
Sleeping Pulse
Under The Same Sky
Produit par
1- Parasite / 2- Gagging Order / 3- Backfire / 4- The Puppeteer / 5- Foreign Body / 6- The Blind Lead the Blind / 7- Painted Rust / 8- Noose / 9- War / 10- Under The Same Sky


Il y a 10 ans, Mick Moss s’affranchissait d’Antimatter pour fonder avec le guitariste Luis Fazendeiro (issu du groupe Painted Black) un autre duo du nom de Sleeping Pulse. De cette collaboration éphémère, où Moss se concentre uniquement sur l’écriture des paroles et le chant, et où le Portugais prend à sa charge toute la composition de la musique, ne subsiste qu’un seul album, mixé et masterisé par Daniel Cardoso (ancien membre du groupe Anathema).
Reposant sur l’interprétation toujours impeccablement sensible et profonde de Moss, Under the Same Sky est un album oscillant entre riffs puissants et ballades acoustiques plus fragiles et délicates, toujours orientées autour d’une inspiration très mélancolique, pour ne pas dire profondément déprimante. Les habitués d’Antimatter le savent, la musique de Moss ne respire pas la joie de vivre et ce nouveau projet s’inscrit dans la droite lignée du groupe fondé avec Duncan Patterson, abordant la question de la manipulation mentale et la violence au cœur de la condition humaine. La signature sonore de Sleeping Pulse, c’est le jeu permanent des contrastes entre douceur mélancolique et sursauts rageurs, synonymes de crescendos particulièrement bien amenés à l’instar de l’introductif "Parasite", qui constitue un modèle du genre. Point fort de l'album, les textures de guitares de Fazendeiro sont très travaillées et permettent de porter des mélodies aussi désespérées qu’envoûtantes tout en déclinant une certaine variété aux atmosphères des différentes compositions. On se laisse aussi bien porter par les arpèges évanescents de "The Puppeteer" dont le pathos se voit renforcé par un violon mélancolique et des chœurs féminins de toute beauté, que par les riffs métalliques véhéments de "Noose" qui relâchent toute l’agressivité latente ou l'enchevêtrement de boucles de guitares et de claviers sur fond de rythmique tribale avec "Painted Rust".
Mais c’est bien évidemment la signature vocale de Moss, à la gravité toujours aussi poignante et juste, que ce soit dans l’intimité acoustique du douloureux "Backfire", dont la force dramatique rappelle les plus belles ballades d'Anathema, que dans l’intensité électrisante du refrain de "Foreign Body". Son interprétation habitée donne du corps à la ballade pleine de douceur "The Blind Lead The Blind" et ses changements de registre enrobent les ambiances changeantes du titre "Gagging Order" d'abord de sa voix trafiquée et plaintive, jusqu’au lyrisme affirmé du refrain porté par son vibrato caractéristique. C’est certainement sur "War" que Mick Moss livre sa performance vocale la plus forte, atteignant une forme de paroxysme émotionnel déchirant en phase avec le thème du titre avant de clôturer l'album de manière plus douce.
De ce One Shot, qui rappelle à bien des égards la collaboration entre Bruce Soord et Jonas Renske sur Wisdom of Crowds (même répartition des rôles, même orientation mélancolique), on retiendra la noirceur sensible et hypnotisante de l'opus avec une orientation un poil plus heavy que ce que Mick Moss a l'habitude de proposer. Une inspiration qui lui permettra quelques années plus tard de sortir son chef d’œuvre sous le nom d'Antimatter : Black Market Enlightenment. Pour ceux qui n'ont pas peur de l'obscurité...