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Critique d'album

Peter Doherty


Felt Better Alive


(16/05/2025 - Strap Originals - Sex, drugs & rock n' roll - Genre : Rock)
Produit par Mike Moore

1- Calvados / 2- Pot Of Gold / 3- The Day The Baron Died / 4- Stade Océan / 5- Out Of Tune Balloon / 6- Felt Better Alive / 7- Ed Belly / 8- Poca Mahoney's / 9- Fingee / 10- Prêtre De La Mer / 11- Empty Room
Note de /5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"L'art imparfait de Peter Doherty"
Julien, le 10/06/2025
( mots)

À peine une année s’est écoulée depuis la sortie du dernier disque de The Libertines, et voilà que Peter Doherty livre déjà un nouvel album. Le poète d'Albion en est mine de rien à son troisième opus publié en trois ans, une productivité qu’on ne lui connaissait pas. Un rythme de sortie inhabituel pour Doherty, sans doute rendu possible par sa nouvelle vie désintoxiquée, bien loin de l’oisiveté résultant des nuisances addictives. Son esprit est désormais tourné vers ses inspirations artistiques, celles qui semblent l’habiter dans sa vie en Normandie.


Après The Fantasy Life Of Poetry And Crimes, paru en 2022, Felt Better Alive s’avance comme une nouvelle déclaration d’amour du chanteur britannique aux terres normandes. Si la thématique persiste, la forme musicale, elle, évolue. Là où sa précédente publication, enregistrée avec le compositeur Frédéric Lô, évoluait sur des sentiers baroques balisés par la mélancolie, Felt Better Alive et sa substance résolument folk se veut plus enjoués, festifs, mais aussi plus simples.
Le disque s’ouvre sur "Calvados", une escapade folk très classique dans le style dohertien avec ses arrangements à base de cordes. Un registre dans lequel s’inscrit également le morceau éponyme "Felt Better Alive". De quoi contenter l’auditoire du dandy britannique à l'écoute de ces titres réussis et surtout aboutis. La notion d'aboutissement qui, si elle semble naturelle, ne saurait prévaloir sur l’entièreté de l’album. Comme il est régulièrement de coutume chez le chanteur de Babyshambles, on a le sentiment que son auteur est entré en studio avec quatre ou cinq morceaux réellement finis, prêts à être enregistrés, tandis que le reste découle d’improvisations de dernière minute, plus ou moins réussies. L’intuition qu’une partie des chansons ne sont là que pour justifier la parution de l’album. On pensera ici à la dissonante "Out Of Tune Balloon", à la litanie religieuse "Prêtre De La Mer" avec ses monotones interventions liturgiques du prêtre, ou encore au rockabilly maladroit proposé sur "Fingee". S’il fallait se convaincre de l’insuffisance ressentie à l'écoute de ces titres, on se penchera sur les textes, là où Doherty est habituellement si pertinent : ils sont ici creux, leur auteur évoluant entre "yaourt" et quelques phrases répétées en boucle. On touche ici aux limites de ce que je qualifie "d’à-peu-près dohertien" : ce minimalisme a toujours accompagné le chanteur anglais, mais pour apporter du relief, donner de l’éclat, Doherty se doit d’être accompagné d’un architecte, autrement dit un producteur capable de troquer le vide pour l'âme. C’est ce qu’ont réussi à faire Frédéric Lô et surtout Stéphane Street, ces tierces personnes qui arrivent à insuffler de la magie dans la primitivité, contribuant au grand écart qualitatif qui peut exister entre Grace/Wastelands et Hamburg Demonstrations.
On ne blâmera pas le producteur Mike Moore, qui réalise ici un travail honorable, mais qui n’est pas franchement aidé par les choix de son créateur. "Paco Mahoney’s" se lançait avec des intentions rock et électriques bien senties, rapidement gâchées par les interventions de Lisa O’Neill. Il en résulte l’impression d’écouter un morceau joué en fin de soirée dans un pub du Havre, une fois les portes fermées.
Il persiste malgré tout quelques très bonnes choses dans ce Felt Better Alive. La chanson "Pot Of Gold", avec son premier couplet explicite que Peter Doherty a composé pour sa dernière-née, se démarque. On retiendra surtout "The Day The Baron Dies", titre enfin enlevé et juste sur toute la ligne, bizarrement celui qui prolonge le plus le propos romantique de The Fantasy Life Of Poetry And Crimes.


En somme, Felt Better Alive témoigne d’une période prolifique et apaisée pour Peter Doherty, mais aussi d’une forme de flottement artistique. Si l’album séduit par instants, porté par quelques compositions sincères et touchantes, il souffre néanmoins d’un déséquilibre flagrant entre morceaux aboutis et fragments d’inspiration laissés en l’état. Loin de la précision baroque de The Fantasy Life Of Poetry And Crimes, ce nouvel opus apparaît plus brut, parfois trop, au point de frôler l’anecdotique. Ce n’est pas tant la sobriété du chanteur qui est en cause, mais plutôt l’absence d’un véritable contrepoint artistique capable de canaliser son intuition. Doherty semble ici livré à lui-même, et cela se ressent. Reste la sincérité d’une démarche qui, malgré ses limites, continue d’éclairer l’ombre d’un artiste habité, toujours capable, par éclats, de toucher juste.


 


A écouter : "The Day The Baron Died" ; "Felt Better Alive"

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