
The Temperance Movement
A Deeper Cut
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Peut-être que dans le futur, quand ils parcourront les années 2010’s (si la chronique rock existe toujours), les chroniqueurs tomberont sur The Temperance Movement comme nous savourons certains groupes brillants mais oubliés des décennies précédentes, en se disant qu’il s’agissait là d’une excellente formation de la scène revival moderne au destin écourté. Il me semble qu’en effet, la brièveté de leur carrière les condamne à sombrer petit-à-petit dans l’oubli (sauf résurrection inopinée), la faute au départ du chanteur Phil Campbell pour d’autres aventures.
Mais lesdits chroniqueurs se diront peut-être aussi que le bateau était déjà en train de chavirer lorsqu’était venu le temps de franchir le seuil décisif du troisième album et que le groupe trébucha.
Après deux albums brillants, A Deeper Cut fut hélas une véritable déception dont les limites sont honteusement cachées par l’ouverture réussie, durant laquelle se succèdent l’entraînant "Caught in the Middle" suivi du recommandable "Built-In Forgetter", qui emprunte son riff aux Black Crowes (une référence du groupe depuis ses débuts), et du plus convenu "Love and Devotion" (auquel on pourrait joindre "The Way It Was And the Way It Is Now", tout aussi conventionnel). On retrouve là l’identité du groupe et les deux premiers morceaux sont vraiment enthousiasmants. Sauf que …
À partir de là, l’album prend une très mauvaise direction et sombre dans une mièvrerie dégoulinante. Rien n’est épargné au sein des pires clichés de la Dixie-pop, que celle-ci soit folk ("A Deeper Cut") ou enrobée de piano ("Children"), désespérément ennuyante ("Another Spiral"), ou qu’elle vienne gâcher le riff plutôt bien trouvé de "Beast Nation" avec un refrain en pralines. Même Taylor Swift n’aurait pas osé.
N’étant pas à une compromission près, The Temperance Movement s’élance dans le pire du rock radiophonique avec le duo final "There’s Still Time" / "The Wonders We’ve Seen", des compositions incompréhensibles venant d’eux et du plus mauvais goût. On est presque rassuré quand la guimauve est troquée pour le manque d’inspiration, avec "Higher Than the Sun" qui s’en sort à peine mieux que les titres suscités sur le refrain ou "Backwater Zoo", au piano de saloon digne de JJ Cale, mais sans inventivité.
A Deeper Cut aurait-il dû être interprété comme un signe du mauvais état du groupe ? Difficile à dire puisque Phil Campbell ne quittera le navire que deux ans plus tard. Peut-être n’était-ce alors qu’un faux pas … Avec la disparition du combo, nous n’aurons hélas jamais le plaisir de savoir s’il s’agissait d’une simple erreur de parcours ou d’une transition stylistique malheureuse, à moins d’un retour aux affaires inattendu.
À écouter : "Caught in the Middle", "Built-In Forgetter"
