
Status Quo
Piledriver
Produit par Status Quo
1- Don't Waste My Time / 2- Oh Baby / 3- A Year / 4- Unspoken Words / 5- Big Fat Mama / 6- Paper Plane / 7- All The Reasons / 8- Roadhouse Blues


Depuis Ma Kelly’s Greasy Spoon en 1970, Status Quo avait trouvé sa patte, qui avait été confirmée sur Dog of Two Head en 1971. Un boogie-rock énergique, saturé, à la bonne humeur communicative, une musique qui ne pouvait que trouver les grâces du public, notamment britannique, même s’il fut parfois moqué tant la recette sera répétée à outrance par le groupe.
Piledriver, signé chez l’excellent label Vertigo en 1972, fut le sacre tant attendu pour la formation. La pochette alignant les trois musiciens laisse imaginer le mouvement de balancier propre à la musique du groupe, qu’on parvient à entendre au premier regard, avant même que l’album soit sur la platine. Au rythme du boogie-rock, cette attitude est devenue une véritable signature scénique, promise à une belle postérité sur l’ensemble de la scène rock et Metal.
Si Piledriver est un moyen pour Status Quo d’affirmer à nouveau son style en toute liberté, c’est sur cet album qu’il est sublimé. Commençant comme un blues classique, "Dont Waste My Time" offre une version rugueuse de ce boogie-rock tant les guitares sont acérées, une brutalité sauvage qu’on retrouve sur le surprenant "Oh Baby", titre hard-rock ô combien mémorable pour son intransigeance et certaines lignes mélodiques incroyables (au moment du pont). "Big Fat Mama" manifeste la même vigueur en ouverture de la seconde face, avec encore une fois, un pont très bien pensé qui coordonne la basse et la guitare sur un système de montée/descente. Mais le titre qui illustre le mieux le boogie-rock de Status Quo est l’incontournable "Paperplane", un concentré "Quolossal" de l’esthétique du groupe.
Il me semble que Status Quo ne brille jamais autant que quand il adopte des postures dans lesquelles on ne l’attend pas. En l’occurrence, le mélancolique "A Year", déployant de sublimes arpèges (un peu dans la lignée de "Baby I’m Gonna Leave You"), est d’une beauté incroyable, à aucun moment lassant malgré sa longueur. Le très mélodieux "All the Reasons", que Wishbone Ash n’aurait pas renié, les guitares croisant tendrement le fer au profit d’une harmonisation remarquable.
Par contre, l’orientation complétement blues de "Unspoken Words", ou la reprise des Doors, "Roadhouse Blues", qui est aussi sympathique (car bien interprétée) qu’elle est dispensable, sont sûrement les moments les moins éclatants : convenus, forcément moins dynamiques, ils n’apportent pas grand-chose à la fougue créative du groupe. De légers temps morts néanmoins honorables, rien en tout cas qui n’enlève à l’album son statut d’œuvre majeure.
Status Quo est parvenu à sortir de la seconde division avec Piledriver, à partir de là, ce sera chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre pendant quelques années, et une installation indéboulonnable dans l’histoire du rock.
A écouter : "Oh Baby", "A Year", "Big Fat Mama", "Paperplane"