
DIIV
Is The Is Are
Produit par
1- Out of Mind / 2- Under The Sun / 3- Bent / 4- Dopamine / 5- Blue Boredom / 6- Valentine / 7- Yr Not Far / 8- Take Your Time / 9- Is the Is Are ? / 10- Mire / 11- Incarnate Devil / 12- (Fuck) / 13- Healthy Moon / 14- Loose Ends / 15- (Napa) / 16- Dust / 17- Waste of Breath


Après avoir un premier disque remarqué en 2012, DIIV semblait prendre la route du projet mort dans l’œuf, ou du moins à peine éclot. Le processus d’écriture et d’enregistrement fut chaotique, mais Is The Is Are ? est pourtant là, dans nos bacs depuis le mois de février. S’il ne marque pas une évolution majeure, ni même un réel quelconque progrès, ce second opus arrive quand même à se maintenir dans les mêmes eaux que le premier. Et franchement, c’était pas gagné.
Il faut dire que c’est difficile de se remettre au travail quand le projet repose essentiellement sur les épaules d’un mec aux penchants héroïnomanes. Car si DIIV existe bien en tant que groupe, son leader et créateur Zachazy Cole Smith en est le principal moteur. Son arrestation en 2013 en possession de drogue l’avait conduit à une assez courte désintoxication de deux petites semaines, à peine un an avant que n’éclate la polémique autour des propos racistes et sexistes tenus par son bassiste Devin Ruben Perez sur internet. Quelques mois plus tard encore, c’est le batteur Colby Hewitt qui déraille et quitte le navire, lui aussi pour des histoires de drogue. Finalement, les matelots ne sont pas vraiment plus raisonnables que le capitaine.
Fort heureusement, Smith est un boulimique de la création et passe son temps à écrire et composer. Ce qui explique peut-être les 17 pistes de l’album et sa durée, plus d’une heure. Et ce n’est pas plus mal de se dire qu’après quatre singles révélés a priori, on a finalement fait qu’effleurer la surface de Is The Is Are ?. Un album très marqué par ce que Smith et le groupe ont vécu depuis la sortie de leur premier disque et leur changement de statut, c’est Smith lui-même qui le dit et c’est assez inévitable, mais tous ces chamboulements ne se ressentent malgré tout vraiment que dans les textes et les thèmes abordés. Sa relation avec la drogue dans "Dopamine", qu’il aborde aussi légèrement dans "Valentine" alors qu’on peut imaginer que la chanson se dédie plutôt à une femme, sa mélanco-dépression solitaire dans "Is The Is Are ?", mais tout ça reste assez flou et abstrait et c’est là l’un des problèmes de DIIV. On imagine que tout ceci a du sens. Ou du moins on l’espère. Mais la façon très imagée qu’a Smith de s’exprimer dans ses chansons, qui sont en plus chantées de très loin avec une voix un peu dans les nuages, ne permet pas vraiment d’en identifier le sens. Alors oui, l’abstrait c’est aussi la possibilité pour chacun d’y voir ce qu’il veut y voir, c’est laisser l’interprétation à celui qui écoute, c’est vrai. Mais il n’empêche que sur ces 17 nouvelles chansons, DIIV ne raconte rien de cru, rien de vrai.
Tout au long de ces 17 morceaux, DIIV nous enveloppe dans un grand nuage bleu avec ses mélodies aériennes et son rythme volontairement monotone. Is The Is Are ? démarre de façon assez dynamique avec "Out Of Mind" et ses petits coups de baguettes claquants en l’air en guise d’introduction. Le touché légers de la guitare, qui mélange lead et arpège et ne jouera jamais véritablement en accord sur l’intégralité du disque, participe à ce côté planant et surréaliste de la patte sonore de DIIV, qui parvient à créer une sorte de petit monde à lui dans lequel toutes les chansons sont cohérentes. Cohérentes, au point de se ressembler beaucoup. Et c’est là le second problème de DIIV. Les 17 pistes de Is The Is Are ? ne se détachent pas vraiment beaucoup les unes des autres. On finit par remarquer la petite expérimentation noise de "Bent", et "Blue Boredom" arrive comme une bouffée d’oxygène d’originalité avec la voix féminine de Sky Ferreira et un jeu de basse un peu plus évolué que sur le reste du disque. Mais ces petites sorties de pistes se comptent sur les doigts d’une main et sur une heure d’écoute, les mélodies qu’on apprécie tant chez DIIV finissent par toutes se mélanger et devenir lassantes.
Finalement, Is The Is Are ? ressemble à une longue journée où toutes les heures se ressemblent un peu, ou on ne fait pas grand-chose, on traîne, mais où en se couchant le soir on est quand même content d’avoir pu se reposer un peu. Elles sont bien ces journées. Et Is The Is Are ? est bien lui aussi. Mais quand on ne vit que comme ça, on ne fait rien. On n’avance pas. Et DIIV non plus.
A écouter, quand même : "Out Of Mind", "Blue Boredom", "Incarnate Devil" et "Loose Ends"