
Nine Skies
Live @ Prog en Beauce
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On ne fera pas l’affront à Nine Skies de juger sur pièce la production de leur Live @ Prog en Beauce : le groupe le reconnait lui-même, il s’agit davantage d’un bootleg officiel que d’un réel effort d’album-live en bonne et due forme. En est-il pour autant inaudible ? Loin s’en faut, les quelques précautions pudiques cachent en fait une véritable fausse modestie, le rendu étant vraiment d’une qualité sonore largement suffisante (c’est peu dire) pour apprécier la performance ! On peut ainsi saluer le fait que malgré les difficultés liées au matériau de base, le groupe a eu à coeur de proposer une production (une masterisation en l’occurrence) la plus aboutie possible.
On peut même lui reconnaitre deux mérites. Premièrement de nous permettre d’évoquer le festival Prog en Beauce qui, depuis 2013, porte le flambeau des musiques progressives à Pierres (Eure-et-Loir) après quelques évolutions dans sa géographie. Il organise toujours des affiches prestigieuses et assure la promotion des formations hexagonales. Il y a même cette année une journée dédiée à la France avec JPL, Lazuli et Weend’ô (le 23/10/2021). En 2019, Nine Skies assurait le show aux côtés de groupes internationaux comme Albion, Clepsydra et Mystery. Un témoignage vidéo tout à fait recommandable est d’ailleurs accessible sur une plateforme qu’il est inutile de citer : il s’agit du pendant visuel de l’album qui nous concerne.
Secondement, cet opus permet de se faire une idée de l’œuvre du groupe (de la découvrir sous un jour "vivant" pour ceux qui ne le connaitraient pas) et de ses capacités sur scène, d’autant plus qu’il est sorti le même jour que leur troisième opus 5.20, très acoustique, alors que le groupe lorgne habituellement dans un néo-progressif aux fortes accointances metalliques. Le concert partage ainsi la setlist entre leurs deux albums en date avec un léger avantage (cinq titres sur huit) pour le second Sweetheart Grip (2019) qui venait de sortir – il en reste trois pour Return Home (2017), les deux autres pistes étant des adresses au public.
L’ouverture toute progressive de "Burning my Brain" s’avère être un choix judicieux pour démarrer le spectacle : toutes les faces du groupe se dévoilent, depuis l’installation d’une ambiance initiale qui permet de chauffer la salle jusqu’aux moments très intenses et saturés, sans parler du solo aérien qui marque, comme "Return Home", l’inscription du groupe dans l’esthétique néo-prog plus metallique qui émergea dans les années 1990 (on pense souvent à Pendragon). Entre passages introspectifs et moments plus énervés (un contraste récurrent dans leur esthétique), le concert sait nous maintenir en haleine – qui a dit que le rock progressif était soporifique ?
On saluera la performance instrumentale, notamment la propreté d’exécution (par exemple, la guitare acoustique en introduction de "Season of Greed" ou "Catharsis", et Dieu sait que ce n’est pas évident d’être toujours très propre à ce poste). Les sons claviers sont bien gérés et agencés, les guitares très nettes et jamais brouillonnes, le chant bien mis en avant, et même dans les montées en puissance ("Sweetheart Grip") où les instruments se superposent, on échappe au capharnaüm : le groupe s'offre à nous sous un beau jour et fait preuve d'une maîtrise remarquable de son répertoire.
Petit supplément à 5.20, ce Live @ Prog en Beauce s'avère être à la fois une belle introduction aux compositions du groupe et comme une découverte de Nine Skies sur scène au sein d’un show intense.