
Soko
My Dreams Dictate My Reality
Produit par Ross Robinson
1- I Come In Peace / 2- Ocean of Tears / 3- Who Wears The Pants?? / 4- My Precious / 5- Bad Poetry / 6- Temporary Mood Swings / 7- My Dreams Dictate My Reality / 8- Monster Love / 9- Peter Pan Syndrome / 10- Lovetrap / 11- Visions / 12- Keaton’s Song


Soko est le genre d’artiste qu’on aime qualifier d’ "insaisissable". L’adjectif est niaiseux mais tellement adapté. Car Soko n’est plus brune aux cheveux longs bouclés, elle a les cheveux courts, lisses et blonds platine. Soko a fait du folk, cette année elle se lance dans la new wave (et change toute sa garde robe). Soko fait de la musique, mais on oublie qu’elle est aussi actrice. Et au fait Soko c’est pas japonais, c’est le diminutif de Sokolinski. Soko est de tous les bords mais ne se revendique de rien, et pourtant sous entend d’être spécialement à part. Bienvenue dans l’ambivalence de Sophie qui fait tout de même de bons choix.
Forte de son succès "I’ll Kill Her" tiré de son premier LP I Thought I Was An Alien (2012), Soko délaisse le folk et cet album qu’elle dit ne plus pouvoir écouter pour une musicalité punk, portée par une voix rauque et à la basse métallique. Jesus and The Mary Chains, Siouxie and the Banshees viennent à l’esprit même si c’est surtout The Cure -son groupe préféré- période Desintegration qui transparait, en particulier dans la chanson éponyme "My Dreams Dictate My Reality". Alors sans surprise, on plonge dans l’ "Ocean Of Tears" de Soko où elle se confesse :"I thought i was a witch who was responsible for the death of all peapole that I love the most…" pour retrouver Robert (Smith) et son phrasé mélancolico enfantin plus loin, avec "Peter Pan Syndrome" aux lignes claires de guitares.
Mais des fois, il arrive qu’un tressaillement punk, ludique et enjoué secoue Soko. On assiste ainsi à une belle percée lumineuse sur "Who Wears The Pants ?" et sur le non moins moqueur "Bad Poetry". Avec pour acolytes Ariel Pink qui chante sur deux titres ("Monster Love", "Lovetrap") et le producteur Ross Robinson qui lui prête son studio (et sa maison), Sophie était bien entourée. Cette dream team lui a manifestement permis de mettre en ordre ses idées qui débordent, et a aussi favorisé l’avènement de l’acidité et de l’humour grinçant dans ce terreau de douleur.
C’est vrai que Soko est parfois pénible en interview, qu’elle graisse un peu la cocotte, à déverser trop dans le pathos familial impudique, à se justifier dans des arguments de l’au-delà, à surjouer l’oisillon sans nid. Son sauveur de cette bitch de vie, c’est son précieux talent qu’elle trimballe à travers le monde via ses nombreuses pérégrinations dans ses non-maisons. Mais autant qu’elle énerve et s’égare en tant que personne, on ne peut qu’admirer le sens qu’elle prend dans sa musique. Ce virage synthétique et Cure-ien revendiqué est très bien négocié. Sur ce nouvel album, Soko a décidé de ne plus "s’ouvrir les veines en public" et ça fait du bien à tout le monde.