
Nuova Idea
In The Beginning
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1- Come, Come, Come... (Vieni, Vieni, Vieni...) / 2- Realtà / 3- la mia scelta / 4- Non dire niente... (ho già capito) / 5- Dolce Amore


L’incroyable essor du rock progressif en Italie dans les années 1970 n’est pas le produit d’une génération spontanée. Au contraire, l’histoire du rock italien suit minutieusement les étapes des dynamiques anglo-saxonnes qu'imitent les groupes locaux : dans les années 1960, la beat music à la Beatles, le blues boom typé Cream ou le rock psychédélique (marqué par un goût prononcé pour Hendrix) trouvent des incarnations aux quatre coins de la Botte. Il suffit d’écouter le premier album de Le Orme (Ad Gloriam, 1968), les premières œuvres de Banco del Mutuo Soccorso (publiées en 1989 sur Dona Plautilla), ce que PFM faisait sous le nom d’I Quelli. Alors que la vague progressive commence à déferler sur l’Italie, certains albums aujourd’hui classés dans le RPI gardent en fait des traits psychédéliques affirmés : le premier opus de The Trip (1970), de Gleemen (le combo pré-Garybaldi, en 1970), d’Il Balletto di Bronzo (Sirio 2222, 1970) ou encore de Nuova Idea (In the Beginning, 1971).
À l’échelle de la scène progressive italienne, Nuova Idea reste un groupe secondaire qui n’a jamais vraiment brillé au cours de ses trois albums, mais il a le mérite d’être un condensé de l’histoire du rock italien. Initialement, le groupe génois découle d’une formation connue sous le nom Plep qui imitait le rock anglais des 60’s, avant de dériver vers le rock psychédélique sous les pseudonymes, pour des raisons contractuelles, de The Underground Set (deux albums en 1970 et 1971) et The Psycheground Group (un album en 1971). En 1971, Nuova Idea arrive dans les bacs avec son premier album publié sans l’accord des musiciens par le label qui voulait capitaliser sur le succès obtenu par le groupe lors du festival de Viareggio au printemps 1971 grâce à sa première grande composition (à ce festival jouèrent aussi PFM, Stormy Six, Il Rovescio della Medaglia, Osanna, Delirium et bien d’autres).
Cette grande compositions prend le nom de "Come Come Come" et occupe la première face d’In the Beginning dans son intégralité (soit une vingtaine de minutes). Si l’on ajoute qu’il s’agit d’une relecture musicale de Macbeth, l’intention progressive devient indéniable. Dans un premier temps, le titre ne s’éloigne guère d’un Heavy-prog’ à la Uriah Heep, avec une influence purplienne également perceptible, puis s’engage dans des passages plus proches du folk-rock américain. S’en suivent quelques intermèdes planants, un long solo de batterie et un final jazzy qui rebondit sur le thème initial : la construction est encore hésitante, des longueurs sont à déplorer, mais le chant en italien donne à voir un RPI en pleine gestation.
La deuxième face est composée de singles déjà parus par ailleurs et qui servent seulement de remplissage : "Realtà" commence comme une ballade mièvre et désuète avant de se muscler (une forme de crooner-rock), "Non Dire Niente … (Ho Già Capito)" est une ballade folk-psychédélique assez kitsch, alors que "La Mia Scelta" et "Dolce Amore" sont deux titres rock très calibrés, le premier un peu pataud, le second gâché par de mauvais chœurs insupportables.
Assez anecdotique, cet album est justement représentatif d’une dynamique italienne plus globale qui, dans les années 1970, allait amenait les groupes dits "pop" vers le rock progressif, au point de former l’une des scènes les plus riches du genre. Prenez le donc pour ce qu’il est : un modeste morceau du RPI florissant.
À écouter : "Come Come Come"