
Modest Mouse
No One's First and You're Next
Produit par
1- Satellite Skin / 2- Guilty Cocker Spaniels / 3- Autumn Beds / 4- Whale Song / 5- Perpetual Motion Machine / 6- History Sticks to Your Feet / 7- King Rat / 8- I've Got It All (Most)


La terminologie qui sert à qualifier nos chers albums laisse parfois songeur. Tenez : les Arctic Monkeys sortent un disque de 10 titres et 39 minutes (Humbug), et ils l'appellent album ; quant à Modest Mouse, ils se fendent d'un disque de 8 morceaux et 33 minutes, et ils le nomment EP. Comprenne qui pourra.
Pour être exact, No One's First and You're Next, titre de l'EP en question, est un recueil de B-Sides issues des sessions d'enregistrement des deux derniers opus studio, Good News For People Who Love Bad News et We Were Dead Before The Ship Even Sank (à vos souhaits). On repère d'ailleurs immédiatement la filiation absurde qu'il partage avec les autres noms d'album de la souris modeste. Et au vu de la qualité des deux disques précités, on ne pouvait qu'être enthousiastes à l'idée de se réinjecter une petite dose d'Isaac Brock en intraveineuse directe. A raison, une fois de plus.
No One's First... se rapproche plutôt de l'ambiance de Good News... : un rythme tranquille, un accompagnement instrumental relativement soft, un canevas indie travaillé et cohérent, et une recherche d'ambiance épurée et sans trop d'effets de style (si on omet les pitreries habituelles de Brock). Pas de hit potentiel à la "Float On" ou à la "Florida" pour relancer l'intérêt, néanmoins, il faudra donc encore une fois encaisser quelques tours de platines polis avant de fredonner les petits airs sans prétention que nous ont concoctés les Modest Mouse. Et dans ce registre, on ne sera pas déçu : chacun des huit morceaux présents se laisse déguster avec un plaisir certain, dégageant une élégance fantasque des plus réjouissantes. Que ce soit une gifle racée qui ménage sa petite montée en puissance ("Satellite Skin"), une perle pop délicate déposée au sein d'un écrin de guitares chatoyantes ("The Whale Song", merci Mr Johnny Marr), une marche de cirque aussi farfelue que déglinguée ("Perpetual Motion Machine") ou encore un bon vieux délire mi-folk, mi-manouche ("King Rat"), tout se tient et accroche impitoyablement le pavillon auditif. Et encore on ne vous parle pas des autres morceaux, plus discrets mais au moins aussi passionnants.
Bien sûr, les allergiques à Isaac Brock et à ses facéties braillardes passeront encore une fois (et sans regrets) leur chemin. Pour les autres, pas de soucis : c'est du bon. Du très bon, même. Et pour la suite, ne vous inquiétez pas : Brock a déjà composé l'essentiel du nouvel album à venir. Il n'y aura donc pas trop longtemps à attendre, mais ça nous laissera au moins le temps d'apprécier et d'écouter suffisamment cet EP, ou recueil de B-Sides, ou mini album... je ne sais plus. Bref, ce disque qui, s'il n'intégrera visiblement pas les opus "studio" du combo, n'en demeure pas moins tout à fait digne d'intérêt.