
Satan
Court in the Act
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1- Into the Fire / 2- Trial by Fire / 3- Blades of Steel / 4- No Turning Back / 5- Broken Treaties / 6- Break Free / 7- Hunt You Down / 8- The Ritual / 9- Dark Side of Innocence / 10- Alone In The Dock


Au moment du déferlement de la NWOBHM, la vitalité de la scène de Newscastle et de ses environs a suscité la création de l’expression North East New Wave of British Heavy Metal afin de regrouper les formations de la région – Raven, Tygers of Pan Tang, Fist, Venom, pour ne citer que les plus connues. Plus prolétaires dans leur extraction, les groupes du Nord-Est proposent une musique souvent plus brute que ceux de Londres ou des Midlands, ce en quoi, par son raffinement, Satan se distingue de ses homologues septentrionaux.
À force d’abuser du Baphomet et du pentagramme dans ses illustrations, la NWOBHM devait finir par posséder un groupe arborant le nom de la Bête, quand d’autres avaient organisé un triomphe à son nombre. Formé en 1979, Satan obtient très rapidement un réel succès dans sa région mais rencontre les mêmes difficultés que de nombreuses autres formations de l’époque pour enfin placer dans les bacs son premier opus, Court in the Act, qui n'y apparaît qu'en 1983, seulement précédé du single "Kiss of Death" (1982).
Ce raffinement se dévoile par l’introduction digne d’un film d’horreur ("Into the Fire"), prélude au chef-d’œuvre "Trial by Fire" qui délivre tout le génie du groupe : il ne faut pas s’arrêter au riff speed, car il ne laisse pas supposer la richesse des interventions guitaristiques et la mélodicité du chant magnifiquement interprété par Brian Ross, l’un des meilleurs vocalistes de la NWOBHM. Une certaine finesse dans la violence qui se fait sentir au détour d’un pont sur "Hunt Your Own", d’une ligne de guitare sur "Broken Treaties". Satan a l’ambition de révolutionner des gimmicks de l’ancien hard-rock, en témoigne "No Turning Back".
L’osmose entre les deux guitares explique en grande partie la richesse du propos. Elles apportent une puissance écrasante à "Blades of Steel", à la limite du Thrash, et rattrapent tout monolithisme grâce à des arpèges et des envolées orientalisantes. De même, le terrassement speed épique de "Break Free" est rehaussé de soli qui redoublent de virtuosité – peut-être les plus habiles et rapides de la scène, aux côtés d’Iron Maiden.
Plus encore, Satan nous offre un coup de génie final, une suite de trois titres à intégrer dans le registre des grandes heures de l’histoire du Metal. D’abord, "The Ritual", un instrumental à l’ambiance Black Metal qui fait immédiatement penser aux premiers albums d’Opeth, d’une virtuosité véloce à toute épreuve. Ensuite, les fioritures acoustiques de "Dark Side of Innocence", jouées à plusieurs guitares, semblent également avoir inspiré le combo suédois. Elles introduisent enfin "Alone in the Dock" où s’envolent les guitares jumelles dans des élans qui se détachent de l’atmosphère assez lourde du titre.
Le groupe n’obtiendra jamais un succès à la hauteur de son talent, faute peut-être à une arrivée trop tardive – après ce premier album en 1983, le très entreprenant Suspended Sentence ne sort qu’en 1987. Et à un manque de productivité sous ce nom dans les 1980’s. Les changements d’identité de Satan, produits au gré des séparations, (Blind Fury puis Pariah) entravèrent forcément leur essor, avant un retour aussi improbable qu’incroyable dans les 2010’s (avec quatre albums splendides) sans parler de Tanith qui, sous l’influence de Russ Tippins, reprend certaines sonorités sataniques.
À écouter : "Trial by Fire", "The Ritual", "Alone in the Dark", "Blades of Steel", "Break Free"