
Ange
Caricatures
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1- Biafra 80 / 2- Tels Quels / 3- Dignité / 4- Le soir du Diable / 5- Caricatures / 6- Biafra 80 (final)


Une péniche de joie glisse sur mon lacrymal… J'ai singé Attila pissant du haut de son cheval… J'imitais la Madone, enveloppée dans une carapace… J'ai poussé Al Capone à vendre sa cuirasse… Un mercenaire fébrile pleurait dans son mouchoir… Pendant qu'une imbécile récurait son couloir… Son couloir de bataille rayé de zèbres fourbes… Cadrillant la mitraille, en épousant la courbe…
J'ai vu le président cracher dans un calice… J'ai vu le président se soigner les varices… J'ai vu son firmament se dépuceler d'étoiles… J'ai vu mes trente-deux dents se transformer en poils… "Ta gueule " me dit l'apôtre… "Au cul " me dit l'évêque… Si tu veux être des nôtres, Il faut clouer ton bec…Ah ! Si c'était si simple, je fermerais ma gueule… Je prendrais l'aller simple... J'aimerais y aller… Seul…
Groupe de Rock progressif des années 70, Ange est une formation originale où influences théâtrales et poétiques sont associées dans un univers parfois médiéval, souvent fantastique et particulièrement imaginaire. Musique ascendante mélangeant bons mots et tournures de phrases saugrenues, impliquant des instruments atypiques aux sonorités étranges, créant un univers bien au-delà du délire, leur premier album, Caricatures, est une farce majestueuse qui introduit dans un monde anachronique les vers d’un ménestrel fou…
Dimension inquisitoire d’un flot de notes surréalistes d’un orgue dantesque, entrecoupé de solos de guitares électriques vibrant, confrontation féerique de temporalités parallèles et enchantées, Ange prône des influences classiques qui, associées à des instruments électriques, donnent à la formation cette dimension intemporelle surprenante. Alternant compositions chantées et pistes instrumentales, l’album décrit un univers satirique, parfois humoristique où saltinbanques et baladins sont rois.
Reflétant l’aspect symphonique de l’album, Caricatures associe avec délice prose funeste et orchestration rythmée. Les mélodies alternent plénitude et angoisse. Parfois calme et subitement rapide, le contraste musical donne vie à cette représentation farfelue. Réprimandes d’un fou tel un pion sur un jeu truqué, Ange tire les ficelles de cette poésie fantasque et exerce sa verve dont "Le Soir du Diable" et "Tels Quels" en sont les dignes représentants. Associant ces deux modes d’expressions, "Dignités" oscille entre réquisitoire excentrique et vagabondage d’un joueur de flûte égaré, pour s’achever en une apothéose symphonique, révérence faussement modeste à la cours.
Bien que 35 ans se soient écoulés après sa parution, Caricatures crépite toujours avec autant d’enchantement sur les platines, dispersant son univers funambulesque au commun des mortels. Ce premier album est l’amorce audacieuse d’une flopée d’œuvres poético-théatrales qui s’enchaîneront au fil des ans, où apprentis sorcier, espionnes lesbiennes et autres arlequins excentriques évoluent aux confins d’un monde étrange, pour nous entraîner toujours bien au-delà du délire…