
Dust
Hard Attack
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1- Pull Away/So Many Times / 2- Walk In The Soft Rain / 3- Thusly Spoken / 4- Learning To Die / 5- All In All / 6- I Been Thinkin / 7- Ivory / 8- How Many Horses / 9- Suicide / 10- Entrance


Il est certain que la redécouverte d’une formation aussi obscure que Dust et l’obtention de son nouveau statut de "groupe culte" doivent beaucoup à la pochette de son second album sorti en 1972, Hard Attack. L’escarmouche fantastique entre guerriers vikings sur des sommets enneigés ainsi que la typographie enchanteresse choisie pour imprimer le nom de Dust, tout cela renvoie l’auditeur au début des années 1980 lors du triomphe de la scène Heavy Metal épique. Mais comme Molly Hatchet surprend le mélomane entre ses couvertures heroïc-fantasy (également signées Frazetta) et son fond musical sudiste, Dust ne pourrait que difficilement être considéré comme un combo proto-métallique malgré sa pochette, quand bien même les guitares saturées ont une belle place dans leur musique.
"Groupe culte" donc, au point que les Suédois de Lucifer ont cru opportun de lui rendre hommage en reprenant en 2021 "Pull Away/So Many Times", excellent titre introduisant Hard Attack avec une énergie folle (la section rythmique est démentielle, le violon explosif), à peine calmée par un pont acoustique avant un solo de guitare véloce. On serait tenté de qualifier le titre de tube, s’il avait eu un impact à sa mesure.
Dust joue sur la puissance et intègre principalement les codes du hard-rock tout en leur donnant des variations surprenantes. Sans vouloir anticiper le fait que le batteur Marc Bell fera partie des Ramones, "Learning to Die" possède une rage presque punk, même si le titre bascule dans une direction plus Heavy et planante proche de Black Sabbath. Le côté mods du chant de "All in All" pourrait également évoquer les groupes proto-punk du type The Jam, tout en possédant moins d’immédiateté (ou de simplicité plutôt), le groupe restant dans le hard-rock du début des 1970’s dont l’instrumental "Ivory" ou le lourd "Suicide" sont les illustrations les plus éclatantes.
Hard Attack est loin d’être un album monolithique, tant les écarts stylistiques sont nombreux. Majoritairement folk, "Walk in the Soft Rain", sorte de rêve hippie réactualisé, gagne en puissance avec les nombreuses interventions à la guitare, certaines ruptures étant proche du progressif (on peut trouver ce genre de fantaisie chez Jethro Tull). Hélas, quand Dust s’attèle au slow ("Thusly Spoken") ou à la ballade country ("I Been Thinking"), le résultat est moins probant, ce sont les points les plus faibles de l’opus (le slow bluesy "How Many Horses" est un peu plus réussi).
Voici un opus qui, malgré ses défauts, vaut bien sa postérité d’album-culte. La pochette est belle, mais le groupe mérite qu’on dépasse ce plaisir visuel pour y laisser trainer une oreille. Histoire de se rappeler qu’avant d’être un musicien de studio prolifique (Kenny Aaronson) ou batteur pour un groupe de punk (Marc Bell), les musiciens de Dust avaient su proposer quelque chose d’enthousiasmant.
A écouter : "Pull Away/So Many Times", "Ivory", "Learning to Die