
These New Puritans
Hidden
Produit par
1- Time Xone / 2- We Want War / 3- Three Thousand / 4- Hologram / 5- Attack Music / 6- Fire-Power / 7- Orion / 8- Canticle / 9- Drum Courts-Where Corals Lie / 10- White Chords / 11- 5


Quelle chance ont eu les quatre membres de These New Puritans : leur maison de disque leur a donné carte blanche pour leur second album, une confiance totale plutôt rare pour un groupe jeune et imprévisible comme celui-ci. Jack Barnett et consors ont donc pu laisser libre cours à leurs fantasmes musicaux, invitant chorales d'enfants, érudit du piano et orchestre de cuivre. Dans Hidden, on retrouve la batterie lourde, mais le groupe n'utilise quasiment plus aucune guitare. C'est un revirement plutôt inattendu étant donné le fort potentiel post-punk de leur premier album Beat Pyramid (notamment l'entêtant "Elvis"), qui posait cependant déjà les bases d'une expérimentation qui le faisait dévier du chemin tracé pour groupe british basique. Expérimentaux, certes, mais de là à pondre l'un des albums les plus étranges du moment il y avait un pas. Qu'ils ont osé franchir.
Au tout début, Hidden surprend par ce qui semble être un mauvais goût, porté par un mélange de décor sonore déconstruit et de chœurs d’enfants tendance Seigneur des Anneaux ("We Want War"). Et finalement, au bout de quelque temps, écoutés et réécoutés, tous ces arrangements incongrus prennent sens et se lacent autour des rythmes trip-hop viciés ("Fire-Power", "Three Thousand", "We Want War"…). Avec Hidden, These New Puritans excellent dans l’improbable, en alliant l’expérimental ultime avec une relative accessibilité : bien qu’autiste, le disque n’en est pas élitiste. Il est simplement replié sur lui-même, farfouillant les dédales de l’imagination labyrinthique de ses créateurs. Hidden ne pourra jamais être considéré comme une prouesse de péteux, mais comme un chef d’œuvre qui risque de rester totalement incompris. Un disque maudit. Car il s’agit bien là d’un chef d’œuvre, d’une beauté dévastée et malade, d’une perfection bancale issue de cerveaux torturés. La pop y est déviante ("White Chords"), les mélodies au piano dissonantes ("Hologram").
Qui peut se targuer d'avoir assez de courage et de talent pour s’aventurer sur un terrain aussi profondément insolite et difficile ? Ce deuxième album est risqué, sur la corde raide, jamais loin du complet ratage. Mais la réussite de Hidden ne peut être attribuée à la chance du débutant. Après seulement quatre ans d’existence, TNPS cultive sa rareté, et, en un seul album, démontre que peu de groupes leur arriveront à la cheville en terme d’exploration de la musique. Hidden est sans conteste le coup de grâce futuriste asséné à la décennie 00s.