
Birth Control
Hoodoo Man
Produit par
1- Buy! / 2- Suicide / 3- Get Down to Your Fate / 4- Gamma Ray / 5- Hoodoo Man / 6- Kaulstoss


Avant que Scorpions n’intègre Uli Jon Roth et devienne le porte-drapeau du Hard-rock germanique, la scène allemande se composait d’une multitude de groupes moins affutés dans leur façon de composer, beaucoup plus marqués par les restes du psychédélisme mais également par la scène progressive Krautrock de façon plus ou moins importante selon les combos. Ainsi, si l’on excepte peut-être le premier album de Lucifer’s Friend (1970), on devra chercher du côté de ce qu’il convient appeler du Heavy-progressif pour trouver des groupes de hard-rock allemand dans les premiers temps des 1970’s, qu’on pense à Jane ou à Birth Control.
En 1972, le groupe en est déjà à son troisième opus et fidèle à son goût pour la subversion visuelle, il passe de la locuste anthropophage à l’immonde pondeuse lubrique à la poitrine faramineuse (je ne sais pas si l’objet planté dans le dos de l’homme décharné représente mécanisme à remonter pour repasser à l’acte ou un stérilet pour rester dans le thème du groupe). Cette pochette explique pour beaucoup le succès et la postérité de l’album, seule réelle percée de Birth Control durant leur longue carrière.
Musicalement parlant, ils ne nous dépaysent pas avec un Heavy-prog’ aux grosses orgues et à la guitare saturée, parfaitement indiqué pour les amateurs de Deep Purple et surtout d’Uriah Heep, quoiqu’ici le groupe se montre parfois plus inventif que sur l’album précédent avec l’usage de certains sons de claviers inattendus (le provocateur "Buy !" ou le délirant "Kaulstoss"). Le cousinage avec les voisins britanniques se dévoile sur le jazzy "Suicide", entre la basse chaloupée, la batterie tamisée et le solo de claviers purplien : il y a du "Lazy" sur celui-ci. Plus encore, le très bon "Get Down to Your Fate" est visiblement (auditivement ?) très inspiré par Uriah Heep : il n’en reste pas moins un grand moment de l’album, de même que le brutal "Hoodoo Man", morceau culte s’il en est, le plus progressif du lot d’ailleurs.
Seulement, encore une fois, le groupe a tendance à s’éparpiller et à trainer en longueur sans que cela ne soit forcément justifié par rapport à ce qu’ils nous proposent. Les presque dix minutes de "Gamma Ray" sont souvent entrainantes, mais le titre s’allonge en véritable jam, solo de percussions compris : comme souvent, l’effet est garanti sur scène, mais fait courir le risque du décrochage sur album. Avouons que c’est une limite assez mince et qu’à l’heure du bilan, Hoodoo Man envoie quand même son pesant de rock teuton.
Si la couverture vous indispose (comment serait-ce possible ?!), laissez-vous tout de même tenter par ces quelques mots et parcourez un bout de chemin dans l’histoire incroyable du rock allemand des 1970’s hors-Krautrock : elle a accouché d’œuvres improbables.
A écouter : "Get Down to Your Fate", "Hoodoo Man"