
Dead Man's Bones
Dead Man's Bones
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1- Intro / 2- Dead hearts / 3- In The Room Where You Sleep / 4- Buried In Water / 5- My Body's A Zombie For You / 6- Pa Pa Power / 7- Young & Tragic / 8- Paper Ships / 9- Lose Your Soul / 10- Werewolf Heart / 11- Dead Man's Bones / 12- Flowers Grow Out Of My Grave


Il en est des groupes de rock, menés à la perfection par des acteurs à l'imagination et au talent débordants, comme 30 seconds to mars par exemple. Cette fois c'est au tour de Ryan Gosling et Zach Shields de nous épater avec leur premier album éponyme (et pas des moindres), au nom sordide, Dead Man's Bones* (les os de l'homme mort*). On anticipe vaguement la thématique abordée, tout du moins on imagine bien qu'ils ne vont pas vanter mélodieusement la beauté de la vie et la joie dans nos cœurs. On hésite même à l'écouter dans un moment de béatitude, de peur de plonger dans une profonde mélancolie… Cependant la curiosité et l'envie de savoir ce qu'ils nous présentent nous font donc appuyer sur le bouton play de la chaine hifi, et plonger dans l'univers cosmique de Dead Man's Bones.
L'envoutement débute par les paroles dénuées d'émotions d'une femme, avec seul le bruit du vent l'accompagnant. L'atmosphère est alors pesante, froide et apathique. On passe de cette introduction à la première chanson "Dead hearts", comme de la vie à la mort, du réel à l'irréel. Battements de coeurs en guise de rythmique, ambiance inquiétante, choeurs fantomatiques, on attérit dans un autre univers, où les morts sont à la fête, et où l'on a pas peur des zombies ou autres squelettes. Charlie Winston et son "Kick the bucket" ne diraient pas mieux. "My body's a zombie for you" est chanté à l'unisson par des enfants, nous entrainant dans leur danse vive et ensorcelante. Le morceau se termine sur ces petites voix épelant et répétant gaiement "zombie", comme des bambins s'amusant avec leur innocence, loin de la grisaille de leurs propos. "Burried in water", sombre morceau, lourd piano jouant avec l'esprit gospel des chœurs enfantins. Viennent s'intercaler des morceaux beaucoup plus allègres, ("Paper ships", "Werewolf heart") comme pour nous dire que la vie post morterm n'est pas fade. Gaie fanfare dans "In the room where you sleep" où la voix mystérieuse tient un rôle bienfaiteur, à la Sam Wheat et Molly Jensen (Ghost). Statut différent dans "Pa pa power", LE morceau pop de l'album, où la cohorte des enfants inoffensifs semble sous son contrôle. Appels captieux, et aveux bouleversants de la voix grave (le dead man ?) viennent boucler la boucle de l'histoire de cette âme inachevée, couverte de mélancolie et d'amertume malgré tout. Pour les cinéphiles, Dead man's bones est à la musique ce que Les noces funèbres est au cinéma.
Gosling et Shields ont le troublant pouvoir de chanter la mort et l'inconnu sur des mélodies sombres et accablantes, comme sur des plus joviales et dansantes, mais toujours avec cette aptitude à fasciner et à envoûter. Et surtout ils ont l'originalité de faire vivre et penser nos amis les fantômes, dont les intentions et points de vue sont rarement considérés. On ne peut pas se décrocher du fil de cette histoire, où le personnage principal nous a hypnotisé dès les premières notes libérées. On ne va pas retenir cet album pour la richesse des paroles, mais au contraire par leur simplicité, qui laisse libre voix aux mélodies enivrées de mystère. Ils manient à la perfection les sons et les bruitages de fond qui résonnent comme une évidence : que ce soit des chuchotements fantomatiques, des éclats de verre ou encore des pleurs déchirants, ils nous tordent le ventre à merveille. Les chœurs d'enfants, venant faire le contraste avec l'âcreté de l'homme comme le jour et la nuit, sont très présents, jusqu'à parfois même porter seuls un morceau. Ils sont la vie, l'innocence et l'allégresse impérieuse, qui font que cet album n'est pas pesant ou angoissant, juste beau, bon, et au risque de se répéter, envoûtant.