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Critique d'album

Michael Kiwanuka


Love & Hate


(15/07/2016 - Polydor - Soul - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un magnifique exutoire à la passion des sentiments"
Quentin, le 01/08/2024
( mots)

Bien loin de se laisser enfermer par le succès de son premier album Home Again paru en 2012 qui l’invitait à poursuivre une carrière de soul-folk chaleureuse mais à la voie somme toute classique, Michael Kiwanuka, échaudé par cette notoriété soudaine, a souhaité prendre des risques sur son second album.


Accompagné par le producteur de la première heure, Paul Butler, et secondé par Brian Burton (le bien connu « Danger Mouse » pour les intimes), le Britannique délaisse son côté introverti pour embrasser la démesure des années 1970 avec un mélange classieux de rock psychédélique hypnotisant, de soul éclatante et de folk sensible. Ce second album intitulé Love & Hate est résolument ancré dans la dualité des sentiments, mêlant la passion, la colère et la tristesse dans un ensemble à la fois lyrique et ambitieux. L'ensemble du disque est doté d'une atmosphère crépusculaire et en même temps d'une profonde chaleur dès que la voix de Michael Kiwanuka résonne, toujours d'une élégance et d'une justesse rare là où les chanteurs de soul ont tendance à en faire des caisses et à s'enfoncer dans un océan de guimauve. Les arrangements sont à la fois somptueux et très organiques, les cordes enrobant des mélodies majestueuses, sans mièvrerie tandis que les chœurs imbibés de soul très typés 70's se fondent dans des nappes de claviers aux sonorités riches.


Symbole de ce renouveau flamboyant, le titre d'ouverture "Cold Little Heart" nous offre dix minutes d'un rock très cinématographique, planant et gorgé d'émotion. Les chœurs aériens et lancinants nous embarquent dans un voyage d'une douceur infinie où s'étirent les notes d'une guitare gilmourienne avant l'arrivée de la voix si profonde de Michael Kiwanuka qui expose ses doutes et ses difficultés face à l'adversité. La mélodie, simple mais parfaitement mise en valeur, résonne encore en tête alors que l'air gospel entraînant de "Black Man In A White World" déboule avec son tempo haletant. Fils d’émigrés ougandais qui ayant fui le régime d'Amin Dada, Kiwanuka y évoque la place qu'il occupe en tant que personne et artiste appartenant à une minorité, jusqu'à ses propres concerts, où, de son propre aveu, il rencontre un public essentiellement blanc. Des éléments de soul revigorante qui se retrouvent également sur l'enjoué "One More Night" traversé par sa rythmique sautillante et enrobé par ses cuivres. On retrouve tout au long de l'album ces chœurs enlevés qui rappellent également le For Their Love des américains d'Other Lives, contribuant à donner de faux airs de western spaghetti au titre "Place I Belong" et son gospel langoureux orchestré par une rythmique tribale chaloupée sur laquelle se greffent des élans de fuzz et une wah-wah discrète.


Le reste de la production se veut plus mélancolique, à commencer par de très belles ballades à cœur ouvert telles que "Falling", écrin à la beauté douloureuse évoquant une déception amoureuse, qui se voit complétée un peu plus loin par la tristesse de "I'll Never Love", à l'atmosphère délicatement intimiste. Sublime dans son dépouillement initial, "Rule The World" offre un refrain aussi stupéfiant qu'accrocheur avec des chœurs habités dans un crescendo envoûtant où le swing des percussions et du jeu de guitare nous laisse extatique. Mais c'est surtout sur le magnifique morceau éponyme que l'émotivité atteint son paroxysme, emmené par un travail somptueux sur les voix et sur l'orchestration. Un titre où se confondent et s’entremêlent dans un ballet constant le désespoir et la lumière et qu'un remarquable solo de guitare fuzz vient sublimer.


Enfin, titre hybride qui montre que l'Anglais a élargi sa palette d'influences, "Father's Child" offre une première partie entre jazz et soul avant de nous envelopper avec une berceuse majestueuse voguant sur de beaux arpèges de piano et un long monologue de guitare fusante. Le phrasé blues un peu dissonant de "The Final Frame" se charge de clore l'album avec panache. Et si la version studio de ce dernier morceau est un peu sage, elle prend toute sa dimension en live avec un solo qui démontre également le talent du Britannique à la six-cordes.


Michael Kiwanuka livre donc avec ce Love & Hate bien plus qu'un album de soul, car c'est bien la bande-son des émotions que le chanteur retranscrit sur ces 10 pistes, sans pathos déplacé ou artifices superficiels. Si l'album suivant paru en 2019 et sobrement intitulé Kiwanuka trouvera un succès critique plus retentissant encore, avec un Mercury Prize à la clé, il ne retrouvera selon nous pas la grâce de cet opus hors normes. Peut-être le nouvel album à paraître cette année nous frappera-t-il à nouveau en plein cœur ? On vous le dira bien vite... 

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