
Eloy
Visionary
Produit par Frank Bornemann
1- The Refuge / 2- The Secret / 3- Age Of Insanity / 4- The Challenge (Time to turn, Part 2) / 5- Summernight Symphony / 6- Mystery (The Secret, Part 2) / 7- Thoughts


Entre le rythme effréné d’un album par an et un long silence, Eloy semblait avoir trouvé un juste milieu dans les années 1990, permettant à Bornemann de prendre du recul, de ménager l’inspiration. Mais il a fallu attendre onze ans pour que le très bon Ocean 2 connaisse une suite. Pourtant, la formation ne s’était pas scindée entre temps et l'on retrouve ici les mêmes compagnons que sur le précédent album, augmenté d'Hannes Folberth en guest (comme il l'était sur Ocean 2).
A regarder la pochette, on aperçoit une proximité avec son excellent prédécesseur : fond bleu sombre, univers sidéral, le masque vénitien (qui rappelle les chroniques martiennes de Solaris) qui remplace les visages minéraux … Qui plus est, musicalement parlant, on reste les deux pieds dans l’esprit d’Eloy, si bien que l’amateur ne sera pas du tout dépaysé.
Il sera même conquis par certaines pièces telles que "The Refuge", où Eloy croise Jethro Tull et Rush grâce à des guitares acérées, ou encore "Age of Insanity", épique et heavy (avec un solo remarquable). De même, le long "Mystery", qui fonctionne à partir d'une belle montée en puissance amenée par une guitare marquant un rythme soutenu, renoue avec l’esprit space-rock cher au groupe. On retrouve dans ces titres quelques passages yessiens relevés par des harmoniques placées en début et en fin de morceau. En définitive, Eloy est inspiré et musicalement au point.
Mais malgré de bons moments et un niveau honorable, Visionary est loin d’être parfait. "The Secret" est un peu en dessous des deux premiers titres et tend à lasser rapidement. De même, la reprise/suite de "Time to Turn", intitulée "The Challenge", perd son côté space-rock initial et gagne en ringardise avec ses chœurs féminins bombastiques. Le nadir de l’album reste "Summernight Symphony", sorte de ballade mielleuse complètement à côté de la plaque. On se demande où Bornemann est allé trouver les (mauvaises) idées pour composer un tel titre.
Visionary est donc un album qui s’adresse aux fans du groupe, heureux d’avoir de nouvelles compositions à se mettre sous la dent, mais il reste hélas anecdotique. Une belle production, quelques titres d’un bon niveau, pour un album vraiment inégal malgré sa durée - certes suffisante - relativement modeste.
A écouter : "The Refuge", "Age of Insanity", "Mystery"