
Dinosaur Jr.
I Bet On Sky
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1- Don't Pretend You Didn't Know / 2- Watch the Corners / 3- Almost Fare / 4- Stick A Toe In / 5- Rude / 6- I Know It Oh So Well / 7- Pierce The Morning Rain / 8- What Was That / 9- Recognition / 10- See It On Your Side


Certains  groupe possèdent une classe inaltérable, irrésistible. Ainsi en est-il  de Dinosaur Jr\. , ce vieux reliquat des années 80 ayant grandi dans  l’ombre de Sonic Youth et des Pixies tout en donnant la becquée aux  chantres du grunge et de l’indé de la décennie suivante, ce monstre  tranquille qui a réussi, tout seul dans son coin et l’air de rien, à  jeter les bases de l’alternatif, du noisy et de la power pop tout à la  fois (mais pas en même temps), ce trio indispensable mais pour autant  bien moins connu que ses enfants terribles, porté la dichotomie  stupéfiante entre des guitares opulentes gavées au feedback et la voix  atonale, éteinte, détachée de J Mascis, cette formation unique qui a  même réussi à ne pas foirer son come back après un hiatus de près de dix  ans. C’est un fait : chaque retour du dinosaure est en soi un petit  événement que tout amateur de rock digne de ce nom se doit de fêter sans  réserve.
La  livraison 2012 de Dinosaur Jr\. ne déroge pas à la règle d’une  discographie irréprochable au sein de laquelle on ne retrouve aucune  brebis galeuse. Par rapport à ses deux prédécesseurs les plus récents, I  Bet On Sky ose explorer des sentiers un peu moins bruyants que les  décharges soniques auxquelles nous étions habituées. A l’image d’un  "Don’t Pretend You Didn’t Know" pondéré, déroulant une prégnance  évidente sur ses enchaînements d’accord moulinés en boucle, le disque ne  bouscule que rarement l’auditeur, préférant l’enlacer dans une torpeur  électrique que viennent déranger les soubresauts solistes d’un Mascis  officiant en guise de sorcier camé. On imagine que les velléités  d’indépendances du rondouillard chevelu grisonnant, fort d’un premier  véritable album solo réalisé l’an passé, ont dû peser lourd dans la  fournée actuelle du colosse jurassique. "Watch The Corners" s'égrène ainsi  placidement au rythme des éraillements misérables du frontman sur fond  de fuzz ouvert à bloc : simple, propre, efficace. Tout se résume à ça :  ce dixième disque ne bouscule pas foncièrement nos habitudes, on troque  juste un peu d’énergie pour un peu de mélancolie. Les compos du compère  Barlow réinjectent néanmoins quelques shoots d’adrénaline bien sentis  ("Rude", rock n’ roll comme il faut, ou encore le plus retors  "Recognition") tandis que JM régale nos oreilles de ses solis si  particuliers ("Stick A Toe In", long et tortueux) ou de giclées de  wah-wah gloutonnes ("I Know It Oh So Well"), pour nous sortir par  surprise un rush quasi-punk plus gras que tout ce que le grunge a pu  nous offrir ("Pierce The Morning Rain"). On regrettera juste un "Almost  Fare" trop convenu : un groupe de ce niveau ne peut pas, ne doit pas se  contenter d’un morceau aussi quelconque.
On  pensait que la reformation du dino allait tourner court, que les  querelles entre J Mascis et Lou Barlow allaient reprendre le dessus, que  la lassitude allait poindre. Erreur : ce n’est en tout cas pas encore  cette fois-ci que l’on enterrera le trio d’Amherst. I Bet On Sky n’est  certes pas le meilleur disque de Dinosaur Jr\. , mais pour un groupe de  cette trempe, même un disque considéré comme mineur doit pouvoir trouver  preneur sans aucune hésitation. Certaines choses sont faites pour durer, et c'est bien.
























