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Simone Choule
EP
Produit par
1- You Cheap Little Slut / 2- Bathyscaphe / 3- Black Page / 4- Asphalte / 5- Lithops

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Comme le Label Rouge pour les mangeurs de cuisses de volailles, ou la mention "18 ans d'âge" pour les amateurs d'une certaine eau de vie d'orge maltée, voir apposée la signature Antistatic sur une production issue de la région toulousaine est depuis un petit moment devenu un gage de qualité pour une bonne tranche d'audiophiles en herbe. Il faut dire que les groupes qui gravitent autour du collectif ont depuis longtemps acquis un certain prestige dans le paysage musical. Ces types sont tellement hors normes, que même quand ils se lancent dans des projets parallèles, ils arrivent encore à nous surprendre. C'était déjà le cas avec Agora Fidelio, aujourd'hui, préparez-vous à accueillir Simone Choule.
A voir sur le papier, le groupe a tout d'un jam entre potes qui aurait plutôt pas mal tourné. Une sorte de bœuf version toulousaine, de passe temps pour le reste de Psykup pendant que Milka, un des chanteurs, se prélassait sous le soleil californien pour l'enregistrement d'un autre side-project (My Own Private Alaska), ou d'éclate de fin de soirée entre musiciens de différents combos (Psykup, Agora Fidelio, Aeria Microcosme et Manimal) qui aurait très bien pu rester au fin fond d'une cave enfumée. Mais heureusement pour nous, les quatre énergumènes de Simone Choule ont décidé de graver tout ça dans les sillons. Comme pour laisser une trace de cette alchimie musicale qui éclate sur les cinq pistes de ce premier EP et qui surprend dès la première écoute. A croire que Ju, Tistou, Pelo et Brice préparaient leur coup depuis un petit moment.
Largement inspiré d'un film de Polanski (Le Locataire - 1976) aussi bien dans le nom choisie par la formation, que dans l'artwork très abouti du disque (autre habitude du collectif), chaque morceau est à l'image du chef d’œuvre cinématographique. Comme une lente escalade vers la folie. Avec ses alternances de moments de lucidité limpides et de crashs complets de l'esprit version psychose démentielle ("You Cheap Little Slut"). Avec ses divagations hallucinatoires ("Bathyscaphe", "Asphalte") et ses poursuites introspectives sous acide ("Black Page"). Jusqu'au moment de finalement lâcher prise. Accepter de sombrer. Comme une longue chute sans terrain d'atterrissage, une plongée en eaux troubles sans moyen remonter à la surface ("Lithops"). Le tout sous l'impulsion de Ju, jouant de sa voix avec une dextérité chirurgicale pendant que les paysages sonores défilent à toute vitesse dans nos oreilles, portés pas une production aussi monstrueuse qu'oppressante. Le réveil est délicat, âpre. La folie appelant la folie, la rechute ne peut être qu'immédiate. Tout simplement le truc le plus dangereusement bandant et angoissant de la rentrée.