
Chris Cornell
Higher Truth
Produit par Brendan O'Brien
1- Nearly Forgot My Broken Heart / 2- Dead Wishes / 3- Worried Moon / 4- Before We Dissapear / 5- Through The Window / 6- Josephine / 7- Murderer Of Blue Skies / 8- Higher Truth / 9- Let Your Eyes Wander / 10- Only These Words / 11- Circling / 12- Our Time In The Universe / 13- Bend In The Road / 14- Wrong Side / 15- Misery Chain


La dernière fois qu'on avait entendu Chris Cornell en solo, c'était sur le malheureux Scream, tentative un peu ratée pour le leader d'Audioslave et de Soundgarden de sortir des sentiers battus en proposant un mélange électro/pop-rock au rendu somme toute assez inaudible.
Il était donc grand temps pour lui de réparer cette erreur et c'est chose (à moitié) faite avec Higher Truth. Album acoustique mais complexe, Higher Truth aborde des thématiques assez classiques telles que le temps qui passe (notamment sur le titre "Dead Wishes"), l'amour via toutes les issues que peuvent trouver des relations de couple, et les épreuves de vie en général.
On peut reconnaître à cet album une cohérence, une continuité, et on rendra à Cornell la réflexion qu'il a pu porter au choix des pistes et de leur enchaînement pour faire de cet album une expérience en soi, et créer un sentiment de cohésion. On lui reprochera cependant sa longueur. Quel que soit le message qu'il ait voulu porter, 16 pistes pour un album acoustique, c'est assez indigeste et on finit inévitablement par décrocher. Ce qui ne signifie pas que son travail est simpliste : sur le titre d'ouverture, "Nearly Forgot My Broken Heart", on retrouve successivement de la mandoline, du piano, des percussions, des choeurs, un peu de guitare, venant se superposer avec harmonie afin de faire progresser le morceau.
La qualité de l'album est inégale. Certains titres sont indubitablement marquants et beaux, tant dans le songwriting que sur un plan instrumental ; "Dead Wishes" nous transporte dans le sud des Etats-Unis sous un porche face au soleil couchant – rien que ça –, et le dépouillement musical accompagne les métaphores successives sur la contemplation rétrospective de la vie d'un homme mûr (titre autobiographique?) et la rage de vivre « Come and knock me over, I'll keep getting up ». "Worried Moon" relate une conversation entre la lune et le soleil, où l'on retrouve la voix de baryton de Cornell tantôt de velours, tantôt cassante et nerveuse, comme brisée par l'effort.
Le caractère intimiste de cet opus a également quelque chose de touchant ; on le ressent comme une invitation dans la tête du leader d'Audioslave ; à titre d'illustration, "Josephine" est un titre qu'il avait écrit à sa femme, Vicky, avant leur mariage. Ce nouveau titre est un hommage à Bonaparte, le couple s'étant rencontré à Paris, où Vicky avait exprimé sa fascination pour l'empereur. Et cet élément d'information suffit à faire d'une chanson assez classique une déclaration d'amour authentique.
D'autres titres sont assez insignifiants; clore l'album sur "Misery Chain", assez pâlot face à la balade southern le précédant, est regrettable. On retrouve parfois dans le mixage ce son lisse et gommé caractéristique de la pop-rock mainstream, notamment sur "Before we Dissapear" qui a pour lui un bon texte, mais un manque d'aspérités et de naturel flagrant.
Un succès en demi-teinte pour Cornell donc. A écouter en sélectionnant les titres qui nous parlent, car tout n'est clairement pas à jeter. Mais à trop vouloir en dire, on finit par noyer l'auditeur...

