
Maps
Vicissitude
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1- A.M.A. / 2- Built to Last / 3- You Will Find a Way / 4- I Heard Them Say / 5- Nicholas / 6- Vicissitude / 7- Left Behind / 8- This Summer / 9- Insignificant Others / 10- Adjusted to the Darkness


Fort de deux excellents albums elecropop à la fin des années 2000, James Chapman, l'homme qui se cache derrière Maps remet le couvert cet été 2013 avec Vicissitude. Si la musique de Maps ne vous évoque pas grand chose, il n'empêche que ses sons sont facilement identifiables, entre structures pop et psychédélisme sucré avec un penchant qui coule davantage pour la dream pop que pour la dance. Ses morceaux sont généralement confortables, parfois cotonneux et sa voix d'adolescent sait se faire tour à tour rassurante ou monomaniaque pour instaurer des atmosphères palpables et rétiniennes. Ce nouvel album ne déroge en rien à la règle, c'est un peu tout l'héritage des Pet Shop Boys revu et corrigé par le prisme déviant de Chapman. En effet dès les premières notes de "A.M.A", on sent Maps chez lui, manœuvrant sur des sentiers déjà battus avec excellence et abnégation. Et tous les morceaux suivants confirment cette tenace première impression, Vicissitude est plus ou moins la troisième version de la même aventure entamée en 2007. Reste que le bougre sait indéniablement ce qu'il fait et il n'éprouve aucune difficulté à capter notre attention avec cette troisième livraison, fusse t-elle surgelée et réchauffée au micro-ondes. Si l'album semblait amorcer une évolution, il confirme avant tout à quel point il est ardu de réinventer sa musique année après année.
Le principal atout de Maps réside en sa capacité à nous asseoir dans une relative quiétude avant de nous bombarder d'une mélancolie brute. Si l'effet perd tout de même de sa fraîcheur avec le temps, il demeure agréable de contempler ses structures en apparence simples mais densément feuillues se construire dans nos esgourdes. Il n'hésite en effet pas à superposer des nappes de synthés afin de progressivement tisser une gangue sonore autour de l'éditeur, afin de subrepticement le plonger dans une matrice immersive. Car il existe véritablement une dimension physique dans la musique de Maps, comme une foule qui peu à peu s'épaissit et vous porte la face contre le soleil ou au contraire vous engloutit dans des ténèbres ombrageuses. Quoiqu'il en soit, ce Vicissitude conserve cet aspect profondément humain qui manque parfois dans les musiques électroniques, notamment dans un "You Will Find A Way" (qu'on a certes déjà l'impression d'avoir entendu cent fois) où la charge émotionnelle dépend entièrement du chant presque voilé de Chapman. Il distille également par moments un psychédélisme contenu, comme dans un "Nicholas" feutré d'où émane une lumière chaude et mystique, ou encore le long d'un "This Summer" acide de nostalgie et de remords. Cela dit, Maps n'oublie pas d'injecter un peu de nerf dans "Built To Last", minutieusement taillé pour les remixes dancefloors, ou encore dans un "Vicissitude" tendu comme un fil.
D'une certaine façon, Maps nous ressort tout les trois ans le même album, les mêmes textures et à peu de choses près les mêmes mélodies. Si la qualité d'ensemble demeure à un très bon niveau, le jeune homme tend à lasser à force de tirer sur les mêmes cordes. Le son est uniformément dense et enveloppant, mais le garçon semble toujours éprouver du mal à proposer autre chose que ses rêveries narcotiques habillées du voile de la pop. Prises une à une, les chansons sont uniformément bonnes, mais l'ensemble pèse beaucoup plus lourd que la somme des titres, tant cette uniformité (oui, la répétition est voulue) tire son travail vers le bas. Reste que pour les impies, Maps demeure une excellente porte d'entrée dans le joli monde des musiques électroniques.