
Airbag
Disconnected
Produit par Airbag
1- Killer / 2- Broken / 3- Slave / 4- Sleepwalker / 5- Disconnected / 6- Returned


Déjà le mois d’août, et pas encore de grosse sensation progressive à se mettre sous l’oreille. Est-ce à dire que l’année 2016 est déjà à cocher d’une croix noire et que le genre doit commencer à creuser sa tombe et à réfléchir à une épitaphe décente ? Non, car s’annoncent déjà quelques projets alléchants, notamment le prochain The Pineapple Thief, Your Wilderness, qui signera le retour de Gavin Harrison dans une formation digne de son talent (verdict avant la fin du mois), un opus d’Opeth (The Sorceress) très prometteur au regard des quelques extraits dévoilés, et enfin l’annonce d’ores et déjà officiel de Blackfield V pour novembre avec un Steven Wilson de retour aux affaires. Bref, du très lourd en perspective. En attendant, il faut bien reconnaître qu’on a beau ratisser dans tous les sens, on peine à s’enthousiasmer cette année sur ce rock intello-sensible, même si certains albums se doivent de retenir votre attention. Quoique... on parlera très bientôt (promis) de Wolverine, l'exception qui confirme la règle, mais attardons nous tout d’abord sur le retour d’Airbag.
Airbag, vous connaissez ? Non ? C’est normal, même si c’est désolant. Donc Airbag est un groupe norvégien qui s’est mis en tête de succéder à, excusez du peu, Pink Floyd et Porcupine Tree tout à la fois (l’Arbre succédant lui-même au Floyd, d’où l’art de se mordre la queue… bref). Soufflant leurs vingt-deux années d'existence tout de même, les lascars ont perdu dans la bataille l’un des leurs (lequel ? Difficile à dire !) et poursuivent désormais à quatre leur carrière de suiveurs. Mais suiveurs ne signifie pas petits joueurs, en témoigne l’excellent All Rights Removed qui, en 2011, avait marqué les esprits en tutoyant l’esprit et les œuvres de ses modèles. Reste qu’on avait botté en touche lorsqu’il avait été question de traiter The Greatest Show On Earth, opus anecdotique paru en 2013 dans une certaine indifférence. Disconected parvient-il à remonter la barre ? Oui, mais pas totalement.
L’ambiance est posée d’emblée avec le stylé “Killer”, pop song mâtinée de U2 qui fait resurgir le fantôme de Gilmour, irréprochable sur scène mais moins irrésistible sur disque (Rattle That Lock, LA déception de 2015). Le propos est limpide, la rigueur mélodique irréprochable, même si on aurait aimé sans doute moins de rigueur, plus de folie. La faute sans doute à un Asle Tostrup qui n’a pas la carrure d’un Bono, même si l’épure et la retenue de son chant ne sont pas sans rappeler un certain Steven Wilson. Bon sang ne saurait mentir. Airbag ne cherche pas l’esbroufe, se contentant de recettes éprouvées, pures, simples et efficaces. Une guitare acoustique placide, quelques arpèges planants, deux trois nappes de synthé à la Rick Wright, et vous voilà replongé en plein Lightbulb Sun (“Broken”, pop et cool), à moins que Stupid Dream ne refasse surface (“Slave”), ou même Fear Of A Blank Planet (“Disconected” rappelant furieusement les partis pris les plus éthérés d’ “Anesthetize”, le metal se voyant remplacé par des intermèdes jazzy). Si les émoluments de Bjørn Riis rappellent ceux de David Gilmour, c’est quand même vers Porcupine Tree que penche la balance, avec ferveur et application mais sans égaler le talent de l’indéboulonnable anglais (“Sleepwalker”, bien mais pas top). Même le conclusif “Returned” va marcher sans vergogne sur les plates formes de Blackfield ou même de Hand. Cannot. Erase. dans ses versants les moins glauques, et si l’hommage est à saluer, le parti pris artistique est lui plus discutable.
N’empêche : ne boudez pas votre plaisir. Airbag livre ici un bel album, sans doute trop peu personnel pour convaincre complètement, mais toucher du doigt les maîtres relève quand même d’un bel effort. On sait qu’ils n’égaleront pas les cadors qu’ils copient, voire que leurs plus belles années sont derrière eux, mais qu’importe : à ce niveau qualitatif, vous devez laisser leur chance aux Airbag(s). Qui sait : ils sauront peut-être vous séduire et vous embarquer à leur suite ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite, même si cette année, on repassera. De peu, mais quand même.