
Lynyrd Skynyrd
The Last Rebel
Produit par Barry Beckett
1- Good Lovin's Hard to Find / 2- One Thing / 3- Can't Take That Away / 4- Best Things in Life / 5- The Last Rebel / 6- Outta Hell in My Dodge / 7- Kiss Your Freedom Goodbye / 8- South of Heaven / 9- Love Don't Always Come Easy / 10- Born To Run


Les esprits chagrins ont eu bien des raisons de ne pas ménager la reformation de Lynyrd Skynyrd : le simple fait que le groupe des 1990’s n’était plus le même que celui qu’il était avant la tragédie, sa tendance à devenir un tribute-band lors des concerts (mais l’expérience laisse supposer que ça aurait été le cas même sans le crash, regardez les Rolling Stones), et un retour en studio un peu trop convenu avec Lynyrd Skynyrd 1991.
Seulement, la nouvelle mouture du groupe en voulait, au point d’entrer en studio dès 1992 afin de proposer un second volet à cette nouvelle aventure. En 1993, The Last Rebel, avec sa référence explicite au passé sécessionniste, est dans les bacs et peut en toute objectivité, sauf mauvaise foi, convaincre les plus réfractaires qu’il y a du bon dans ce second âge de Lynyrd Skynyrd.
Deux compositions s’imposent incontestablement comme de petits chefs-d’œuvre sudistes, se permettant même de renouer avec la tradition des hymnes, sans pourtant reprendre la structure d’un "Free Bird". Depuis les marécages de la Louisiane ou les sentiers poussiéreux de l’Alabama, "The Last Rebel" poursuit sa route au son de la voix rocailleuse de Johnny Van Zant, des longues notes de guitares se perdant dans la brume. "Born to Run" dévoile les caractéristiques d’un rock sudiste à la fois traditionnel et modernisé, jusqu’à s’achever sur un final instrumental aussi impressionnant au piano (Powell se transcende ici) qu’il l’est aux guitares.
A côté de ces démonstrations de force, les titres plus courts sont également de bonne facture : "One Thing", dont le riff n’est pas sans évoquer Ted Nugent, surprend par son pont apaisé, "Outta Hell in My Dodge" multiplie les marronniers sudistes (chœurs gospel, rythme heurté, piano saloon, bottleneck), "Kiss Your Freedom Goodbye" déverse son swing inimitable et "South of Heaven" suinte le vieux blues saturé à la ZZ Top. Une bonne collection de morceaux qui témoigne des efforts louables de Lynyrd Skynyrd sur cet album.
Un bémol peut-être, on adhère moins aux côtés cuivrés de "Good Lovin’ Hard to Find" ou "Best Thing in Life", qui ne manquent certes pas d’énergie, contrairement aux ballades folks un peu mièvres "Can’t Take That Away" et "Love Don’t Always Come Easy". Ce sont néanmoins deux penchants assez classiques du Southern-rock au point d’être presque incontournables : ils pourront donc convenir aux amateurs du genre.
Si vous faites partie de ceux qui sont persuadés qu’après 1977, Lynyrd Skynyrd ne vaut pas une heure de peine, et si donc vous n’avez pas écouté (ou de façon trop superficielle) The Last Rebel, laissez une nouvelle chance aux vétérans du rock sudiste. Tendez la main au dernier rebelle pour sa dernière chevauchée, une de plus pour la route.
A écouter : "The Last Rebel", "Born to Run", "One Thing", "South of Heaven"