
Aaron Keylock
Cut Against The Grain
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Eté 2015, Angleterre, première édition du Ramblin’ Man Fair. Tous les courants du rock sont représentés, du Hard-rock au rock progressif, du blues-rock au revival plus classique. A côté des antiques - Scorpions, Greg Allman ou Marillion, on retrouve les modernes - Rivals Sons, Blues Pills ou The Temperance Movement.
Parmi ceux-ci, jouant sur la plus petite scène protégée par un chapiteau, devant une foule compacte cherchant avant tout à se protéger d’une averse, Aaron Keylock fait figure d’outsider. Associant le physique de Geddy Lee au jeu de Rory Gallagher, Aaron Keylock enflammera son public et s’avérera être une révélation pour beaucoup en son sein. Face à son jeu époustouflant et à son énergie débordante, nul n’est resté indifférent, en témoignèrent les conversations post-performance.
En janvier 2017, Cut Against the Grain inaugure sa discographie – Keylock a alors 17 ans. Il possède quelque chose du jeune prodige du blues-rock, style qui, il faut bien le reconnaître, en a vu passer un certain nombre.
La pochette psychédélique fait davantage référence au côté retro qu’au style qu’il pratique, habitué à une sobriété en la matière. Qu’elle ne refroidisse pas l’amateur de blues-rock qui trouvera ici largement de quoi se contenter à travers les slides délirants et l’harmonica de l’excellent "Medicine Man", la fougue de "All the Right Moves" aux aspérités Aerosmith-iennes, la lourdeur aux pointes marécageuses de "Down". Bref, Aaron Keylock envoie un blues-rock énergique aux notes virevoltantes – et dans le genre, la tornade "Against the Grain" se pose-là et constitue un cœur d’album en forme de pinacle.
La référence à Gallagher dépasse le titre de l’album (Against the Grain est un disque du bluesman irlandais sorti en 1975). En effet, comme son ainé, il déploie un jeu virtuose et met en place des circulations entre un blues-rock saturé et un blues plus traditionnel ("Falling Again" - au moins dans un premier temps, le conventionnel "Just One Question" à la Gary Moore), quand il ne se situe pas pile au croisement entre ces deux perspectives (l’exaltant "Sun’s Gonna Shine" aux accents texans). Il s’essaye même à des lignes mélodiques plus modernes ou accrocheuses pour un public élargi ("That’s Not Me", le lancinant "Try", le refrain de "Spin the Bottle" - un titre par ailleurs très efficace) sans trahir son propos. Tradition et évolution sont ici réunies pour prolonger la geste du blues-rock, même s'il faut bien le reconnaître, Aaron Keylock s'émancipe peu des canons du genre.
Cut Against the Grain avait été un petit événement dans le monde du blues-rock, en tout cas, il avait permis au guitariste/chanteur de se faire repérer par les amateurs. Désormais membre du groupe Keylock qui tourne depuis quelques années et devrait sortir un album dans les mois (années ?) à venir, Aaron Keylock a le potentiel pour devenir une référence de la scène revival mondiale. Un artiste à suivre de près donc.
