
Choochooshoeshoot
Playland
Produit par
1- You're Welcome / 2- Victory For The Bag / 3- Greenhouse / 4- Shameless Lechery / 5- Ground Switch / 6- Daz Bees / 7- Itchy Weather / 8- Coming


C’est à se demander ce qu’il se passe en terre nantaise. Quelque chose dans l’eau ? Un temple secret voué au culte de Shellac, de Jesus Lizard et de la noise qui tabasse ? Toujours est-il que, quelques semaines à peine après le grand retour d’un Fordamage en pleine forme, c’est maintenant Choochooshoeshoot qui se rappelle à notre bon souvenir, via une sortie conjointe par plusieurs cadors français du rock intelligent : Kythibong, Rejuvenation et A Tant Rêver Du Roi. Quatre ans déjà se sont écoulés depuis la sortie du premier – et jusqu’à présent unique - disque du groupe, Choose Your Own Romance, un opus bruitiste parfois brouillon mais ô combien efficace et attachant. Quatre années qui ont vu le combo mûrir et surtout s’offrir un changement de personnel clé avec une nouvelle frontwoman en la personne de Caroline Blanchet, également active au sein de Pa-tri-Cia.
Si le groupe confirme d’emblée sa maîtrise technique et sa capacité à monter musicalement très haut dans les tours, alternant riffs complexes et cassants, c’est surtout le chant, entre talk rock et grosses crises d’énervement, qui marque l’auditeur à la première écoute. La production, signée Miguel Constantino (remarqué également pour son boulot avec Papier Tigre et Papaye), évite savamment toute fioriture, place le chant en première ligne et donne un aspect globalement aride et linéaire à Playland.
Cette approche abrupte, qui mêle rythmes saccadés, riffs rentre-dedans et jeu de batterie particulièrement sec, donne souvent l’impression d’une machine noise rock infernale et inarrêtable. Tant pis si l’aspect mélodique passe trop souvent à la trappe et si l’album dégage un aspect monolithique parfois un peu trop ennuyeux. Car mis à part "You’re Welcome", intro faussement brouillonne, "Ground Switch" et son approche plus fine et planante ou "Coming", qui calme enfin l’affaire en fin d’album, force est de constater que les Nantais s’occupent surtout de servir un noise rock furieux et de prendre l’auditeur d’emblée à la gorge, quitte à oublier d'explorer les possibilités que leur offre leur talent pourtant ostensible.
Une formule efficace, vraisemblablement taillée pour la scène mais qui, même si elle permet d'entrevoir de très belles choses, laisse au final un léger goût de trop peu. Séduisant mais impatient, c’est sans doute là l’étrange paradoxe de ce Playland. Cela suffira-t-il à Choochooshoeshoot pour prêcher au-delà des terres déjà converties ?