
Wire
Object 47
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1- One of Us / 2- Circumspect / 3- Mekon Headman / 4- Perspex Icon / 5- Four Long Years / 6- Hard Currency / 7- Patient Flees / 8- Are You Ready ? / 9- All Fours


Né en Angleterre, dans le cataclysmique mouvement punk du milieu des années 70, Wire a, dès ses débuts, revendiqué le côté artistique de sa musique. Schéma en oposition totale avec l'esprit de cette (contre) culture présidée par le bienfaisant terroriste Johnny Rotten. Mais qu'importe l'éthique ou l'esthétique, l'histoire retient déjà que Wire fait partie de ces rares groupes possédant le qualificatif culte, et qui continue d'exercer sa passion à l'écart de la grosse machinerie obsédante de la consommation de masse. Pour enfoncer encore plus profond le clou dans le chêne, jurons que la jeune génération des Interpol, Bloc Party et autres doit beaucoup à leur parrain, voire énormément.
Mais, suite à de nombreux vides musicaux, sans jamais officiellement spliter, que nous réserve le Wire de 2008 ? Malgré ce manque de constance, les anglais sortent tout de même leur Object 47 (toutes compétitions confondues), un nouveau calibre 12 cm au virage pop, après l'énergique et agressif Send, lâché cinq ans plus tôt. Et c'est avec une touche de déception que l'on accueille cet énième enregistrement. D'abord, par une sorte de déficit d'enthousiasme, peut-être provoqué par le départ du guitariste Bruce Gilbert. Ensuite, à cause d'un chant peu convaincant, sans réelle émotion, qui vole en rase-mottes au-dessus des nappes synthétisées. Enfin, son apesanteur, sans être apaisante ni oppressante, peine à éprendre complètement l'auditeur.
Cependant, le son atmosphérique de Wire possède, encore une fois, cette profondeur inquiétante qui caractérise à merveille les compositions du groupe. Ainsi, ''One of Us'' rappelle le post-punk garage du EP Read & Burn - 03, grâce à ses accélérations vocales contrôlées de justesse. ''Hard Currency'' réalise même un décollage d'hélicoptère sourd et muet comme de la roche, alors que ''All Fours'' récupère la rage punk du passé avec son chant rapidement disséqué, et ses riffs de guitares qui se multiplient à la manière d'un acharnement frénétique. Les chansons comme ''Perplex Icon'', ''Four Long Years''ou ''Are You Ready ?'' explorent, quant à elles, des traversées électro-rock, visitées de fond en combles dans The Ideal Copy. Mais un certain charme opère mélodiquement sur cet album. Les deux compères Colin Newman et Graham Lewis démontrent une complicité artistique plus que jamais riche et sincère. L'un déclare "en avoir marre de gueuler" et l'autre se marre. Qu'est-ce-qui vous empêche maintenant d'y voir plus clair dans les yeux de Wire ? Rien, si ce n'est du talent.
De toute évidence, Object 47 ne s'impose pas comme un disque essentiel de Wire. Cependant, l'activité artistique du groupe se compare nettement à une pierre précieuse.
Un joyau donc, de trente-cinq minutes, pas si brillant que ça, mais qui contient de remarquables étincelles enflammées et incendiaires.