
Judas Priest
Firepower
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1- Firepower / 2- Lightning Strike / 3- Evil Never Dies / 4- Never the Heroes / 5- Necromancer / 6- Children of the Sun / 7- Guardians / 8- Rising From Ruins / 9- Flame Thrower / 10- Spectre / 11- Traitors Gate / 12- No Surrender / 13- Lone Wolf / 14- Sea of Red


En 2014, la réception de Redeemer of Souls avait été mitigée, faute à une production artisanale un peu faible, alors qu’à l’écouter de plus près, l’album frôlait l’excellence quand il ne l’atteignait pas ("Halls of Valhalla"). L’annonce du partenariat avec Andy Sneap semblait indiquer que Judas Priest avait entendu les critiques : si certains détestent le travail de ce producteur, il était certain que celui-ci allait apporter une cure de jouvence au son du groupe, comme il l’avait fait pour Saxon ou Accept.
Paradoxalement, Andy Sneap intervient au moment où Halford et ses compères affichent une volonté de renouer avec l’âge d’or du groupe. En témoigne une pochette où un androïde enflammé évoque les animaux robotiques des chefs-d’œuvre que sont Screaming for Vengeance (1982) et Defenders of the Faith (1984) – une même figure de la machine infernale dessinée de profil avec une impression de mouvement.
Mais ce qui enthousiasmera encore plus les amateurs, ce sont les compositions de Firepower qui s’inscrivent également dans la lignée de cette grande époque sans être de pâles copies sans âme. Ainsi, le couplet d’ouverture constitué de "Firepower" et "Lightning Strike" confirme une résurrection priestienne du meilleur goût, couronnée d’une maîtrise parfaite de la recette du groupe jusqu’aux envolées solistes et aux belles prestations d’Halford. On pourrait leur joindre "Flame Thrower" (pour ses lignes de chant) et le très bon "Traitors Gate", à la limite du Power Metal (quel pont magistral à la guitare accompagnée de chœurs discrets !), deux titres qui représentent également l'esthétique du groupe entre British Steel et Painkiller.
À plusieurs reprises, Judas Priest déploie ses ailes dans un registre épique et très mélodique, deux dimensions qui définissent le sublime "Never the Heroes" et la combinaison "Guardians/Rising from the Ruins", pinacle de l’opus enrichi de belles fioritures imitant la mandoline. De même, l’ultime ballade "Sea of Red" est aussi puissante qu’émouvante, notamment pour son solo intense et pour la façon dont elle s’achève sur un final bombastique. Plus modernes dans leur approche, "Spectre" réussit à installer une ambiance envoûtante et "No Surrender", dont l’introduction et quelques lignes de guitare peuvent rappeler Ghost (un groupe qu’Halford apprécie beaucoup), est un hymne entêtant.
C’est pourquoi l’on pardonne aisément quelques titres un peu plus quelconques – mais jamais ratés - comme les patauds "Evil Never Dies" et "Children of the Sun", "Necromancer" ou "Lone Wolf" (avec de bonnes choses au moment du solo).
Car au-delà de ces quelques fillers, Firepower est presque toujours pertinent au point d’être, sans aucun doute, le meilleur album de Judas Priest depuis Painkiller, et peut-être même l’un des cinq meilleurs opus du groupe. Un tour de force tant il est rare qu’un groupe de vétérans parvienne à atteindre à nouveau des sommets à la fin de leur carrière.
À écouter : "Never the Heroes", "Guardians/Rising from Ruins", "Spectre", "No Surrender"

