le groupe ait fait, il ne mérite pas d'être associé au petit Jésus et à John Lennon. C'est cruel de ta part.
DanielAR, le 26/11/2024 à 12:10
La chronique de Nicolas est un modèle d'équilibre et de bon sens. En ce qui concerne la discussion relative à l'opportunité "commerciale" de conserver le nom du groupe, je pense que, dans un milieu aussi machiste que le rock, le fait d'avoir remplacé un homme sombre (devenu un "artiste indispensable" à titre posthume) par une jeune femme solaire est un choix "non commercial". Les premières réactions ont été plutôt négatives, voire haineuses, parce que c'était une femme. La réussite actuelle du projet (l'album cartonne dans les charts) récompense une prise de risque peu en phase avec la récente évolution assez pénible du monde. Je ne suis pas ultra fan de la musique de Linkin Park mais je suis heureux de les savoir là. Peace on Earth, comme auraient dit Petit Jésus et John Lennon.