
Porcupine Tree
Recordings
Produit par Steven Wilson
1- Buying New Soul / 2- Access Denied / 3- Cure for Optimism / 4- Untitled / 5- Disappear / 6- Ambulance Chasing / 7- In Formaldehyde / 8- Even Less / 9- Oceans Have No Memory


C'est donc entendu : il n'y aura pas  d'inédit du côté de Steven Wilson cette année. Pour autant, impossible  d'affirmer que nous n'aurons pas été gâtés en 2010 avec Porcupine  Tree. Après un live d'excellente facture (Anesthetize, voir ici pour un aperçu), le groupe a eu la riche idée de rééditer les B-Sides de la période pop rock de l'arbre, représentée par le duo Stupid Dream / Lightbulb Sun. Et comme Recordings,  sorti initialement en 2001, n'a été publié à l'époque qu'à 20.000  copies en tout et pour tout, autant dire que nombre d'entre vous  découvriront ce recueil pour la première fois près de 10 ans après sa  sortie.
Ceux qui sont habitués aux productions récentes de Porcupine  Tree risquent de ne pas reconnaître le groupe sur ce disque. Pour  autant, ne nous laissons pas leurrer : même si le metal n'avait pas  encore envahi les compositions de Wilson à cette période, on ne peut  nier à Stupid Dream et à Lightbulb Sun de solides qualités  mélodiques mises au service d'un rock qui se voulait plus simple, moins  tarabiscoté, moins cérébral que ce que le groupe avait réalisé par le  passé. De son côté, Recordings prolonge à merveille ces deux  disques en les éclairant d'un jour complètement neuf. En effet, autant  Wilson avait volontairement taillé dans ses compositions pour les  réduire au strict minimum et les rendre le plus accessible possible au  grand public avec Stupid Dream et Lightbulb Sun, autant il  n'avait pas complètement oublié toute velléité progressive à cette  époque. Preuve en est ce recueil qui garde donc la même tonalité rêveuse  et mélancolique que celle de ses deux grands frères mais qui prend  beaucoup plus d'aises dans l'exposition du propos.
L'exemple le plus marquant de ce postulat est évidemment la version rallongée d' "Even Less", le morceau qui ouvre Stupid Dream  et qui culmine ici à plus de quatorze minutes en nous révèlant  d'ailleurs, dans ses textes ajoutés, l'origine du titre de l'album.  Placé en fin de liste, le titre se révèle assez déstabilisant pour ceux  qui se sont amplement contentés de l'ancienne version (qui faisait déjà  sept minutes à l'époque !), mais il finit petit à petit à imposer sans  trop d'effort son long jam psyché sur fond de basse débonnaire. Mis à  part ce monstre, on retrouve grosso modo deux types de morceaux sur ce  recueil : des complaintes pop finement ciselées et étincelantes de  songwriting simple et pudique ("Cure For Optimism", "Disappear", ou  encore le moins irrésistible "Formaldehyde") et des instrumentaux  psychédéliques sombres et lancinants qui rendent un magnifique hommage à  Pink Floyd ("Untitled", un morceau de bravoure tout simplement épatant,  ou encore "Ambulance Chasing" qui flirte avec la drone music et l'indu  par moments). En introduction, on aura droit en plus à des morceaux plus  atypiques, comme l'asphyxiant "Access Denied" qui étonne sans cesse par  sa rythmique saccadée et ses sautes d'humeurs, et surtout le très joli  "Buying New Soul", splendide ritournelle mélancolique richement  harmonisée qui s'ouvre et se conclut par de petits arpèges de synthé  évanescents. Sans compter, pour finir, le très beau "Oceans Have No  Memory", petit instrumental solaire aussi simple qu'incontournable.
Vous  l'aurez compris, cette collection de B-Sides vaut très largement le  détour, et il s'en faut vraiment de très peu pour qu'elle n'atteigne le  niveau des albums originels. Recordings est un bon moyen de se  replonger dans une période musicale passionnante de Porcupine Tree,  même si on conseillera en priorité aux néophytes de se tourner vers Stupid Dream et / ou Lightbulb Sun,  deux albums très liés en terme mélodique et d'une finition absolument  exemplaire (ce qui n'est pas totalement le cas de ce recueil). Et à  l'heure où l'on sent que Steven Wilson a fait le tour de ses allants  métalleux et qu'il commence à s'ouvrir à d'autres champs d'exploration  (cold wave, drone, indu, pour ne citer que les voies les plus  immédiatement décelables), on n'oubliera pas, en écoutant en boucle ces  neuf titres, de se remémorer que l'homme demeure avant toute chose un  songwriter d'exception. Au cas où cela aurait encore échappé au lectorat  d'albumrock...
























