
The Vintage Caravan
Portals
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Depuis 2006, The Vintage Caravan s’affaire album après album, concert après concert, à devenir la référence islandaise de la scène hard-rock revival à relents psychédéliques au sein de laquelle les groupes scandinaves sont légions. Difficile de se démarquer parmi ce monde prolifique, même si les insulaires sortent régulièrement de leur contrée pour porter sur scène leur musique désormais bien connue des circuits européens. En outre, ils avaient diversifié leur esthétique sur Monuments (2021) en adoptant des structures de plus en plus progressives sur certains titres.
En 2025, The Vintage Caravan décide de redoubler d’ambition avec Portals, un long album marginalement conceptuel puisque les portails en question sont des intermèdes instrumentaux (qui ramènent le total de 17 titres à 12 morceaux à part entière) censés nous faire traverser des paysages musicaux variés. Cela après être passés par un premier titre introductif, l’excellent "Philosopher" sur lequel le groupe s’est arrogé les services de Mikael Åkerfeldt (Opeth), au profit d’un résultat qui évoque sensiblement la période Sorceress (2016) tout en maintenant l'identité hard psyché du groupe (en se permettant même des "oooh" un peu pop).
Le lecteur voudra bien nous excuser : la chronique titre par titre, respectant l’ordre de l’album, est souvent rébarbative, mais Portals se prête particulièrement bien à l’exercice : une fois n’est pas coutume, nous suivrons les méandres de l’opus pour parcourir le chemin tracé par le groupe.
Franchissant un premier portail ("Portal I"), nous sommes accueillis par les grosses guitares qui s’imposent vite sur "Days Go By" au profit d’un hard-blues rock légèrement psyché. Ici, The Vintage Caravan semble vouloir rassurer son auditoire en proposant un très bon titre calibré qui respecte leur esthétique habituelle. Cette première étape est courte puisqu’un deuxième intermède à la Tangerine Dream ("Portal II") nous projette ensuite dans l’introduction jazzy tamisée de "Here You Come Again", qui retrouve vite une orientation rock tantôt heurtée, tantôt planante, faite de subtiles ruptures rythmiques. Suivent l’excellente ballade folk "Current", dotée d’un très beau passage instrumental arpégé à la manière de Wishbone Ash, annonciatrice d’une montée en puissance martelée, et un nouveau titre dans le registre heavy-blues-rock, "Give and Take".
Après une nouvelle transition lumineuse ("Portal III"), "Crossroads" se veut être un tube rock moderne et aguicheur par son côté pop qu’on retrouve ensuite sur "Alone", offrant à cette sous-partie une vraie cohérence stylistique. La fanfare tamisée de "Portal IV" permet au groupe d’effectuer un retour vers le classic-rock sur "Freedom" et sur le bien nommé "Riot", interprété d’une manière plus énervée grâce à un riff submergeant comme une charge de cavalerie. Cela donne l'opportunité de jouer sur l’effet de contraste avec la cadence dansante d’"Electrified" qui renoue avec les velléités pop affichées plus tôt. Un ultime portail ("Portal V"), un peu plus long et mélodique, fait se succéder une ballade acoustique à relents country ("My Aurora") et, sans transition, une pièce saturée du type action-rock suédois, "This Road".
Varié, copieux mais sans remplissage, surprenant, respectueux de l’identité du groupe, Portals est une forme d’accomplissement artistique pour The Vintage Caravan, qui signe ici un album fondamentalement ambitieux comme on aimerait en savourer plus souvent.
À écouter : "Philosopher", "Days Go By", "Current", "Crossroads", "Riot", "Electrified"


















