
Budgie
Bandolier
Produit par Budgie
1- Breaking All the House Rules / 2- Slipaway (A Parrot Fashion Ball) / 3- Who Do You Want for Your Love? / 4- I Can't See My Feelings / 5- I Ain't No Mountain / 6- Napoleon Bona, Parts One & Two


Bien que faisant figure de second couteau de la scène hard-rock des années 1970, Budgie eut une influence certaine dans l’histoire du rock, qu’on peine parfois à mesurer plusieurs décennies plus tard. C’est, par exemple, l’un des premiers groupes à imposer une mascotte, en l’occurrence une perruche anthropomorphique qui fait écho au nom du combo, qui en 1975, se voit propulser tel un oiseau migrateur, dans un no man’s land aux allures de paysage de western. Budgie eut également une influence musicale, en particulier sur la scène Metal des années 1980, comme en témoignent les reprises de Metallica et, en ce qui concerne cet album, d’Iron Maiden qui s’emparèrent d’"I Can't See My Feelings" en 1992.
Ce titre est caractéristique du hard-rock du milieu de la décennie, dans la veine de Rush et de Nazareth, occasion de rappeler que Budgie demeure un bon représentant du hard-rock 70s. Ici, "Breaking All the House Rules" s’appuie sur un riff vigoureux et imparable, mais reste toujours bluesy et rock’n’roll (sur le solo), bien qu’il soit considérablement étendu par un défilé de plans accrocheurs, à l’image de ce que le groupe avait mis en place sur In for the Kill! (1974). Dans une direction un peu plus progressive, les deux parties de "Napoleon Bona-Part One & Two" (on notera le jeu de mots) s’imposent : après un premier mouvement où les arpèges accompagnent un chant emphatique quasi Zeppelin-ien, une cavalcade bonapartiste implacable dévale dans un style proche d’UFO, voire pré-NWOBHM, un second mouvement où, parmi tant d’autres qualités, nous relèverons une belle utilisation de la stéréo.
Si Budgie n’est pas toujours bouleversant (on pense à "I Ain't No Mountain", un morceau rock grand public après une introduction pré-Saxon-ienne), le groupe s’adonne à des expérimentations intrigantes, adoptant la bossa sur "Slip Away" et le funk sur Who Do You Want for Your Love?". Ce tournant est pris presque en même temps que Deep Purple, mais bien après Trapeze, et donne naissance à un tube (à son échelle, bien entendu), qui brille par son jeu de contraste permis par une bascule Heavy lui donnant des airs d’Aerosmith.
Dernier album signé chez MCA, Bandolier pourrait être considéré comme la marque d’une transition : pleinement inscrit dans l’esthétique des quatre premiers opus, il pose certains éléments stylistiques qui seront exploités plus tard dans les productions suivantes. La fin d’un âge d’or diront certains, quand tous seront d’accord pour souligner de beaux ajouts au répertoire d'un groupe injustement sous-estimé au regard de sa qualité.
À écouter : "Who Do You Want for Your Love?", "Napoleon Bona-Part One & Two"