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Critique d'album

The Horrors


Night Life


(21/03/2025 - Fiction Records - Punk / New Wave / Gothique - Genre : Rock)
Produit par

1- Ariel / 2- Silent Sister / 3- The Silence That Remains / 4- Trial By Fire / 5- The Feeling Is Gone / 6- Lotus Eater / 7- More Than Life / 8- When The Rhythm Breaks / 9- LA Runaway
Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Retour dans l’ombre pour mieux briller"
Mathieu, le 23/04/2025
( mots)

Nous pensions avoir perdu Faris Badwan et The Horrors dans les limbes de l’expérimentation après les surprenants – et disons le, décevants – EPs Lout et Against the Blade, sortis en 2021. Ces escapades techno/industrielles aux contours abrasifs faisaient figure de virage déroutant, surtout après l’excellent V, sommet de leur discographie, lumineux, synthétique et audacieux. Une claque. Et puis, plus rien. Ou presque.


Trois ans plus tard, contre toute attente, la bande de Southend-on-Sea annonce son retour avec Night Life, leur sixième album studio. Dévoilé sans grande mise en scène, il marque également un remaniement de l’effectif : autour du noyau dur composé de Faris Badwan (chant), Joshua Hayward (guitare) et Rhys Webb (basse), viennent se greffer Amelia Kidd aux claviers et Jordan Cook à la batterie. Il n’est ici question d’un quelconque retour aux sources mais plutôt d’une remise à plat, une manière de retrouver l’essence du groupe tout en explorant de nouveaux recoins de l’obscurité, qui s’est, avec le recul, bien dissipée depuis Strange House et Primary Colors.


Dès les premières secondes, le ton est donné. Night Life est un disque qui puisse son essence à la tombée du jour, qui respire l’ombre. L’introductif “Ariel” pose les bases : nappes synthétiques épaisses, bidouillages électroniques syncopés et basse massive rampante. Le morceau progresse lentement, menace et annonce l’ambiance moite et poisseuse qui ne s’échappera plus vraiment. "Silent Sister”, qui suit, allie trip acid-techno (cette fois parfaitement dosé) et refrain électrique saisissant, tandis que “Trial by Fire” nous balance en pleine tronche son refrain puissant un poil rébarbatif.


The Horrors renouent ici avec une esthétique sonore maîtrisée. Les guitares, souvent en retrait, surgissent en vagues saturées, plus texturales que mélodiques. Elles grésillent, vrillent, dessinent des halos autour de synthés omniprésents et responsables de cette atmosphère brumeuse. Le mixage laisse justement libre court à cet espace d’expression, permettant d’accentuer le contraste entre moments d’accalmie presque minimalistes (“The Feeling Is Gone”, “When The Rythm Breaks”) et montées en puissances denses et électriques (“More Than Life”). Les instants plus obscurs et expérimentaux, qui faisaient justement défaut sur les deux précédents EPs, sont ici filtrés par une sensibilité mélodique judicieusement dosée. On pense notamment à “Lotus Eater” et ses arabesques numériques rappelant Radiohead période King of Limbs.


Le chant magnétique de Faris Badwan a quand a lui retrouvé de sa splendeur. Il ne crie plus, il murmure, il incante. Sur “The Feeling Is Gone”, il flotte au-dessus de beats rigides et d’un groove synthétique glacial, comme un écho aux grandes heures de la synthpop façon Depeche Mode. Deux temps forts se détachent tout de même nettement de cet ensemble dense, lorsque le chanteur matérialise le lead de son timbre clair et lisible, qui faisait déjà mouche sur V. “The Silence That Remains”, long tunnel hanté par ses synthés fantomatiques alliés à une basse rigide et ses rythmiques industrielles martelées, et “More Than Life”, le single du disque usant d’une approche bien plus aérienne, presque onirique. Un morceau suspendu, mélancolique, où la voix de Badwan semble transpercer le brouillard ambiant. L’album s'achève d’ailleurs en fendant les nuages avec “When the Rhythm Breaks”, trip hypnotique porté par ses nappes synthétiques sinueuses, et L.A. Runaway, qui surprend avec son énergie presque dansante, son riff à la The Cure et ses accents new wave affirmés. Une touche finale presque inattendue dans ce contenu en noir et blanc, qui injecte un peu de couleur sans en trahir l’esthétique.


Passé les premières impressions rugueuses et hermétiques, les morceaux de Night Life finissent par se déployer avec fluidité, alternant tension sourde et respirations aériennes. Pensé comme une traversée onirique des ténèbres, ce sixième album s’apprivoise, se dévoile peu à peu jusqu'à révéler toute sa sensibilité et sa richesse mélodique. Night Life est une réussite inattendue qui ne cherche pas à reproduire les gloires du passé, et qui permet à The Horrors de renouer avec ce qui les rendait si captivants : cette capacité à surprendre, à déranger et envoûter. En somme, un retour dans l’ombre, pour mieux briller.


 


A écouter : “The Silence That Remains”, “More Than Life”, “LA Runaway”. 

Commentaires
MathildeAR, le 23/04/2025 à 08:26
Il est bon de récupérer les groupes égarés, ou en tous cas qui ont été hors radar depuis des années. The Horrors livrent un rock effectivement plus contenu mais toujours gothico shoegaze élégant, l'album est adaptable effectivement à la saison printemps-été comme à la saison automne-hiver tant il est lumineux, comme tu le dis Matthieu, merci pour cette chronique !