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Critique d'album

Iron Maiden


Piece of Mind


(16/05/1983 - EMI - New Wave of British Heavy Meta - Genre : Hard / Métal)
Produit par Martin Birch

1- Where Eagles Dare / 2- Revelations / 3- Flight of Icarus / 4- Die With Your Boots On / 5- The Trooper / 6- Still Life / 7- Quest for Fire / 8- Sun and Steel / 9- To Tame a Land
Note de 4.5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"En ces temps où les dinosaures arpentaient la Terre, les hommes entamèrent leur quête du feu… Steve Reader’s Digest Harris "
Daniel, le 31/07/2024
( mots)


Loi du Talion

Il y a des personnes que l’on aimerait ne pas connaître pour avoir encore le plaisir de faire leur rencontre. Il y a des peintures que l’on aimerait ne jamais avoir vues pour avoir encore le frisson de les découvrir avec un regard neuf. Et il y a des titres que l’on aimerait ne jamais avoir entendus pour avoir la joie de les écouter pour la première fois.

"The Trooper" fait partie du lot. Ce titre a pris ma vie. Pour toujours J’étais déjà un Iron depuis "Runnin’ Free". Je suis passé ici à un stade supérieur de dévotion. Déjà rien que pour cette intro délirante que j’écoute toujours avec le même plaisir quatre décennies plus tard.

You'll take my life, but I'll take yours too

Onze mots et une virgule… La parfaite description de l’absurdité imbécile de la guerre (de Crimée en l’occurrence) résumée en une phrase qui assassine la fatuité tragique de Lord Cardigan, instigateur de la charge suicidaire de la "légendaire" Brigade Légère.

En enregistrant un hymne à ce point représentatif de la NWOBHM dans toute sa violence et sa modernité musicale d’alors, Iron Maiden a définitivement conquis sa place en tête du peloton.

Chef d’œuvre.

Le cerveau de Monsieur est avancé…

Viré comme un malpropre, le pourtant excellent Clive Burr est remplacé par un aîné plus technique, Nicko McBrain, débauché chez Trust.

Et, en parlant de "brain", il va justement être souvent question de cerveau et de cervelle dans ce quatrième album d’Iron Maiden.

Depuis le titre jusqu’aux notes de pochette (rédigées au second degré) et depuis la photo intérieure jusqu’à l’excellente couverture qui montre le pauvre Eddie décervelé et enfermé dans une cellule capitonnée.

Musicalement, Piece Of Mind marque un nouveau (très grand) pas en avant. En propulsant la NWOBHM à un niveau plus élevé que jamais, plus technique et plus exigeant, le groupe assure son leadership sur la discipline.

Dirigé par un Steve Harris déjà omnipotent, McBrain explose le drumming de son temps. Son jeu sur l’intro de la première plage, "Where Eagles Dare", expédie immédiatement le quintet dans la stratosphère. Les lignes de basse sont phénoménales, les entrelacs à la tierce des guitares sont exceptionnels et le chant frôle la perfection, magnifié par la production extrêmement affutée de Martin Birch.

L’écoute de l’album cloue littéralement les petits rockers sur leurs tabourets de bar. Le bouche à oreille va faire un malheur et chaque jour qui passe voit gonfler les rangs des fans. C’est du délire dans les boutiques de disques, les écoles, les facultés puis les salles de concerts.

Et le marché des produits dérivés de s’affoler : billets, patches, badges, posters et t-shirts authentiques ou contrefaits. Les fans revêtent l’uniforme nouveau, deviennent à leur tour des Irons, prêchent la bonne parole en parfaits prosélytes et se rassemblent pour supporter "leur" groupe en tournée. Le petit monde de la musique musclée n’avait plus connu pareille adhésion depuis le mouvement punk (ou depuis la création de la Kiss Army).

Une véritable (et méritée) Maidenmania déferle partout ; il suffit de trouver un coin peinard où l’on peut trouver une bière fraîche et une platine pour s’écouter le vinyle…

En Angleterre, si Piece Of Mind plafonne "seulement" à la deuxième place des charts, c’est parce que la première est cadenassée par l’horrifique Thriller de Bambi Jackson.

C’est que l’album compte, outre "The Trooper" et "Where Eagles Dare" déjà cités, des titres aussi définitifs que le théâtral "Flight Of Icarus", le lovecraftien "Still Life" et le monumental "To Tame A Land".

Piece Of Mind devient un "classique instantané" dès le 16 mai 1983, le jour de sa sortie…

Et il ne faudra plus patienter que quelques mois pour qu’Iron Maiden décroche, avec Powerslave, un album définitif et vraiment parfait.

Parce que Piece Of Mind présente encore quelques péchés de jeunesse : "Die With Your Boots On", "Sun And Steel" et le vilain "Quest For Fire" rentrent dans une gamme NWOBHM trop générique (1) tandis que le bancal "Revelations" (2), malgré des parties de guitares ciselées comme jamais, brise bêtement la dynamique du décollage après le délire de la première plage.

Et puis, et ça a fait le malheur de plus d’un groupe, Iron Maiden s’aventure dans des références "intellectuelles" parfois caricaturales et assez éloignées des soucis et préoccupations de sa fan base.

Un groupe comme Trust (d’où provient Nico McBrain) avait écrit "Antisocial, tu perds ton sang-froid / Repense à toutes ces années de service / Antisocial, bientôt des années de sévices / Enfin le temps perdu qu’on ne rattrape plus…"


Des propos que tous les petits rockers comprennent instinctivement.

Pour sa part, Iron Maiden s’embarque dans des délires où s’entremêlent les sciences occultes de carnaval (3), la vie méditative d’un samouraï, le mythe de Cthulhu, les légendes antiques, les conflits armés, l’attaque d’une forteresse nazie, les méchants dinosaures et les vers de sable chers à Frank Herbert.

Par souci de cohérence, certains y verront une forme d’esthétisme dandy, mais cette requalification datant des années 2000, cadre mal avec les origines, le look et la puissance sonique du groupe.  

C’est qu’il faut de la patience pour lire ces lyrics dont l’ensemble, assez indigeste, prend des allures de brocante. D’autant plus que les thèmes sont souvent traités de façon extrêmement superficielle (4).  

S’il s’agit de dandysme, c’est du dandysme de grand bazar. Au risque de me répéter, je continue de penser que ce ne sont pas le stylo et la feuille de papier qui font le poète ni la poétesse. Tout le monde n’est pas forcément doué pour sculpter des punchlines, imaginer des aphorismes historiques ou versifier avec pertinence (5).

Les fans (surtout non-anglophones) me diront que personne n’écoute Iron Maiden pour ses textes mais uniquement pour sa musique dont la qualité ne souffre d’aucune concurrence sérieuse en 1983. Je reste assez d’accord avec cette estimable façon de penser mais on ne m’ôtera jamais de l’esprit que – quelquefois – Bruce Dickinson n’est pas vraiment convaincu par ce qu’il chante.

Ça s’entend dans certaines de ses intonations. Il faut réécouter, par exemple, "To Tame A Land", dont l’écriture relève d’une rédaction d’écolier prépubère qui n’aurait rien compris des enjeux politiques, sociétaux et environnementaux évoqués dans Dune.

Il est le Kwizatz Haderach
Il est né de Caladan
Et prendra le Gom Jabbar

Il est difficile de vocaliser un charabia pareil après "Runnin’ Free" ou "Charlotte The Harlot". Et on comprend pourquoi Frank Herbert (qui n’aimait pas le rock même si sa saga s’inscrit dans la pop-culture) a refusé de donner son accord sur le fait que cette plage finale soit titrée "Dune" en hommage à son œuvre.

Par bonheur, sous la couche de verni pseudo-intellectuel, se niche parfois une sacrée dérision. Dans un contexte un peu tendu où le groupe avait été qualifié de satanique après The Number of The Beast, Nicko McBrain pousse la plaisanterie au trente-deuxième degré. En ouverture de "Still Life", il enregistre à l’envers (6) un message pseudo-satanique qui n’est en fait qu’une imitation avinée de l’acteur anglais John Bird imitant lui-même l’accent africain du tragique potentat Idi Amin Dada. Et merde aux culs bénis qui y ont vu (entendu) la confirmation de leurs accusations sans fondement.

L’héritage de la bête

Ce premier album enregistré par le line-up dit "classique" d’Iron Maiden a fait du groupe une valeur certaine du rock, toutes catégories confondues. Pour les petits rockers à tendance cuir noir et jeans directement tissé sur la peau, la revanche était belle en ce début de décennie musicale, principalement marquée par une orientation électronique aux insupportables parfums très arty-ficiels.

Sans ces cinq-là (six avec Martin Birch), sans cette génération nouvelle, sans cette énergie exceptionnelle, il y a fort à parier que le rock musclé aurait continué à perdre pied devant les petits mannequins perruqués qui tentaient d’étouffer le marché avec des sucrosités écœurantes.

Iron Maiden a rendu une fierté légitime aux headbangers et a tracé la route du futur faisant du métal une valeur durable. Jusqu’à phagocyter la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques quarante et un ans plus tard.

Ceux et celles qui portent chapeau feraient bien de se découvrir ! Les autres se contenteront d’un salut respectueux !

Up, the Irons !


(1) J’écris "générique" tout en sachant que bien d’autres groupes de la NWOBHM auraient donné leur cuir pour en pondre un pareil…

(2) On ne m’ôtera jamais de l’idée que ce titre est une concession faite à Bruce Dickinson qui avait déjà pesté de ne pouvoir placer ses lyrics sur l’album précédent.

(3) Il arrive un moment où on peut en avoir légitimement marre de ces allusions répétées à Aleister Crowley, cité à toutes les sauces par des musiciens qui ne savent même pas de qui il s’agit. Comme disait l’autre : Mister Crowley, Would you ride my white horse ? / Mister Crowley, it’s symbolic of course…

(4) Pour ne citer qu’un seul exemple, le texte de "Quest For Fire" est plus proche des Flintstones que de l’Encyclopédie. Tout le monde sait que des millions d’années se sont écoulées entre la disparition des dinosaures et l’apparition de l’humanité "à la recherche du feu".

(5) Pour contourner cet écueil, des groupes comme Blue Oyster Cult, King Crimson ou Kiss avaient choisi de faire appel à des écrivains extérieurs (Patti Smith, Peter Sinfield et Lou Reed, en l’occurrence) pour rédiger leurs textes.

(6) Ca ne fonctionne qu’avec le vinyle. Inutile de tenter une inversion des pôles d’un lecteur de CD.


Merci à ces dévoués relecteurs et relectrices sans qui mes textes seraient une fois truffés de belgicismes.

Cette chronique est dédiée à mon amie Ann-Lawrence et à son douloureux destin. J’ai beaucoup pensé à elle en réécoutant "Still Life". Comme ça, en passant… 

Note de 4.0/5 pour cet album
"D'année en année, ce cru de Maiden a su garder toute sa saveur et sa couleur."
Lulu, le 23/05/2006

Un des albums les plus intéressants de la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal) qui sévissait au début des années 80. C'est à cette époque qu'Iron Maiden était l'un des groupes majeurs de la scène Heavy notamment depuis leur précédent opus Number Of The Beast. On retrouve dans Piece Of Mind le line-up le plus apprécié par les fans (avec Nicko McBrain à la batterie fraîchement débauché du groupe Trust, il est chargé de remplacer Clive Burr). Iron Maiden avait l'habitude de présenter, sur chaque nouvel album, une ambiance différente : le satanisme (version light) pour The Number Of The Beast, l'Egypte ancienne pour Powerslave ou encore le monde futuriste dans Somewhere In Time. Ici, on a un peu plus de mal à trouver le thème principal. Peu importe, derrière ce superbe dessin d'Eddie, la mascotte depuis le début, enchaîné et ligoté dans une camisole de force, se trouvent neuf morceaux excellents dont certains les accompagnent depuis plus de vingt ans. Il y a bien sûr "The Trooper", sublime cavalcade sur le thème de la guerre froide qui a sa place définitive dans les concerts, au même titre que "The Number Of The Beast" de 1982 ou "Can I Play With Madness" de 1988. Avec une production meilleure que jamais, une richesse de composition au sommet, Iron Maiden n'a plus peur de s'exprimer, même si cela doit passer par des chansons plus longues et des solos de guitares qui prennent enfin la place qu'ils méritent. "Where Eagles Dare" reste classique dans sa structure mais la partie des solos propulse cette première chanson comme étant de très bonne augure pour la suite. "Revelations" est d'une richesse rare, tour à tour riff saccadé, parties lentes en arpège, accélération du rythme pour les solos toujours plus beaux et inspirés, parties instrumentales de haut niveau. Et cette basse qui ronfle à l'arrière... Une perle rare. Le point fort des compositions d'Iron Maiden est certainement le refrain toujours réussi comme dans "Flight Of Icarus" ou "Sun And Steel". Harris, père fondateur et bassiste, se fait le plaisir de placer dans chacun de ses albums une chanson à mi-chemin entre le progressif et le Heavy en racontant une épopée d'un personnage qui l'a marqué. Dans "To Tame A Land", il choisit de parler du roman Dune de Franck Herbert. Totalement incompréhensibles pour celui qui n'a pas lu le roman, les paroles se veulent juste une description extrêmement sommaire de la situation sur Arrakis. La musique est plus atmosphérique et repose davantage sur la basse et de longs solos de guitare réussis. Les passages chantés au contraire ne laisseront pas un grand souvenir. Bruce Dickinson a souvent critiqué les premiers albums pour contenir des chansons faibles et qui n'avaient pas vraiment leur place, ou alors en face B. "Still Life" et "Quest For Fire" font partie de ces chansons secondaires. Elles restent quand même agréables à écouter grâce à de bonnes parties de guitare. Quoiqu'il en soit, Piece Of Mind reste un grand cru. Il n'a perdu aucune saveur tout au long de ces années. Il est toujours bon de ré-entendre ces morceaux joués par des groupes de Heavy actuels, non seulement on s'aperçoit qu'Iron Maiden a été une grande source d'inspiration pour beaucoup mais en plus qu'il y a dans ces chansons une grande technique et un merveilleux sens de la mélodie qui les rendent sympathiques et nostalgiquement attachantes.

Commentaires
Sébastien, le 07/08/2024 à 13:11
Vraiment excellente cette chronique ! Coincé entre "The Number of The Beast" et "Powerslave", "Piece of Mind" est parfois aujourd'hui un peu moins côté alors qu'il n'a clairement pas à rougir de la concurrence des deux autres. Pour ce qui est des paroles, j'ai tendance à penser que presque personne n'écoute des groupes de rock pour les paroles. Et la diversité des thèmes abordés a peut-être permis à des petits rockers de découvrir de nombreux sujets chers à leur groupe favori. C'est déjà ça.
Willy59, le 22/04/2020 à 16:06
Plus qu'un album de heavy metal classique, un chef d'oeuvre de composition tant les mélodies sont belles, les riffs acérés et les solos recherchés. Bruce D. déploie de magnifique sommet vocaux et place très bien sa voix. Piece of Mind c'est également un son particulier, batterie et guitares sont spécifiques, très brut, sans trop de floritures inutiles. Les compositions sont complexes, et créées parfois une très belle atmosphère (To tame a Land), ou encore permettent a deux compos rythmiques de se retrouver en battle solo pour un finish magistral (Revelation), et que dire de ce magnifique morceau d'ouverture 'Where Eagles Dare' de 6' avec une intro à vous réveiller une armée d'aigles métaleux ! Oui, une pièce maîtresse du groupe qui demande toute votre attention. Dans le top 3 du groupe me concernant. Bonne écoute !