
Hey Hey My My
Démo
Produit par
1- Too Much Space / 2- Morricone / 3- A True Story / 4- Your Eyes When We Kiss / 5- I Need Some Time


"Neil Young !" s’écrieront probablement les internautes les plus avisés. Mais du songwriter torturé qui inspira l’épitaphe de Kurt Cobain il n’est point question ici, pas plus que le titre "Morricone" ne fait référence au compositeur attitré de Sergio Leone. Duo français formé l’année dernière lors d’un concert privé qui mit littéralement le feu à l’appartement (d’où "It’s better to burn out than to fade away", d’où le titre de cette chanson, d’où le nom du groupe), les Hey Hey My My aiment brouiller les pistes.
Car, soyons clair, l’auditeur ne trouvera pas ici de folk ténébreux ou de textes crépusculaires déclamés par un artiste en pleine crise existentielle du style : "pendaison ou défenestration, alternatives économiques à l’overdose". Non, on s’aventurera davantage sur les terres d’une pop éthérée, naviguant entre folk lunatique et élans intimistes. Composé de deux guitaristes qui officient également chez British Hawaii , lesquels se partagent ici voix et chœurs, les Hey Hey My My optent pour un dépouillement qui tranche avec le faste des productions des artistes qui les ont pourtant inspiré comme Paul Mc Cartney.
Cette démo s’ouvre donc par un timide "Too Much Space", dans lequel les deux guitares dialoguent avec une batterie sobre. Puis vient "Morricone", qui ne rime pas avec harmonica et cris de hyènes mais avec tempo allègre et voix féminine boudeuse, venue en renfort pour l’occasion. L’ensemble décolle vraiment à partir du troisième morceau. Là, les Hey Hey My My quittent le statut de sympathiques amateurs gratouillant gentiment pour leurs potes de fac pour venir se draper dans une pop mutine et indolente. Les très réussis "A True Story" et "Your Eyes When We Kiss", presque susurrés, se posent rapidement sur les lèvres, évoquant ce genre de mélodie que l’on glisse dans l’oreille de la personne aimée ou que l’on fredonne, recroquevillé sur soi-même, lors des soirées d’hiver. Une espèce d’innocence et de fragilité se dégage de ces titres simples et délicats. Le tout se clôt par "I Need Some Time" dont les harmonies font immanquablement penser aux Beach Boys.
Oui, c’est décidément à la nonchalance de Brian Wilson qu’il faut davantage songer plutôt qu’aux démons de Neil Young à l’écoute de ces 5 titres habités par une insouciance très sixties. On se gardera toutefois de statuer de façon définitive sur ce groupe. Il ne s’agit là que d’une démo. Il est évident que certains arrangements méritent d’être fignolés, certaines compos gagnent à être quelque peu remaniées. Les Hey Hey My My sont en ce moment en studio afin d’enregistrer leur premier album, prévu pour septembre. Persévèreront-ils dans la voix du dépouillement ou apporteront-ils la production plus nourrie que semblent appeler certains de leurs titres ? Ce CD démo abouti dans son inachèvement vaut bien que l'on surveille ces gars-là du coin de l’oreille. Juste pour voir.