
Mountain
Climbing!
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1- Mississippi Queen / 2- Theme For An Imaginary Western / 3- Never In My Life / 4- Silver Paper / 5- For Yasgur's Farm / 6- To My Friend / 7- The Laird / 8- Sittin' On A Rainbow / 9- Boys In The Band


A Woodstock, la diversité musicale était de mise ; du blues-rock de Ten Years After aux atmosphères créoles de Santana. Mais ceux qui pensent que l’ambiance musicale générale était à l’image du public, c’est-à-dire entre patchouli et flower-power, ont sûrement oublié un des groupes les plus puissants de l’époque : Mountain.
A la fin des années 1960 et au tout début des années 1970, question hard-rock, on a rarement atteint une telle robustesse. Surtout aux Etats-Unis, puisque cette nouvelle scène saturée trouve ses premiers développements au Royaume-Uni (si Deep Purple et Led Zeppelin vous parlent) ; quand bien même une école américaine dérivée du rock psychédélique faisait ses premières armes (Josefus, Grand Funk). Mais les fondateurs, ceux du « proto-hard », sont bien anglais. Parmi eux, il y a Cream, dont le trio newyorkais est absolument fan. Leslie West, guitariste virtuose et chanteur de Mountain, clame son amour pour le combo anglais, si bien qu’on trouve dans ce premier album, Climbing !, une reprise – époustouflante - de "Theme for an Imaginary Western" de Jack Bruce (le bassiste de Cream, sur son album solo Songs for a Talor – 1969). Le bassiste du groupe, Pappalardi, avait d’ailleurs travaillé sur Disraeli Gears.
La force de Moutain vient d’une saturation absolument exacerbée pour l’époque, un vrai ouragan de guitare électrique, maîtrisée à merveille par un musicien qui parvient à ne jamais sacrifier la précision et la mélodie sur l’autel du gros son. Le risque d’être brouillon était élevé : il est toujours évité. De même, le chant de Leslie West est rocailleux et volontiers hurleur, chose rare en 1970.
Ainsi, on trouve des titres de hard-rock mémorables comme le fameux "Mississippi Queen" au riff intense, "Never in my Life" - à la batterie fracassante – qui suinte le groove, le tubesque "Sittin in the Rainbow". Ces titres, souvent brefs (comme l’album d’ailleurs), sont tous resplendissants et donnent au hard-rock américain ses lettres de noblesse.
Il y a bien sûr quelques passages marqués par les 1960’s comme le folky "To My Friend" (dans la veine des titres de Led Zeppelin quand le groupe donnait dans ce type de morceaux), ou "The Laird" qui propose un univers psychédélique bluesy et indien (effets de cithare). Ce sont les moments les moins époustouflants de Climbing !.
Enfin, il y a cette structure qui est une marque de fabrique du groupe : un passage assez calme avec des claviers qui allongent les notes, qui sont contrebalancés par une partie très heavy. On le trouve un peu sur "Silver Paper" à la sauce Allman/celte, mais surtout dans l’excellent "For Yasgur’s Farm". Les couplets mêlent orgue et arpège plein d’effets, avec un chant clair, et contrastent avec un refrain unificateur et rugueux. Il anticipe l’esthétique de leur second album, Nantucket Sleighride …
Climbing ! est une des participations aux premiers temps du hard-rock les plus remarquables de la part des Etats-Unis, et Mountain est un groupe tristement négligé. Un affront à réparer : vous avez une demi-heure (32 minutes, pour être exact).