
Dead Lord
Heads Held High
Produit par Dead Lord


Sur le cultissime Bad Reputation, Thin Lizzy proposait, en 1977, une avalanche de morceaux sublimes, dont l’immanquable "Dear Lord" … Il semble que le nom du groupe suédois Dead Lord en soit inspiré, et ce n’est qu’une partie de l’hommage qu’ils rendent à la formation irlandaise des 1970’s. En effet, si la plupart des formations du revival ont des références marquées, pour ces musiciens de Stockholm, Thin Lizzy est une source à laquelle ils s’abreuvent allégrement.
Cet héritage est particulièrement sensible sur des titres comme l’introductif et palpitant "Farewell", "No Regrets", et l’excellent "When History Repeats Itself" (l’intro de batterie rappelant un peu "Do Anything You Wanna Do" quand la guitare évoque "The Holy War"). Et cela s’entend au niveau des riffs, des rythmes, des chorus, et du chant d’Hakim Krim qui travaille sur la voix comme sur les effets et la prononciation pour ressembler à Phil Lynott. Rien que ça – et nous ne parlons pas de la moustache. Mais ces morceaux, sans être d’une originalité folle, reprennent les recettes de Thin Lizzy avec un tel savoir-faire, une telle énergie et des riffs démentiels, qu’on ne peut que saluer la prestation.
En effet, les musiciens savent ce qu’ils font, avec des duels de guitare bien menés et des lignes mélodiques bien trouvées. C’est une caractéristique de la vague suédoise, qui aime donner la parole aux guitares pour proposer des interventions subtiles (autres que les chorus) afin de densifier le propos en lui donnant une petite touche épique accrocheuse. Une subtilité qu’on retrouve dans les paroles d’un groupe qui n’hésite pas à s’engager contre le conservatisme ambiant, le racisme ou la guerre.
Quand ils n’empruntent pas le chemin de Thin Lizzy, les membres de Dead Lord demeurent dans un registre hard-rock très bien réalisé et accrocheur comme sur "Ruins" ou, pour ceux qui apprécient les réminiscences du Metal classique des années 1980, "Strained Fool" (par les interventions de guitare). Surprenant, "Mindless" varie depuis son début assédessien jusqu’à son entremêlement de multiples lignes mélodique et ponts bien pensés, avec parfois une touche sudiste. Il en va de même pour "The Bold Move", avec une première partie slow et une deuxième plus southern-rock où le bon goût est poussé jusqu’à offrir au chorus une durée conséquente. Enfin, il y a le tubesque et imparable "Don’t Give A Damn" avec son refrain aussi efficace que prenant : sans aucun doute, le titre deviendra un incontournable des concerts pour plusieurs années.
Un ensemble qui a valu à Heads Held High une bonne – mais relative – réception, faisant de Dead Lord une nouvelle tête de gondole de la scène suédoise décidemment très riche. C’est bien en partie là-bas que se joue l’avenir du rock, si vous aviez encore des doutes …

