
Magik Markers
Boss
Produit par
1- Axis Mundi / 2- Body Riot / 3- Last of the Lemach Line / 4- Empty Bottles / 5- Taste / 6- Four/The Ballad of Henry Angstrom / 7- Pat Garrett / 8- Bad Dream/Hartford's Beat Suite / 9- Circle


Ceux qui pensent encore que deux individus ne forment pas un groupe devront certainement revisiter leurs propos, à l'écoute de ce révélateur album de Magik Markers : Boss. Soutenu par le grand Thurston Moore (via son label Ecstatic Peace), ce furieux duo américain associant Elisa Ambrogio et Peter Nolan enregistrent, en compagnie de Lee Ranaldo (qui produit également l'album), une démonstration sonore. Motivé par ses décharges live, Magik Markers parvient, avec Boss, à retranscrire en douceur, toute cette agressivité qui se manifestait chez eux.
L'impressionant larsen qui ouvre l'album fait déjà siffler vos oreilles. Se rajoutent bientôt guitare et batterie qui envahissent l'espace d'une mélodie agréable et pesante, laissant les déchirements noisy à l'arrière plan. Ceux-ci reprennent vite le dessus, au milieu de ce premier titre, comme des renouements de concerts improvisés qui se révèlent maîtrisés, sans tomber dans le bruit.
En délivrant une énergie punk, où les accords de guitare filent plus vite qu'une accélération d'un boeing, "Body Riot" contraste efficacement avec "Axis Mundi". La batterie soutient épiquement le rythme et Elisa crache sa rage autour de quelques paroles serrées, d'une voix proche de Kim Gordon, déchaînée et lâchée.
L'atmosphère est bien plus dépouillée dans "Last of the Lemach Line" et "Four/The Ballad of Harry Angstrom". Des ambiances hypnotiques parcourent ces chansons et les textes répétés par Elisa, sous diverses intonations, maltraitent toutes les techniques de chant. Dans un cri ponctué d'une insulte, la voix authentiquement rock rappelle notamment Amanda Palmer des Dresden Dolls.
"Empty Bottles" et "Bad Dream/Hartford's Beat Suite" sonnent, quant à eux, presque comme des ballades tragi-romantiques. Le piano lent, voire ralenti, mais aussi le glockenspiel, joué par Lee Ranaldo, donnent des sensations bizarres, envoûtantes et planantes.
"Pat Garrett" est, lui, complétement électronique, tandis que le dernier titre "Circle", clôt l'album de la plus inquiétante des façons. Frissons garantis avec des hurlements de guitare et des cris de fantômes, qui sont doublés d'une bande son vocale, passant tout juste à travers le bruit de la batterie de Peter et des arrangements sonores. Impossible, enfin, de passer à côté de "Taste", titre le plus basique mais le plus réussi de Boss. Tout aussi mélodique que The Raveonettes, avec un son plus noisy que shoegaze, "Taste" fait très mal à qui veut se pavaner d'avoir sorti le tube rock indie de l'année.
Afin d'éviter tout malentendu, qui serait malvenu, je ne peux que vous conseiller de quitter votre présente activité pour aller écouter Boss de Magik Markers qui frappe un grand coup sur l'industrie musicale. La no-wave remise au goût du jour !