
Fat Supper
Fat Supper
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1- Step Back / 2- Knowledge n Feeling (feat. Astrid Radigue) / 3- Gravity None / 4- Basement / 5- Stuck in a Flat / 6- Twisted / 7- Every Nobody / 8- Tiny Wave


Passé le nom du groupe qui évoque, forcément, des fins de soirées indigestes, il n'y a plus de place pour le doute: Les Disques Normal, le label rennais qui n'a visiblement pas peur de l'aventure; et Kerviniou Records tiennent avec Fat Supper un album qui, à défaut d'être révolutionnaire s'avère agréable et truffé de petits détails qui font la différence.
Remarqués pour leur reprise aérienne et décalée du "Monkey Gone to Heaven" des Pixies sur le projet Redoo (qu'on vous conseille vivement au passage - soit tous les titres de Doolittle repris individuellement par des groupes de la scène lilloise ou assimilés), les Fat Supper sont pourtant loin d'être des bleus. Et, pour cause, il s'agit en fait du quatrième album de Leo88man, le groupe s'étant tout simplement fendu d'un nouveau nom et d'un changement de batteur au passage.
On retrouve donc des noms relativement familiers derrière ce patronyme: Leo Prud'homme, fondateur de Leo88man et claviériste au sein de Red au chant, André Rubeillon, également remarqué au sein de Moon Palace, et Pierre Marolleau, sans doute mieux connu pour ses activités de matraqueur de peaux au sein de Fordamage. Le groupe a aussi, depuis l'enregistrement de l'album, été rejoint par Yoan Buffeteau, des trop discrets Montgomery.
L'ambiance de ce premier opus version Fat Supper évoque d'emblée des atmosphères lourdes et américaines. On pense à Tom Waits pour la voix rocailleuse, au Eels des débuts pour l'effet décalé et à des ambiances blues du delta dans certains cas. Si "Step Back" annonce, en ouverture, une ambiance un rien shoegaze, "Knowledge and Feeling", avec Astrid Radigue des remarquables Mermonte en invitée, et le quasi-instrumental "Stuck In A Flat" se démarquent rapidement par leur ressenti doux et aéré.
Fat Supper se pose directement comme capable de varier les tempos, les talents et les approches. Les Bretons peuvent aussi monter dans les tours comme sur "Basement", bluesy et saturé, et "Every Nobody", et son approche carrée et terriblement rock'n'roll. Les changements de rythme sont incessants, chaque titre semblant avoir sa vie propre.
D'un abord pas si évident qu'il n'y paraît, cet album mérite néanmoins que l'on s'y attarde, les esgourdes grandes ouvertes. Fondamentalement rock, insidieusement familier, moins dépouillé qu'il ne veut bien le laisser croire, ce "souper gras" se mérite, car il demande attention et curiosité de la part de l'auditeur. S'ill passe comme presque insignifiant à la toute première écoute, les nombreux détails qu'il renferme ne s'offriront qu'au fur et à mesure des écoutes à qui voudra bien se donner la peine de les découvrir.
Un recueil étrange mais attachant, qui s'accomodera tant d'une écoute détendue au petit matin, café à la main, que d'une fin de soirée difficile, affalé dans un fauteil avec un petit remontant. Etrange certes, mais vivement recommandé.